Le livre : Une fille facile de Louise O’Neill. Traduit de l’anglais (Irlande) par Nathalie Guillaume. Paru le 16 mai 2018 chez Stéohane Marsan. 18€. (283 p.) ; 22 x 15 cm
4e de couv :
Une fille facile
« Quand tu prononces un mot comme celui-ci, tu ne peux plus faire marche arrière. Fais comme s’il ne s’était rien passé. C’est plus simple comme ça. Plus simple pour toi. »
Emma a dix-huit ans, c’est la plus jolie fille du lycée. En plus d’être belle, elle est pleine d’espoir en l’avenir. Cette nuit-là, il y a une fête, et tous les regards sont braqués sur elle.
Le lendemain matin, ses parents la retrouvent Inanimée devant la maison. Elle ne se souvient de rien. Tous les autres sont au courant. Les photographies prises au cours de la soirée circulent sur les réseaux sociaux, dévoilant en détail ce qu’Emma a subi. Les réactions haineuses ne se font pas attendre ; les gens refusent parfois de voir ce qu’ils ont sous les yeux. La vie d’Emma est brisée ? Certains diront qu’elle l’a bien cherché.
L’auteur : Louise O’Neill est originaire de Clonakilty en Irlande. Après avoir décroché une licence en littérature anglaise au Trinity College de Dublin, elle devient rédactrice pour Elle aux États-Unis, avant de rentrer en Irlande pour écrire son premier roman, Only Ever Yours, et poursuit son exploration de la condition féminine à travers Une fille facile, son deuxième roman, qui a été récompensé par de nombreux prix littéraires.
Extrait :
Emma. (Elle se racle la gorge et reprend plus fermement.) Emma. J’ai surpris deux élèves de troisième en train de regarder des photos indécentes sur Facebook. Les os de mon squelette se déplacent, se resserrent comme une cage autour de mon coeur, en exprimant tout l’air que j’ai dans les poumons. Est-ce que vous voyez de quoi je parle ? poursuit-elle. Tous les murs s’effondrent. Tombent en miettes. (Chair rose. Jambes écartées de force.) Mon corps ne m’appartient plus. Ils ont gravé leur nom partout dessus. Emma la Salope. Oui. Ce mot est comme une limace sur ma langue, épais et baveux. Est-ce que vous comprenez pourquoi je m’inquiète ? J’ignore pourquoi elle ne se contente pas de m’annoncer que je suis virée, que je devrai aller dans l’une de ces boîtes privées en ville pour passer mon diplôme, et que je ne pourrai sans doute pas rester là-bas non plus, parce qu’il y aura quelqu’un qui a une amie d’amie de Ballinatoom, et elle enverra le lien vers la page, cette page, avec toutes ces photos et tous ces commentaires, toujours plus nombreux à chaque seconde qui s’écoule. C’est comme un incendie de forêt, hors de contrôle, qui m’embrase sur son passage. Ne les lis pas. Ne les lis pas. (Certaines personnes méritent qu’on leur pisse dessus.) Dans le nouveau lycée, il y aura les mêmes chuuut quand j’entrerai dans une pièce, les mêmes rangées d’yeux rivés sur moi, les mêmes silences qui se creuseront quand je passerai devant une table, les mêmes éclats de rire quand je partirai. Cette pensée me donne envie de m’allonger, m’endormir et ne plus jamais me réveiller.
Le post-it de Ge
Une fille facile de Louise O’Neill
C’est en parcourant la blogosphère que j’ai découvert ce titre. Sur le blog de Mélie et les livres je lis sa chronique. Et là ça fait tilt, il me faut ce livre. Il a toute sa place dans mon challenge Mars au Féminin.
Et voilà comment je me retrouve à lire, une fille facile et comment je découvre une nouvelle auteure que je risque fort de suivre à l’avenir.
Alors de quoi ça parle :
Au lendemain d’une fête, les parents d’Emma, une jeune femme de 18 ans belle et populaire, la retrouvent inanimée. A son réveil, elle ne se souvient de rien. Mais les autres invités ont tout photographié et les clichés de la soirée circulent sur les réseaux sociaux.
Un roman indispensable et puissant qui dénonce les ravages des réseaux sociaux. Mais aussi de la culture du viol.
300 pages d’une intensité folle.
Louise O’Neil ne fait pas dans le voyeurisme, elle ne fait pas dans le sensationnel, non ici tout est suggérée. Notre auteur a une écriture très clinique, une écriture qui met à distances. Mais une distance voulue, une distance justement qui nous permet de nous approprier les faits, je les vivre au plus près et ainsi de les ressentir plus intensément.
On va découvrir Emma, c’est elle la narratrice de cette histoire. On va faire des allées et des retours dans sa vie. On va découvrir une ado populaire, de celle qui sont les vedettes de leur lycée, celle avec qui on veut être amie mais celle que l’on redoute quand même voire que l’on jalouse. Celle qui attise les convoitises.
On va vivre au rythme de cette adolescence qui devient une jeune femme. Une ado qui va nous taper sur les nerfs. Une ado pas toujours sympa, on n’est pas populaire juste comme cela ! Une jeune femme sure d’elle, sur de son charme, de sa beauté, bien dans sa peau, écrasant les autres. Les bolos n’ont qu’à bien se tenir.
Et puis tout va déraper, la reine du lycée va devenir la risée du bahut, celle par qui le scandale arrive. Celle qui provoque, celle qui dérange, celle qui n’a plus sa place parmi l’élite.
Celle qui a bien cherché ce qui lui arrive, elle a vu comment elle se fringue, et puis de toute façon, n’était-elle pas une allumeuse, une fille facile.
