Et si Notre-Dame la nuit de Catherine Bessonart

Le livre :Et si Notre-Dame la nuit de Catherine Bessonart. Paru le 31 janvier 2013  aux Ed. de l’Aube dans la collection L’aube Noire. 19,90 €;  (286 p.) ; 22 x 15 cm

4e de couv :

« Après le cou, ce qui l’émouvait le plus chez une femme, c’était le poignet, alors il se pencha vers la femme inconnue, effleura ses veines qui ne battaient plus et lui fit la promesse muette que justice serait faite. »

Il s’appelle Chrétien, pourtant il se dit « mécréant, tendance bouddhiste ». Flic, fraîchement divorcé, il en est proie à une sorte de nervosité – il vient d’arrêter de fumer – mais pas seulement. Il pressent un malheur imminent qui ne tarde pas à survenir : neuf des plus belles statues de Notre-Dame de Paris sont décapitées ; puis, très vite, une jeune femme. La première d’une longue série…

L’enquête que mène le commissaire Bompard l’amène au sentiment qu’il est intimement mêlé à cette affaire. De quelle manière ? Ses doutes se confirment quand le meurtrier le menace dans ce qu’il a de plus cher : son ex, Mathilde.

Cette enquête est époustouflante : le lecteur tombe sous le charme du commissaire et dans les mailles d’une intrigue qui le tient en haleine jusqu’au dénouement de ce polar psychologique, dense et attachant. Un grand moment de plaisir.

 

L’auteur : Catherine Bessonart est comédienne et scénariste,  elle vit à Montmartre.Et si Notre-Dame la nuit… est son premier roman. Catherine Bessonnart était jadis élève au cours Florent. Comédienne et scénariste elle a travaillé à la fois pour le théâtre, la télé et le cinéma (elle a écrit le scénario de Heureusement qu’on s’aime, sorti en 1998). Elle se confronte en 2012 à une nouvelle forme d’écriture et publie en début d’année 2013 un roman policier qui ne laisse plus de doute sur son talent d’auteur, et sa capacité à s’adapter à tous les formats.

 

 

 

Extrait :
«Bompard rentra chez lui noyer son chagrin dans un whisky hors d’âge.»

Le post-it de Ge

Paru le 7 mars 2014 en poche. 9€80. (347 p.) ; 18 x 11 cm

Et si Notre-Dame la nuit de Catherine Bessonart

 

Un policier qui vient de divorcer arrête de fumer. Il s’appelle Chrétien mais il est athée. Des statues de Notre-Dame sont décapitées et bientôt, une jeune femme l’est aussi, la première d’une longue série. Bompard espère trouver un lien entre ces crimes.

Première enquête bien ficelée d’un inspecteur de la PJ à Paris, qui peut faire penser au commissaire Adamsberg. Sensible plutôt que bourrin donc, Chrétien Bompard est un commissaire décalé et intuitif. Un héros auquel on t’attache. S’il est sensible, il n’est pas pour autant émotif sauf peut-être quand on s’attaque à Mathilde. Et oui notre commissaire est encore amoureux de son ex-femme. Et quand Mathilde est en danger, il se fait redoutable.

 Il s’agit du premier roman de Catherine Bessonart, scénariste qui vit à Paris et qui émaille ce roman de portraits dessinés de quelques-uns des personnages. Et des personnages, il y en a de croquinolets, dans ce polar. Des petites gens, tous merveilleusement campés, du peintre pour touriste, au clochard en passant par le concierge. Sous la plume de l’auteur, ils prennent vie. Et l’écriture fine de l’auteur nous entraînent dans une enquête psychologique de facture classique qui pourtant ne manque pas d’humour. Mais un humour là aussi raffiné. Car Catherine Bessonart nous offre là un suspens délicieux.

 On espère très vite retrouver de nouvelles enquêtes du commissaire Bompard.

