Le disparu du Caire, Christopher Bollen

Le livre : Le disparu du Caire de Christopher Bollen ; traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Blandine Longre. Paru le 13 mars 2024 chez Calmann-Lévy dans la collection Littérature. 22€90. (365 p.) ; 24 x 16 cm

4e de couv :

« Un portrait intensément atmosphérique du Caire dans toute sa splendeur et sa ruine. »

Cate, une jeune galeriste new-yorkaise, apprend que son frère Eric a trouvé la mort au Caire, où il travaillait pour une puissante société d’armement américaine. Son employeur, ainsi que les autorités locales, déclarent rapidement qu’il s’agit d’un suicide. Pourtant, une mystérieuse carte postale fait douter Cate sur les derniers jours de son aîné.

Décidée à découvrir la vérité, elle se rend sur place et commence à reconstituer la vie sombre et solitaire d’Eric, dont elle s’était éloignée au fil des années. Mais son enquête soulève bientôt de graves découvertes qui vont attirer l’attention de hautes autorités internationales travaillant pour le compte de la Défense.

Dans ce roman envoûtant au cœur d’une Égypte bouillonnante et insaisissable, Christopher Bollen écrit avec brio l’amour fraternel, aussi fragmenté qu’il soit.

L’auteur : Christopher Bollen est né à Cincinnati, Ohio , le 26 ovemnre 1975. Il est une figure phare de la scène culturelle new-yorkaise. Ancien rédacteur en chef de la mythique revue Interview fondée par Andy Warhol, il signe aussi très régulièrement des critiques d’art et de littérature dans The New York Times, Artforum, New York Magazine et The Believer. Il a connu des débuts remarqués en France avec son premier roman, Manhattan People (2016), et son roman Beau Ravage (2018) a été lauréat du prix Fitzgerald. Le Disparu du Caire est son cinquième livre paru aux éditions Calmann-Lévy.

 

Extraits 
« Des chats errants, indifférents à la circulation, dormaient sur les capots des véhicules. »
« Il avait déjà été envoyé en Égypte, quelques années plus tôt, à l’époque où il travaillait pour une autre entreprise. Lors de ce séjour, il avait eu droit à une chambre avec vue sur les pyramides. « Je suis obligé de vous croire sur parole », avait-il dit en plaisantant au directeur de l’hôtel, étant donné qu’il avait dû attendre le dernier matin pour distinguer les formes floues de ces merveilles dans le lointain, par-delà des kilomètres de brouillard et de fumée jaunâtres. Eric s’était cependant extasié comme un enfant à sa fenêtre, se dressant sur la pointe des pieds pour entrevoir des monuments aussi anciens et miraculeux. Cette fois, on lui avait réservé une chambre dans un banal hôtel bon marché. Il n’y avait aucune vue depuis le balcon en demi-lune qui donnait sur une ruelle où, la nuit, une brise tortueuse se frayait un passage. »
« Ses pensées, qui défilaient toujours trop vite, n’arrêtaient pas de trébucher pour basculer dans les failles les plus sombres de son esprit »
« Eric avait été posté dans des tas de pays épouvantables. Certains revendiquaient cette qualité dès l’atterrissage. D’autres mettaient quelques jours à se révéler comme tels. D’autres encore l’étaient simplement à cause du travail qu’il y effectuait pour leurs dirigeants. En revanche, Le Caire n’avait rien d’épouvantable. Rien ne lui manquerait vraiment, ni la circulation, ni les rues aux moteurs souffreteux, ni les continuels coups de klaxon, qui relevaient d’une sorte de religion convaincue que le diable rôdait dans chaque poche de silence. Dans le même temps, la ville ne cessait de s’ouvrir à lui, de s’épanouir, de l’aimer en retour, et les splendides fragments épars de quarante-six siècles d’histoire qui tournoyaient autour de lui à toute heure du jour et de la nuit lui manqueraient assurément. Ce matin-là, tout en sirotant son deuxième whisky, il avait réservé un billet de retour pour les États-Unis – départ prévu dans deux jours. Il n’avait parlé à personne de son projet et n’était pas même sûr de monter dans cet avion. Partir ou rester. Fuir ou accepter les conséquences. Tout dépendait des ennuis que lui réservait l’avenir. »
« Plus tard cette nuit-là, quand Eric bascula du balcon de sa chambre, il disparut sans un bruit. »

Le post-it de Ge

Le disparu du Caire, Christopher Bollen

 

C’est le premier roman que je lis de Christophe Bollen, pourtant j’étais presque certaine d’avoir déjà rencontré sa plume. Mais en regardant sa bibliographie, c’est certain je n’ai pas le souvenir d’ aucun de ses titres paru en France. Peut-être que j’ai rencontré son nom ailleurs. Ou peut-être simplement avais-ju eu envie de lire son précédent roman « Un si joli crime « . Bref maintenant c’est fait, j’ai enfin découvert Christophe Bollen avec ce roman à suspense qui ne m’a pas laissé de temps mort.

