Le livre Nickel boys de Colson Whitehead. Traduit de l’américain par Charles Recoursé. Paru le 19 août 2020 chez Albin Michel dans la Collection Terres d’Amérique. 19€90. (258 p.) ; 21 x 14 cm
4e de couv :
Dans la Floride ségrégationniste des années 1960, le jeune Elwood Curtis prend très à coeur le message de paix de Martin Luther King. Prêt à intégrer l’université pour y faire de brillantes études, il voit s’évanouir ses rêves d’avenir lorsque, à la suite d’une erreur judiciaire, on l’envoie à la Nickel Academy, une maison de correction qui s’engage à faire des délinquants des « hommes honnêtes et honorables ». Sauf qu’il s’agit en réalité d’un endroit cauchemardesque, où les pensionnaires sont soumis aux pires sévices. Elwood trouve toutefois un allié précieux en la personne de Turner, avec qui il se lie d’amitié. Mais l’idéalisme de l’un et le scepticisme de l’autre auront des conséquences déchirantes.
Couronné en 2017 par le prix Pulitzer pour Underground Railroad puis en 2020 pour Nickel Boys, Colson Whitehead s’inscrit dans la lignée des rares romanciers distingués à deux reprises par cette prestigieuse récompense, à l’instar de William Faulkner et John Updike. S’inspirant de faits réels, il continue d’explorer l’inguérissable blessure raciale de l’Amérique et donne avec ce nouveau roman saisissant une sépulture littéraire à des centaines d’innocents, victimes de l’injustice du fait de leur couleur de peau.
L’auteur : Colson Whitehead est né en 1969 à New York, où il vit toujours. Après des études à Harvard, il a collaboré à bon nombre de revues. Ses quatre romans L’Intuitionniste, Ballades pour John Henry, Apex ou Le cache-blessure et Zone 1 ont été unanimement salués par la critique et lui ont valu de nombreuses distinctions. Il est également l’auteur d’un recueil d’évocations urbaines, Le Colosse de New York. Tous publiés aux Éditions Gallimard. Tous ont confirmé l’exceptionnel talent de Colson Whitehead à inventer de véritables machines romanesques, irriguées par une méditation sur les mythologies américaines, ainsi que par une réflexion très politique sur la question raciale.
Avant d’être distingué par le prix Pulitzer, Underground Railroad, le sixième roman de Colson Whitehead, avait déjà été récompensé par le National Book Award et élu « Meilleur roman de l’année 2016 » par la presse américaine. Salué par Barack Obama, le livre connaît depuis sa parution un succès phénoménal aux États-Unis et dans le monde entier. Nickel boys son 7e roman a lui aussi reçu le prix Pulitzer en 2020
Extraits :
« Voilà ce que cette école vous faisait. Et ça ne s’arrêtait pas le jour où vous en partiez. Elle vous brisait, vous déformait, vous rendait inapte à une vie normale »
« Même morts, les garçons étaient un problème.
Le cimetière clandestin se trouvait dans la partie nord du campus de Nickel, sur un demi-hectare de mauvaises herbes entre l’ancienne grange et la déchetterie de l’école. Ce champ avait servi de pâture à l’époque où l’établissement exploitait une laiterie et en vendait la production dans la région – une des combines de l’État de Floride pour décharger les contribuables du fardeau que représentait l’entretien des garçons. Les promoteurs de la zone d’activités avaient décidé de construire sur ce champ une esplanade dédiée à la restauration, avec quatre pièces d’eau et un kiosque en béton pour des événements occasionnels. La découverte des corps représentait une complication coûteuse pour la société immobilière qui attendait la validation de l’étude environnementale, ainsi que pour le procureur de l’État, qui venait de clore une enquête sur les histoires de maltraitances. Il allait falloir en lancer une nouvelle, établir l’identité des victimes et la cause de leur mort, et personne n’était capable de déterminer quand on pourrait enfin raser, nettoyer et effacer ce lieu des mémoires, même si tout le monde s’accordait à dire qu’il était grand temps.
Tous les garçons connaissaient cet endroit de malheur. C’est une étudiante de l’université de South Florida qui en révéla l’existence au reste du monde, des décennies après que le premier élève eut été ficelé dans un sac à patates et balancé là. Quand on lui demanda comment elle avait repéré les tombes, Jody répondit : « La terre était pas normale. » Le sol enfoncé, les herbes clairsemées. Cela faisait plusieurs mois qu’elle et son groupe de l’université fouillaient le cimetière officiel de l’école. L’État ne pouvait en céder la propriété tant que les dépouilles n’auraient pas été convenablement déplacées, et les étudiants avaient besoin de travail de terrain pour valider leur année. Ils quadrillèrent la zone au moyen de piquets et de fil de fer, creusèrent avec des pelles et de petits engins. Quand ils eurent fini de tamiser la terre, des os, des boucles de ceinture et des bouteilles de soda s’entassaient dans leurs bannettes, composant une exposition absconse. »
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Merci, Geneviève, pour cette superbe chronique du dernier roman de Colson Whitehead, et pour votre lecture attentive. Bien cordialement, Francis Geffard (Ed. Albin Michel)
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Un livre qui me fait de l oeil depuis un moment !!
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Alors surtout ne pas hésiter et ne pas avoir d’attente juste se laisser porter par ses émotions….
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Oui voilà !!!! Des que c est possible je me rue dessus 🤩
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top alors ! et on pourra voir si nous sommes raccords !
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Oui oui je te dirai 😉
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J’espère bien ! 🤣🤣🤣🤣🤣
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Je partage totalement ton point de vue Geneviève. Ce roman aborde une question cruciale, celle du racisme. On devrait le mettre au programme pour les lycéens pour parler de cela justement. J’encourage tous les gens autour de moi à le lire. C’est pour moi l’un des livres majeurs de cette année 2020. Il m’a pris aux tripes comme on dit. Belle soirée Geneviève 😊
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Que voilà une belle idée, je mettre au programme de français au lycée, moi ça me va, ça amènerait sans doute à la lecture des jeunes qui ne lisent pas ou plus !
Et oui il prend aux tripes
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A reblogué ceci sur Le Bien-Etre au bout des Doigts.
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Oh merci Françoise 🙂
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