Lady astronaute Vers les étoiles, Mary Robinette Kowal

Le livre : Lady astronaute Vers les étoiles de Mary Robinette Kowal ; traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Patrick Imbert. Paru le 7 octobre 2020 chez Denoël, Lune d’Encre. 24€. (546 p.) ; 21 x 14 cm. Réédité en poche en Folio  SF, n° 714 le 6 octobre 2022. 9€90. (566 p.) ; 18 x 11 cm

4e de couv :

Une femme. Une mission. Sauver le monde.

  1. Une météorite s’écrase au large de Washington, dévastant une grande partie de la côte Est des États-Unis et tuant la plupart des habitants dans un rayon de plusieurs centaines de kilomètres. Par chance, Elma York et son mari, Nathaniel, en congé dans les Poconos, échappent au cataclysme et parviennent à rejoindre une base militaire.

Elma, génie mathématique et pilote pendant la Seconde Guerre mondiale, et Nathaniel, ingénieur spatial, tentent de convaincre les militaires que la météorite n’a pu être dirigée par les Russes. Mais, ce faisant, ils découvrent que la catastrophe va dérégler le climat de manière irréversible et entraîner, à terme, l’extinction de l’humanité.

Seule issue : l’espace. Une coalition internationale lance un programme spatial de grande envergure… inaccessible aux femmes. Elma compte pourtant bien y prendre part et devenir la première Lady Astronaute.

Récit d’une conquête spatiale digne de L’Étoffe des héros, Vers les étoiles a reçu les prix les plus prestigieux de la science-fiction.

 

L’auteure : Mary Robinette Kowal est née le 8 février 1969 à Raleigh en Caroline du Nord. Elle est l’autrice de nombreuses nouvelles et d’une dizaine de romans, dont les séries « The Glamourist Histories » et « Lady Astronaute » (Vers les étoiles, Vers Mars et Sur la Lune). Par ailleurs marionnettiste professionnelle, elle vit à Nashville.

 

 

 

Extraits : 
« Où étiez-vous quand le météore est tombé ? Vous vous souvenez ? Je n’ai jamais vraiment compris ces questions. Bien sûr, vous vous en souvenez. Moi, j’étais à la montagne, avec Nathaniel. Son père lui avait légué son chalet, on s’y rendait pour observer les étoiles. Pour faire l’amour, en clair. Oh, ne jouez pas les offusqués. Nathaniel et moi étions jeunes mariés, en parfaite santé, et les seules étoiles que je contemplais me tapissaient l’intérieur des paupières. »
« Si j’avais su que les étoiles disparaîtraient, j’aurais passé beaucoup plus de temps dehors, avec le télescope. »
« Et soudain, l’extérieur s’est embrasé.
Tous ceux qui se trouvaient près d’une fenêtre dans un rayon de huit cents kilomètres autour de Washington D.C., à 9 h 53, le 3 mars 1952, se souviennent de cette lumière. D’abord rouge, puis blanche, si violente qu’elle noyait même les ombres. « 
« Quand la terre a cessé de trembler, la radio fonctionnait encore. Le haut-parleur grésillait, sans doute abîmé, mais les piles la maintenaient en marche. Nathaniel et moi étions allongés l’un contre l’autre, cernés par les restes du cadre de la porte. Un air froid tourbillonnait autour de nous. J’ai épousseté son visage, couvert de poussière.
Mes mains tremblaient.
« Ça va ?
— J’ai la trouille. » Ses yeux bleus étaient écarquillés, mais les deux pupilles avaient la même taille, alors… c’était bon signe. « Et toi ? »
J’ai attendu quelques secondes avant de répondre presque automatiquement : « Ça va, oui. » J’ai inspiré un grand coup, puis j’ai fait un rapide état des lieux. Mon corps était gorgé d’adrénaline, mais je ne m’étais pas uriné dessus. « J’aurai mal demain, mais rien de grave, je pense. Pour moi, je veux dire. » Il a hoché la tête, tendant le cou pour mieux examiner la petite cavité dans laquelle nous nous trouvions. Le soleil brillait par une brèche, là où l’un des panneaux en contreplaqué du plafond s’était effondré sur les restes du seuil. Ça nous a pris un peu de temps, mais nous avons pu dégager les débris pour nous sortir de là… et tituber au milieu des restes du chalet.
Si j’avais été seule… eh bien, si j’avais été seule, je n’aurais jamais atteint la porte à temps. »