Mais alors que nous raconte  » Le disparu du Caire »

Cate, une jeune New-Yorkaise, apprend la mort de son frère Eric.  Laissant tout tomber, Elle quitte son travail pour se rendre le plus rapidement possible au Caire où son frère travaillait. Arrivée sur place, elle apprend qu’Eric se serait suicider.  Aussi, afin d’en savoir davantage sur cette disparition que tout le monde qualifie de suicide, elle va tenter de mener sa propre enquête. Sur place, avec l’aide d’un jeune Egyptien nommé Omar, elle  va reconstituer la vie de son frère, de qui elle s’était éloignée. Mais très vite des zones d’ombres vont apparaitre. Et Cate sent bien qu’on fait tout pour dissimuler la vérité.

Vous l’aurez compris nous voilà embarqué dans une enquête privé qui s’avère compliquée.

Mais ce roman n’est pas qu’un simple polar. C’est aussi une belle plongée du Caire d’aujourd’hui. La séduction indéniable du roman doit beaucoup  aux descriptions bariolées du Caire, qui offre un contraste saisissant avec un climat de menace constant, impénétrable et mystérieux de cette quête de vérité. 

Nous allons aussi entrevoir la vie politiques de la capitale égyptienne. Et là, c’est pas joli, joli. Racket et l’extorsion, trafics en tout genre, corruption et peau de vin, Le Caire est la ville de tous les contraste.  La misère y côtoie les plus grandes richesses et ses nababs. Et surtout le pouvoir contrôle tout, surtout les libertés individuelles.

Pourtant on le voit ici,  les cairotes sont des gens enthousiasmants, pleins de vie et même si la misère est souvent leur lot. Ils gardent un optimisme désopilent. Pour eux, il est interdit de critiquer la façon de faire du gouvernement sans risquer l’exclusion , voire le bannissement ou même la mort. 

On cherchant les tenants et les aboutissant de la mort tragique de son frère Eric, Cate nous offre aussi une plongé exotique totalement dépaysante. Et notre auteur nous présente un pays qu’il a l’air de chérir. Un pays qui semble malade de sa corruption, du gout du pouvoir des dirigeants en place et de ces élites qui se complaisent dans leurs magouilles pour garder ce pouvoir. Sans oublié les services secret et les médiats à leur bottes.  Mais malgré tout cela, l’Egypte reste un pays pourtant bien vivant grace un peuple résilient. 

Bref ce thriller a été pour moi plus enthousiasment par son caractère politico-social que par son intrigue elle même qui pourtant nous fait tourner tourner les pages rapidement car on tremble pour cette jeune femme téméraire et déterminée.

Bon c’est vrai j’ai peut-être un peu extrapolé le propos de notre auteur. Mais c’est parce que je ne suis laissée emporter par cette histoire d’amour fraternel.

 

Autre extrait :
« Savait-il, en ce dernier après-midi, tandis qu’il errait dans l’entrelacs des rues de Garden City, qu’il ne rentrerait jamais chez lui ?
Il devait s’en douter, et c’était justement pour cette raison qu’il était de sortie. À trois mois de son quarantième anniversaire, Eric Castle, un expert en explosifs passablement ivre, traversa la chaussée en titubant et faillit être fauché par une Peugeot lancée à vive allure. C’était ainsi, au Caire : à chaque pas on avait l’impression de l’avoir échappé belle. Malgré tout, cette excursion dans ce quartier cairote délabré, aux demeures grandioses et mal entretenues et aux ambassades sous garde armée, lui permettait de réfléchir. Ou, du moins, d’éclaircir son esprit après cinq whiskys, bus afin d’en chasser les pensées terribles qui le tourmentaient. »

Lu dans le cadre de 3 défis littéraires

 

 

– Challenge Thriller et polar 2023- 2024 chez Sharon 

  le tour du monde en 80 jours chez Bidib (Etats-Unis)

— Challenge « American Year » (2023/2024) – The Cannibal Lecteur et Chroniques Littéraires

40 réflexions sur “Le disparu du Caire, Christopher Bollen

  1. Un roman dans la ville du Caire ça devait être un sacré dépaysement 😃 Mais le contraste entre le paysage et la politique semble rude aussi d’après ce que tu en dis, même si malheureusement ça ne me paraît pas très surprenant. Mais c’est bien que l’auteur est choisi de mettre en avant aussi la vie difficile qu’il ne se soit pas contenter du décor de carte postale. Merci pour la découverte Ge !

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