Le livre : Garde le silence de Susie Steiner ; traduit de l’anglais (Royaume-Uni) par Yoko Lacour. Paru le 7 octobre 2021 chez Les arênes collection Equinox. 20€. (406 p.) ; 23 x 16 cm. Réédité en poche le 24 août 2022 chez Le Livre de poche. Policiers & thrillers. 8€40. (416 p.) ; 18 x 11 cm
4e de couv :
Le corps d’un jeune migrant lituanien est retrouvé pendu à un arbre dans une banlieue populaire de Londres. Pas de signe de lutte, aucun indice qui pourrait infirmer la thèse du suicide. Sauf peut-être ce mot retrouvé accroché sur le pantalon de la victime : « Les morts ne peuvent pas parler. »
L’inspectrice Manon Bradshaw, toujours aussi attachante et mordante dans ses réparties, se retrouve chargée d’une enquête pour homicide. Entre une communauté lituanienne mutique et des Anglais de plus en plus hargneux à l’égard des travailleurs immigrés, la partie s’annonce délicate.
Esclavage moderne, racisme ordinaire, misère et violence, Manon plonge dans des eaux plus que troubles… Susie Steiner a décidemment un talent diabolique.
L’auteure : Ancienne journaliste du Guardian, Susie Steiner vit à Londres
Extrait :
Jour 1,
Minuit
MATIS
« Clé dans la porte, il passe le seuil comme possédé et titubant se rue dans l’escalier jusqu’à la salle de bains. S’il tache la moquette, il prendra une raclée. Son estomac bien que vide se retourne, il vomit dans les toilettes : une bile acide. Étrangement, la brûlure lui procure du réconfort.
Dimitri se tient dans l’embrasure.
— Est-ce que ça va ?
Agenouillé devant la cuvette, Matis pousse un grognement.
— Tu as trop bu ? demande Dimitri en s’approchant.
Puis lorsque Matis se tourne pour le regarder :
— Mon Dieu, qu’est-ce qui t’est arrivé ?
— Lukas est mort, lâche Matis dans un sanglot. Je l’ai amené ici et maintenant il est mort. Je n’ai jamais vu autant de haine, Dimitri. Pourquoi nous détestent-ils à ce point ?
Dimitri hausse tristement les épaules.
— J’espère qu’il viendra les hanter la nuit, dit Matis.
— Pour être hanté, il faut avoir une conscience.
— Et ils n’en ont aucune.
— Allez, viens, tu as besoin d’un verre, dit Dimitri en l’aidant à se mettre debout.
Dans la cuisine, alors que Dimitri cherche la vodka, Matis se met à trembler.
— La police, ici, va faire correctement son boulot. Pas comme chez nous, dit Dimitri en lui tendant bouteille.
Matis boit une gorgée, fait la grimace. L’alcool brûle son estomac déjà irrité.
— Ce n’est pas ce qui va le ramener. Tout est de ma faute. »
Chronique de Flingueuse : La chronique Fantôme de Marianne
Susie Steiner. Garde le silence
Enquête sous le crachin, du côté de Cambridge
Garde le silence, est la troisième enquête de de Manon Bradshaw, inspectrice dans le Cambrigdshire, écrite par Susie Steiner. Remain Silent en anglais a été publié pour la première fois en 2020.
Un jeune homme lituanien a été retrouvé pendu dans un parc municipal et très vite, l’hypothèse du suicide est remise en question. Comment son ami Matis venu avec lui en Angleterre est -il impliqué ? Pourquoi se sent-il si coupable ?
Conditions de vies sordides, personnages englués dans des relations toxiques et pris au piège par des trafiquants d’êtres humains entre l’Europe de l’Est et le Royaume Uni, quartiers en perdition, drogue, réseaux mafieux, dérives de l’extrême droite populiste et xénophobe, l’Angleterre décrite, la région autour de Cambridge au Nord de Londres (mais pas Londres comme le suggère de façon erronée la couverture en Livre de poche) n’est ni verte ni riante, plutôt franchement triste et glauque.
L’écriture est efficace, rapide, avec beaucoup de dialogues. Les chapitres courts alternent les points de vue du côté des immigrants lituaniens, exploités par des brutes sans scrupules, celui des policiers sur l’affaire, Manon Bradshaw et son collègue Davy Walker, ou encore celui d’autres personnages impliqués dans l’affaire, voisins aigris ouvertement racistes, personnalités politiques opaques. Quelques noms de lieux, villes ou rues, permettent de donner une très légère touche locale. La priorité est donnée aux personnages, à leurs histoires et à leurs réactions. Bon gré mal gré, l’enquête avance.
La touche d’humour tient surtout au va-et -vient entre le quotidien des enquêteurs et leur enquête elle-même, la description réaliste et désabusée, parfois au vitriol, de la vie familiale ou amoureuse des enquêteurs, comme des relations professionnelles au sein de leur brigade. Manon normalement affectée aux affaires classées, a été remise en service sur le terrain par une patronne encombrante aux dents longues, branchée numérique et management moderne. Elle doit jongler entre les exigences de l’enquête, sa vie de famille pas toujours très glamour et ses 46 ans. Son co-équipier quant à lui, vit plutôt mal son arrivée surprise sur l’enquête, tout en étant profondément perturbé par un dilemme amoureux. Au détour d’une page, un petit trait de dérision, un mouvement d’humeur ou une raison de déprimer juste esquissés ou très crûment exprimés rendent vite les personnages attachants.
Il a l’air bien ! merci pour la découverte… mais pour l’instant, je ne note plus !!! pas le temps de lire…. snif 😉
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Je comprends, j’en suis là aussi Lilou ! Sniff 😉
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Elle donne envie de découvrir le livre cette chronique. Merci à Marianne pour le partage 🙏 😘
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Merci pour elle 🙏 😘
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🥰
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😘
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Encore un que j’aurais souhaité lire, mais dont le temps m’a manqué
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Il est dans ta PAL ?
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Voui ! Aucune excuses, donc…
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non pas d’excuse, sniff 😏
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😉
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