Le post-it de Ge

Lady astronaute Vers les étoiles, Mary Robinette Kowal

 

J’ai lu il y a quelques années un recueil de 5 nouvelles qui se nommé « Lady Astronaute » et qui se déroulent dans passé alternatif. L’une d’entre elles met en scène Elma York, une célèbre astronaute qui a joué un rôle déterminant lors des colonisations lunaires et martiennes. Son mari étant atteint d’un mal incurable et il ne lui reste que six mois à vivre. Pourtant Elma rêve de repartir dans l’espace.

Ici je retrouve Elma York et Nathanaël mais au commencement de l’histoire lorsque par une froide nuit de printemps 1952, une énorme météorite est tombée sur terre et a anéanti une grande partie de la côte est des États-Unis, y compris Washington D.C. Le cataclysme climatique qui s’ensuivra rendra bientôt la Terre inhospitalière pour l’humanité, comme la dernière météorite de ce type l’a fait pour les dinosaures.

Cette menace imminente appelle un effort radicalement accéléré de colonisation de l’espace. Il est nécessaire qu’une part beaucoup plus grande de l’humanité prenne part au processus. Aussi hommes et femmes des plus grandes puissante s’allient.

L’expérience d’Elma York en tant que pilote et mathématicienne lui vaut une place dans les tentatives de la Coalition aérospatiale internationale visant à envoyer l’homme sur la lune. Elle sera une des calculatrices activent de ce programme .Mais avec autant de femmes pilotes et scientifiques compétentes et expérimentées impliquées dans le programme, Elma ne tarde pas à se demander pourquoi elles ne peuvent pas elles aussi aller dans l’espace.

Ce bouquin n’est pas sans nous rappelez toutes ses femmes, ces femmes scientifiques sans qui l’Homme ne serait peut-être jamais allé sur la Lune. Toutes ses scientifiques engagés ,figures féminines pionnières de la conquête spatiale, que le récit officiel a laissé dans l’ombre de leurs homologues masculins.

Ces « Rocket girls », mathématiciennes afro-américaines de la Nasa  qui ont donnée lieu a un film que j’avais beaucoup aimé en 2016 je crois, « Les Figures de l’ombre ». Sans elle le programme Mercury n’aurait pas abouti.

En plus d’être une réalité alternative des Etats-Unis, ce texte est aussi une ode à la différence. Il se concentre sur le point de vue des femmes en général et, dans une moindre mesure, des femmes noires, qui poussent l’establishment dominé par les hommes des années 1950 à permettre aux femmes d’être légitimement considérées comme des astronautes potentielles.

Ce que j’ai aimé aussi c’est la belle détermination de notre héroïne.  Elma, une jeune femme juive et certaines de ses amies pilotes, dont plusieurs femmes noires, commencent à s’organiser. Elles rendre en résistance contre les opinions et les préjugés sociaux et raciaux de l’époque. Elles vont tout tenter pour trouver un moyen de convaincre les pouvoirs en place de leur laisser une chance de devenir astronautes

Et ici la volonté d’Elma de devenir la première dame « Lady » astronaute est si forte que même les conventions les plus chères de la société n’ont peut-être aucune chance contre elle.

J’ai aussi aimé l’écriture fluide et plaisante de notre autrice qui participe à l’ambiance prenante et tout en tension de ce récit post-apocalyptique inclusif

Et comme le disait Antoine de Saint Exupéry dans lettre à un otage,  » Si je diffère de toi loin de te léser je t’augmente ». Car La richesse est bien dans la différence. Et ça Mary Robinette Kowal l’a bien compris.

