Prodiges et Miracles – Joe Meno

Le livre : Prodiges et Miracles de Joe Meno. Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Morgane Saysana. Paru le 30 août 2018 chez Agullo éditions dans la collection Agullo Fiction.  22€ ; (371 p.) ; 21 x 14 cm

4eme de couv 

1995, Mount Holly, une ville de l’Indiana qui se meurt. Jim Falls, vétéran de la guerre de Corée, s’efforce tant bien que mal d’élever son petit-fils métis, Quentin, un ado de 16 ans taciturne qui oublie son mal-être en sniffant de la colle. La mère de Quentin est une junkie paumée qui apparaît et disparaît au gré de ses démêlés avec des petits copains violents, son père est inconnu. L’élevage familial de poulets ne rapporte plus grand-chose, les dettes s’accumulent, l’avenir est sombre. Jusqu’au jour où une magnifique jument blanche taillée pour la course est livrée à la ferme suite à une erreur : c’est l’espoir qui renaît chez le vieil homme.
Mais l’animal attise les convoitises et deux frangins accros au crystal-meth parviennent à s’en emparer en pleine nuit. Jim et Quentin se lancent alors sur leurs traces à travers le midwest pour tenter de récupérer la bête merveilleuse avant qu’elle ne soit vendue. Au cours de cette folle poursuite, grand-père et petit-fils traversent une Amérique rurale oubliée, où drogue et violence semblent être les seuls horizons d’une jeunesse sans repères que la vieillesse ne comprend plus. Et pourtant, grâce à l’amour que chacun porte au cheval miraculeux, l’aïeul et le garçon trouveront le chemin d’une rédemption mutuelle.
Joe Meno, au sommet de son art, offre un magnifique roman noir dont les dialogues laconiques ponctuent la poésie douloureuse des paysages, de la lumière sur les plaines et de la fabuleuse beauté de la jument.

L’auteur : Joe Meno, né en 1974, a publié son premier roman à l’âge de 24 ans. Il est l’auteur de sept romans et plusieurs recueils de nouvelles, et a reçu le prestigieux prix Nelson Algren. Il écrit pour le magazine underground Punk Planet, ainsi que pour le New York Times et Chicago Magazine. Il vit aujourd’hui à Chicago.

 

Extrait :
 » La jument blanche apparut un lundi. Ni le grand-père ni son petit-fils n’avaient la moindre idée de qui l’avait envoyée. « 
« En général, la place demeurait déserte, hormis les oiseaux gris et mauves, une petite volée agglutinée sur l’unique banc, une espèce dont le chant évoquait tout à fait la mélodie qu’un vétéran de la guerre de Sécession pourrait fredonner machinalement. Les boutiques donnant sur la place observaient le même air endeuillé, leurs vitrines sombres masqués par des stores crasseux, les commerces vidés de toute vie ; il y avait un troquet où trois clients s’étaient fait descendre près d’une décennie plus tôt, les taches de sang et les silhouettes des corps tracés à la craie étaient devenues indélébiles et marquaient à jamais la gargote du sceau de ce drame sordide digne d’un polar au rabais… »

Le petit avis de Kris

Prodiges et Miracles – Joe Meno
Editions Agullo

Joe Meno, après « Le blues de la harpie » qui ne pouvait laisser indifférent, nous brosse le portrait d’un grand père et de son petit fils, plein de tendresse dissimulée.

Tous les travers d’une Amérique méconnue, de ses mauvais garçons malgré eux, de ses junkies, de ses valeurs perdues , tout est évoqué avec talent.

Il semble bien connaître cette Amérique qui ne fait pas partie de l’eldorado tant décrit. De fait, un passage page 86 est un sombre écho à notre propre situation et ce n’est point réjouissant.

Beaucoup de personnages traversent ce roman, y laissant chacun une empreinte indélébile.

A côté de cela, malgré des hauts et des bas, un semblant de famille se détache du lot et ce, grâce à l’apparition de cette belle jument blanche qui est un peu le fil rouge (si j’ose dire) de ce beau roman.

Après maintes et maintes péripéties, parviendront ils à cette fusion après laquelle , sans le savoir peut être, ils courent ?

 

17 réflexions sur “Prodiges et Miracles – Joe Meno

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