La nuit, Frédéric Jaccaud

Les livres oubliés de Ge

Le livre : La nuit de Frédéric Jaccaud. Paru le 21 mars 2013 chez Gallimard dans la collection Série Noire. 21€90. (450 p.) ; 23 x 16 cm
4e de couv 

La nuit

Tromso, une ville tout au nord de l’Europe où le soleil reste sous l’horizon neuf mois par année. Une civilisation au bord de l’éclatement, confrontée à la sécheresse désolante d’un désert de glace. Des hommes et des femmes s’y croisent, s’aiment, s’ignorent et s’entre-tuent, alors que le monde sombre avec lenteur.

Karl, vétérinaire urgentiste, écrivain raté, paranoïaque et alcoolique ; Lucie, une jeune militante pour un groupe de libération des animaux domestiques ; Gjermund, le professeur de mathématiques qui collectionne des jouets tirés des poubelles ; Maze et Dix, couple improbable et sanguinaire ; Henry, ancien employé de la Svalbard Global Seed Vault ; Arminius et Sigimer, deux flics de cinéma ; Aleksy, le hacker amoureux du chaos ; quelques misérables parmi tant d’autres.

À l’approche de l’aube, qui – des terroristes, des bébé-bombes, des hommes simples, des golems géants de lumière, des puissants, des militants, des trafiqueurs de réalité – mettra un terme à cette interminable nuit culminant au-dessus de ces destins froissés ?

L’auteur : Frédéric Jaccaud est né à Lausanne en Suisse , le 20 janvier 1977. Conservateur de musée, il perd son temps nocturne à écrire. Il est titulaire d’une licence ès Lettres et d’un master en littérature française. Depuis 2005, il publie régulièrement des articles critiques sur les littératures de genre dans différentes revues et tient une chronique régulière sur des œuvres oubliées traitant de voyages imaginaires, d’utopies et de science-fiction. Il est l’auteur de Monstre (2010), La Nuit (2013), Hécate (2013), Exil (2016). Son premier roman, « Monstre (une enfance) » (2010), décrit la genèse et l’agonie d’un tueur en série. « Glory Hole » (2019), son cinquième roman, remporte le Prix du polar romand 2019.
Extraits :
« Le hacker relut son texte.
« De par sa position excentrique, Tromso jouit d’un certain prestige car, depuis un siècle, elle porte le titre pompeux d’agglomération insulaire la plus au nord du monde ; en exceptant les rares villages dévastés par le froid et l’alcool, les goulags, les laboratoires scientifiques et quelques légendes.
Global Position — sur la frange de la Terre, aux portes du cercle Arctique, un lieu antique, infernal en quelque sorte.
Trois mois par an, le soleil flotte dans le ciel, immuable, de jour comme de nuit ; le reste du temps, la ville est plongée dans un abîme nocturne, condamnée à observer le scintillement de l’astre solaire sur l’horizon. Elle attend dans le froid son retour prochain, neuf mois plus tard. La pâleur des habitants de Tromso n’a d’égal que leur lassitude — un défaitisme hérité de leurs ancêtres, attendant sans aucune révolte la fin de la nuit, et, pour les plus vieux, la lente conclusion d’une vie hibernée. »
Le jeune homme se pencha contre son écran ; les mains levées au-dessus du clavier, il voulut modifier la tournure d’une phrase, mais abandonna aussitôt.
« À l’est, un pont construit après la Seconde Guerre mondiale rattache l’île de Tromso au continent. L’autoroute s’engouffre dans un tunnel sous-marin. Ces deux uniques axes de béton, l’un aérien, l’autre souterrain, l’ancrent au monde réel comme deux griffes désespérées et l’empêchent, disent les plus jeunes qui économisent pour partir s’établir ailleurs, de dériver dans le royaume des glaces — parce que cette terre, noyée de nuit, compose la préface d’un univers de gel, de désolation, d’où la joie est absente.
Les axes routiers ne parviennent pas à joindre véritablement deux univers séparés par un bras de mer large de un kilomètre, si bien que la ville, dans une tentative risible d’annexion, déborde sur le continent, gangrenant la côte d’immeubles, de bureaux et de centres commerciaux, d’hôtels, de parcs d’attraction, d’entrepôts. L’autoroute E8, qui prend sa source au fin fond du continent, vient mourir abruptement — après avoir traversé des milliers de kilomètres de forêts, de plaines dévastées, longé la mer — en face des bâtiments en briques rouges de l’université. Quelques milliers d’étudiants s’agrègent chaque année sur le campus pour parfaire leurs connaissances sur l’environnement polaire, l’océanographie ou l’histoire de peuplades aujourd’hui disparues pour s’être entêtées à vivre dans une région hostile à l’homme. »
Dans sa cage en verre, le lézard s’agita. Son corps fut pris d’un violent spasme. L’homme quitta l’écran des yeux et observa son animal de compagnie. Il lui dit — Calme-toi. Il est bientôt l’heure — je te donnerai de quoi manger. Il se replongea ensuite dans sa lecture. »
« Lucie se leva et entra dans la petite salle de bains attenante à la chambre. Sa silhouette se découpa rapidement dans le chambranle ; comme une esquisse, des lignes, des courbes, le tracé net de ses cheveux caressant le sommet de ses fesses ; ses talons jeunes et roses paraissaient flotter dans les airs parce qu’elle marchait sur la pointe des pieds, poussant la coquetterie jusqu’à enfiler des chaussures à talons invisibles.
Derrière le lit, de l’autre côté de la paroi, quelqu’un sifflait pour faire cesser les ronflements grotesques de son partenaire.
Lucie avait façonné une boule imparfaite au moyen de plusieurs feuilles de papier hygiénique. On aurait dit une jeune mariée malheureuse, poussée à l’acte par un événement inattendu et encore indécelable de l’extérieur. Elle agita devant elle le bouquet de feuilles molletonnées. Le néon de l’armoire à pharmacie accrochée au-dessus du lavabo projetait des ombres bleues sous ses formes légères. Karl alluma une cigarette. Lucie hocha la tête. Elle détestait l’haleine des fumeurs — On a l’impression d’embrasser un cendrier ! mais Karl lui répondait chaque fois qu’elle devait s’habituer à cette odeur, parce que c’était un avant-goût d’urne funéraire. »