Et oui forcément ces quatre mecs, elle ne leur a pas dit non, et puis elle n’avait qu’à pas boire autant. Elle a dû les chauffer. Bref autant d’excuse pour faire des bourreaux d’Emma les victimes de la jeune femme. C’est vrai quoi, ils sont tellement prometteurs ses jeunes gens de bonne famille, qu’est ce qu’elle cherche à les faire plonger et à gâcher leur avenir.
OUI, on en est ENCORE là.
Aujourd’hui, on entend encore ces âneries qui font que dans le cas d’agressions sexuelles, la femme n’est jamais vraiment victime.
Et oui le livre de Louise O’Neil est dérangeant, il replace le viol au centre du débat. Il interroge sur les responsabilités dans un monde régit par les hommes pour les hommes. Un monde où depuis toujours l’homme domine la femme et ce pouvoir passe par la sexualité. Un monde organisé qui bâillonne, efface et annihile les femmes, refuse de les considérer comme des égales, des participantes, des êtres humains avec des droits. Parfois même dans certaines contrées, encore aujourd’hui, on ne les considère tout bonnement pas comme des êtres vivants. Alors oui, nous n’en somme pas là dans nos pays occidentaux, mais la culture du viol reste prégnante, et malgré le mouvement « me too », malgré la parole qui se libère, malgré une prise de conscience, le poids de l’histoire humaine aidée des religions laisse encore trop de femme sur le carreau. La honte n’a malheureusement pas encore changé de camp.
Alors oui le livre Louise O’Neill est essentiel, il peut réveiller les consciences, et s’il fait peur, c’est qu’un pas à était franchi. Ce roman est foudroyant, éclairant et incontournable sur la culture du viol, il est courageux et incroyablement bien mené. Il est aussi fascinant qu’indispensable. Il devrait être mis entre toutes les mains car il nous éclaire sur ce qui est encore de nos jours le poids de la culture du viol. Un livre militant qui sous des couvert de fiction nous parle de nous et de notre société, nous donnant à voire la coté sombre et les dysfonctionnements de celle-ci.
Tout ce qui fait que j’aime tant la littérature surtout quand celle-ci tant vers le noir
Mais comment ai-je pu passer à côté de ce titre !
Bon si vous aussi vous l’avez zappé, sachez qu’il devrait sortir en poche le 10 juin prochain. Alors plus aucune excuse pour ne pas le lire.
L’avis de Mélie c’est ICI :
Brrrrr, le genre de lecture que je vais éviter aussi. Mais pourquoi est-ce que c’est toujours la victime du viol qui est jugée coupable par la société ?
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Parce que nous sommes dans une société judéo chrétienne et patriarcale, oui je sais je suis une vieille féministe de base !
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Je ne remets pas en cause ton analyse… Le côté chrétien fout le camp, c’est pas toujours pour un mieux quand on voit les nouvelles idoles des gens (faut toujours des idoles, aux gens) mais le côté patriarcal reste ancré.
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Et ce coté patriarcal nous vient des religions….
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Et la religion découle de la morale ? Ou est-ce la morale qui découle de la religion ?
On n’est pas sorti de l’auberge ! Bizarrement, tous les grands athées qui crachent sur la religion ne sont pas toujours prêt à renoncer au patriarcat… on garde toujours ce qu’on a envie et ce qui nous arrange 👿
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Le pouvoir, toujours le pouvoir, moi je m’en fout je suis la Cheffe ! ;-P
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Le pouvoir et le savoir ! Une belle leçon dans la série GOT entre Littelfinger et Cersey…
Si tu es cheffe, faut savoir cheffer, alors ! Il y a tellement de chef(fe)s qui ne sont pas capables… 🙂
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Moi je sais déléguer 😉
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J’ai du mal, je préfère faire moi-même 😀 Oui, j’essaie de me guérir…
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Il faut savoir reconnaître le talent des autres, savoir qui a les compétences, qui fait mieux que soi, et ça marche tout seul !
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J’ait toujours l’impression que le temps que je perds à expliquer, je l’ai fait moi-même ! 😆 Et puis, quand je le fais moi-même, je le fais à ma mode… Oui, je suis grave, ça ne se soigne plus.
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Là c’est grave en effet !
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On va m’abattre de suite ?? 😀
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Non, on va tenter de te faire changer !
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♫ Yé né vais pas changer ♪
Chassez le naturel, il reviendra au galop 🙂
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Au triple galot avec toi ma Belette
Moi j’aime te retrouver ! hihi
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Le galops sur mes dadas me manquent 😥 Mais je suis vivante, ma famille aussi, la santé va, donc, on fera du galop sur monsieur 🙂
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Il a intérêt à être en forme Monsieur !
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Il faiblit, je le sens bien ! mdr
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Le pauvre confiné avec une folle furieuse ! PTDR
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Très bel article Ge! Le sujet me touche beaucoup! Je le note ! Gros bisous
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Oh merci ma Gwenn, j’espère que cette fille facile te plaira autant qu’à moi !
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Très beau retour mais je passe mon tour… y a des sujets que j évite…
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Je comprends mais merci miss
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Avec plaisir 😃
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yeapa 🙂
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😄
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😉
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Belle présentation le jour de la fête des femmes 😉
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Et encore, ce soir c’est encore la fête des femmes…
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Et oui le sujet de ce roman est vraiment dans le thème de cette journée des droits des femmes. Un livre extraordinaire ceci dit !
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Merci pour le lien !
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Mais avec plaisir Mélie
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A reblogué ceci sur Le Bien-Etre au bout des Doigts.
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merci
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