 

Autres extraits :
« « Une explosion…
— Une météorite.
— C’est ce que disent les informations, oui, mais Washington a été anéanti. Moi je parie sur les Russes. »
Nathaniel a incliné la tête.
« A-t-on mesuré des traces de radioactivité ?
— On n’a envoyé personne assez près de l’impact pour vérifier. »
L’imbécile. Je lui ai mis les points sur les i.
« Des éjectas retombent un peu partout. La radioactivité est facilement mesurable. De plus, une bombe atomique n’entraîne pas ce genre de phénomène, non, les éjectas surviennent quand une météorite traverse l’atmosphère et que la matière soulevée par l’impact est aspirée dans l’espace, avant de retomber sur Terre. »
Parker a plissé les yeux.
« Eh bien, sachez une chose : le Congrès des États-Unis était en séance. La Chambre des représentants et le Sénat. Notre gouvernement fédéral a été presque entièrement annihilé. Le Pentagone, Langley… alors, même s’il s’agit d’un acte de Dieu, vous croyez vraiment que les Russes n’essaieront pas d’en tirer profit ? »
C’était… c’était terriblement bien dit. Je me suis renfoncée dans mon siège et j’ai croisé les bras sur ma poitrine. L’atmosphère s’est refroidie.
Nathaniel a embrayé.
« Donc, l’armée envisage des représailles ? » »
« En tant que membre du Service de pilotes féminines de l’armée de l’air pendant la Seconde Guerre mondiale, j’avais souvent eu l’occasion d’effectuer des missions de transport sur des appareils à peine capables de voler. Mon petit Cessna était en bon état. Plus que certains avions que j’avais pourtant fait décoller en tant que WASP. Couvert de poussière, oui, égratigné, mais après la check-list de pré-vol la plus vigilante de l’histoire de l’aviation, nous nous sommes envolés.
NDLR : WASP Le Women Airforce Service Pilots, le WASP (« guêpe », en anglais).

 

Lu dans le cadre de 6 défis littéraires

 

Mars au féminin. 📚 Challenge 📚

– Challenge Thriller et polar 2023- 2024 chez Sharon 

– Challenges Les Dames en Noir 2024 chez Zofia

  le tour du monde en 80 jours chez Bidib (USA)

– Challenge Juillet Sororité chez Stelphique et année Sororité chez Collectif Polar

— Challenge « American Year » (2023/2024) – The Cannibal Lecteur et Chroniques Littéraires

22 réflexions sur “Lady astronaute Vers les étoiles, Mary Robinette Kowal

  1. L’intrigue avec cette histoire de météorite qui touche l’Amérique mais ne détruit pas toute la planète dans l’immédiat, mais déclenche tout un cataclysme climatique, je trouve ça intéressant. Effrayant un peu aussi, mais intéressant 😁 Et en plus du sujet climatique, ce roman est encore plus intriguant vu qu’ils met en lumière aussi le rôle des femmes oubliées par l’Histoire. Ce livre a l’air d’avoir de très bons atouts, et d’offrir une belle diversité aussi. Merci pour la découverte Ge. 🙂

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  2. Je suis très fan de la saga dont je trouve la plume vraiment hyper fluide et immersive, tellement pratique pour tourner et tourner encore les pages.

    J’ai beaucoup aimé le personnage d’Ema, qui effectivement reprend bien des figures méconnues (cf le film Les figures de l’ombre), mais surtout qui ose montrer ses faiblesses. J’ai beaucoup aimé qu’on parle de ses névroses.

    La suite est tout aussi plaisante mais peut-être moins puissante, la surprise étant passée.

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  3. Je ne suis pas spécialement fan de l’espace, mais là j’avoue que tu as aiguisé ma curiosité. Cette histoire me tente vraiment… pffffff j’avais dit que je ne notais plus rien, mais je fais encore une exception ! LOL merci à toi pour cette découverte 🙂

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