 

Extrait 2 :
Les doigts engourdis, Thomas essayait de peindre. Il se disait bien qu’il pourrait faire la même chose dans sa chambre, devant une carte postale représentant Notre-Dame, le style photographique qu’il avait choisi de donner à sa peinture lui offrait ce genre de possibilité, mais il avait du mal à se passer de l’avis des passants. C’était une sorte de drogue, un début de reconnaissance. Il admettait volontiers avoir besoin de ce regard pas toujours bienveillant, jamais hostile, de ceux qui ne fréquentent ni les galeries ni les musées, mais qui s’attardent naturellement sur les trottoirs et ne sont pas avares de commentaires.
Pour l’heure, le trottoir était désert. Personne n’avait osé affronter ce premier jour de froid. L’été s’était étiré, impudique, jusqu’à cette fin d’octobre et s’était enfin décidé, brusquement, à laisser la place à un hiver qui semblait prêt à occuper le terrain, s’octroyant le droit de se passer de transition. Il rangea ses pinceaux dans son plumier sur lequel l’enfant qu’il avait été et auquel il était resté fidèle avait gravé des prénoms de filles. Il classa ses gouaches par ordre de préférence des couleurs. Ça commençait toujours par le vert, il adorait le vert, la suite était variable, selon l’humeur du jour. Il fourra tout son attirail dans un sac en grosse toile qu’il venait de trouver aux puces en pensant à la petite Claudine, de deux ans son aînée, qui avait été son premier émoi sexuel et dont le nom occupait une place de choix sur le plumier pubère. Il caressa sa besace et jeta un dernier coup d’oeil à Notre-Dame avant de disparaître rue de la Colombe. Il aurait adoré qu’une foule anonyme lui souhaitât une douce nuit mais de toute évidence les rares silhouettes qu’il croisait ne le remarquaient pas. Ce genre de réconfort viendrait sans doute avec le temps. Il ne devait pas être trop pressé : après tout, il n’était dans ce quartier que depuis quelques semaines et il avait beau travailler avec soin tout ce qui était rituel dans sa vie et accorder une importance maniaque aux habitudes, il n’avait jamais que vingt-neuf ans, dix mois et deux semaines. Non, il ne fallait pas être trop pressé !
Dans l’ascenseur qui le menait au quatrième étage d’un immeuble à peine bourgeois où il habitait dans un studio sans charme, il se prit à rêver à cette chambre de bonne dans laquelle il aurait dû vivre et qui lui aurait conféré le statut d’artiste maudit qui l’avait tant fait divaguer durant toute son adolescence. S’il n’en avait pas l’aura, il en avait pourtant les revenus. La bouilloire sifflait dans le coin cuisine, Thomas décachetait l’enveloppe, qu’il connaissait par coeur pour recevoir la même tous les vingt-huit du mois. Sa tante Noémie avait la générosité parcimonieuse. Trois cent cinquante euros. Elle avait fixé le montant, il avait choisi la date.
Une tasse de thé à la main, il observait comme s’il les découvrait les photos de Notre-Dame qu’il avait punaisées sur tous les murs. Il y en avait partout. Notre-Dame sous tous les angles. Il se perdait dans les gros plans, prenait du recul avec les plans d’ensemble, retrouvait sa dimension d’humain avec les plans larges. Il fallait qu’il possédât bien son objet pour pouvoir le retranscrire sans hésitation, sans l’appauvrir du moindre état d’âme. Sur l’écran de sa télévision, un plan fixe de la cathédrale bégayait. Depuis le jour où il avait signé le contrat avec l’éditeur de reproductions des monuments de Paris, il avait acheté un lecteur de DVD et une série de films dans lesquels la cathédrale figurait au casting. Un arrêt sur image lui rendait la vedette dans Notre-Dame de Paris.
Il endossa le chèque de sa tante Noémie et se dit que c’était sans doute le dernier.
Quand il éteignit la lumière, Notre-Dame, sur l’écran de télévision, éclairait faiblement la pièce. Il était trop fatigué pour se relever. Il se tourna de l’autre côté et s’endormit.

#MarsAuFéminin

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