 

Le post-it de Ge

 

Je n’ai pas pu entrer dans ce livre. Et je le regrette !

Mais alors que nous raconte « La nuit »

Tromso, une ville du Nord de l’Europe, civilisation au bord de l’éclatement, confrontée à la sécheresse désolante d’un désert de glace. Sur fond de complot illusoire, des personnages se croisent, s’aiment et s’affrontent. Il y a Karl, vétérinaire paranoïaque et alcoolique, Lucie, jeune défenseuse des animaux, Gjermund, professeur de mathématiques, Maza et Dix, couple improbable, et bien d’autres.

Et oui je n’ai pas pu entrer dans ce livre.

Pourtant ce roman noir avait tout pour me plaire, les thèmes abordés tout d’abord qui dénonce la société de consommation, la corruption, les marchands de rêves et puis ces personnages qui veulent changer les choses, changer leur destin, le dérèglement climatique aussi… Le cadre et le décor avaient eux aussi tout pour me réjouir :  une ville tout au nord de l’Europe près du pôle nord, une région hostile à l’homme, la nuit polaire et les aurores boréales aussi

Mais voilà je n’ai pas accroché, trop noir pour moi sans doute. Trop déprimant peut-être, L’écriture est pourtant belle, onirique parfois. Oui mais j’avais beau m’accroché à ma lecture, je n’adhérais pas à l’histoire, pire je me perdais dedans. Peut-être un texte trop ambitieux pour moi. Peut-être pas la bonne période pour le lire. Je ne saurais pas vraiment dire

Je ne sais même pas ce que je n’ai pas aimé.  J’ai lu un tiers du bouquin péniblement mais j’ai fini par lâcher l’affaire, j’en ai mal à la tête d’avoir voulu continuer ma lecture à tout prix. Puis j’ai repris l’affaire afin de le terminer, je ne voulais pas donner mon avis avant de l’avoir lu en entier… mais rien n’y a fait, ça ne devait pas être le bon moment pour le lire.

Cependant je suis certaine que ce polar mâtiné de SF pourra plaire à d’autres lecteurs moins obtus que moi sur ce coup-là !

 

 Autre citation :
« Le maigre ne put s’empêcher de penser au désœuvrement de la population ; à son absence de désir. Ni machine molle ni animal désirant, l’homme du peuple vivait comme une amibe ; contraint par le code interne à survivre et se reproduire. »

Lu dans le cadre de 3 défis littéraires :

 

– Challenge Thriller et polar 2023- 2024 chez Sharon 

  le tour du monde en 80 jours chez Bidib (Angleterre)

 Le mois du polar février 2024 chez Sharron

 

 

32 réflexions sur “La nuit, Frédéric Jaccaud

  1. On doit chanter normalement, on lira les paroles des chansons. Ah mais faut toujours sur moi que ça retombe les solutions à trouver. 😂🤣

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  2. ça arrive qu’on passe à côté d’un livre qui a pourtant tout pour nous plaire… tu as été courageuse de le lire jusqu’au bout ! du coup je passe mon tour et je suis d’accord avec Belette, merci pour nos PAL ! 😉

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  3. Ça peut arriver des rendez-vous manqués Dame Geneviève. Ma whislist refait des cabrioles. 🤣 Je crois qu’elle a un peu trop abusé de substances illicites. Merci à toi pour la chronique 🙏 😘

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