Crimes au musée, sous la direction de Richard Migneault

 Ge vous donne des nouvelles

Le livre : Crimes au musée, sous la direction de Richard Migneault Paru le 8 juin 2017 chez Belfond. epub 11€99.

4e de couv :

crimes au musée

Françaises, belges ou québécoises, elles écrivent des polars. De ceux que l’on dévore. Et à la demande d’un lecteur passionné, elles se sont réunies autour d’un thème séduisant : le musée comme lieu de tous les crimes.

Musée d’art moderne, d’histoire, d’anthropologie, de sciences, du tatouage, de cire, toutes les salles sont ouvertes. En y pénétrant, l’atmosphère feutrée génère une impression de calme, de recueillement. Le sentiment de paix semble total et pourtant, nous sommes déjà sur une scène de crime, les oeuvres en présence ont été témoins de la violence, de l’horrible et du machiavélique. Crime d’honneur, meurtre passionnel, vengeance, copie meurtrière d’un tableau ou petit meurtre sans conséquence… Qu’on soit simple visiteur, touriste ou gangster aux mains rougies par le sang, tous les coups sont permis.

 

Les auteures européennes (françaises et belges) : Karine Giebel, Barbara Abel, Ingrid Desjours, Dominique Sylvain, Elena Piacentini, Marie Vindy, Danielle Thiéry, Nathalie Hug, Stéphanie de Mecquenem.
Les auteures québécoises : Andrée A. Michaud, Claudia Larochelle, Marie-Chantale Gariépy, Martine Latulippe, Geneviève Lefebvre, Florence Meney, Claire Cooke, Ariane Gélinas, Catherine Lafrance.
Ouvrage dirigé par Richard Migneault

 

 

Extraits :
« D’un mouvement gracile, ma compagne déverrouille la portière de sa Toyota, le visage tourné vers la fenêtre. Sait-elle que je l’observe par l’ouverture minuscule, voûtée au-dessus de l’évier de la cuisine, les pieds sur le comptoir ? Sans doute que oui. La chaleur se dissipe dans ma poitrine, fleurit par vagues ascendantes. Mes doigts, tatoués de minuscules étoiles, pétrissent Si les boutons de mon chemisier turquoise, ouvert depuis nos étreintes matinales. J’aurais souhaité que Théa accepte que je l’accompagne pour acheter croissants et café. Senneterre est son village d’enfance, et je comprends qu’elle ne veuille pas me présenter tout de suite à ses frères et sœurs, mais à quoi bon m’enfermer dans sa résidence abitibienne ? Je l’ai même entendue verrouiller la porte d’entrée avant de sortir »
« Pour supporter la jalousie qu’elles suscitent, elles doivent se parer d’une carapace complexe, capable de protéger la chair, le cœur, le ventre et l’âme en même temps. Sinon, meurtries, elles s’extirpent des flots, les yeux pareils à ceux de poissons morts qu’on viendrait d’hameçonner. Celles qui craignent les remous se terrent dans leurs cuisines à l’abri des médisances, et cuisinent des gâteaux et des potages jusqu’à en mourir. L’ennui et l’asservissement tuent au final bien plus sournoisement que les couches protectrices qui coupent le souffle de celles qui se maintiennent sur le champ de bataille de l’ambition et de la réussite. Un tablier de cuisinière n’a jamais sauvé autre chose que les beaux vêtements. Il faut savoir se salir les mains.« 
« Cette douleur, Virginie la connaît bien, désormais. Elle ne la quitte plus et se fait plus violente encore lorsque l’étage est désert. Lorsqu’il ne reste plus qu’une victime et son bourreau.
Une douleur qui la tue à petit feu. Lentement mais sûrement. Plus rien n’a de goût ni d’intérêt. Plus rien n’a de sens.
Travailler pour gagner sa mort »

 

Le post-it de Ge

Crimes au musée : 

Les livres oubliés de Ge

Richard Migneault récidive, mieux il persiste et signe là son troisième forfait ! Et ce n’est pas moi qui m’en plaindrais !
Directeur d’école à la retraite, fou de lecture depuis toujours, Richard Migneault s’est recyclé en amant du polar. Défenseur de la littérature québécoise et se définissant comme un passeur littéraire il s’est donné pour mission de faire connaitre les auteurs de polars du Québec, et ce, des deux côtés de l’Atlantique.
Crimes au musée est le troisième recueil d’une série dont les premiers s’intitulaient Crimes à la librairie et Crimes à la bibliothèque. En ce sens, il s’inscrit dans une certaine continuité. Pourtant, Crimes au musée se démarque par deux particularités. Les signataires de ces nouvelles sont toutes des femmes. Et surtout ces femmes sont toutes francophones car vous retrouverez dans ce recueil des écrivaines québécoises, françaises et belges.
Et j’avoue que nos drôles de dames sont vraiment douées en matière de crimes. 19 autrices pour 18 nouvelles.
Je me suis plongé dans ces 18 nouvelles qui mettent en scène un meurtre dans un musée. Et un musée comme lieu de tous les crimes, voilà qui n’est pas pour me déplaire. J’y est retrouvé avec plaisir neuf auteures européennes que j’affectionne, certaines même sont mes chouchous. Karine Giebel, Barbara Abel, Ingrid Desjours, Dominique Sylvain, Elena Piacentini, Marie Vindy, Danielle Thiéry, Nathalie Hug, Stéphanie de Mecquenem. le casting est de toute beauté.
Coté canadien je ne connais que Andrée A. Michaud. Là aussi je savais que j’apprécierai sa plume.
Quand au huit autres autrices (Claudia Larochelle, Marie-Chantale Gariépy, Martine Latulippe, Geneviève Lefebvre, Florence Meney, Claire Cooke, Ariane Gélinas, Catherine Lafrance) et bien se fut une totale découverte. du coup avec ses courtes histoires noires ou policières j’ai lu de nouvelles plumes, et j’adore ça ! Faire la connaissance de nouveaux auteurs, s’approprié leur style, leurs mots, partir vers de nouveaux horizons…
D’ailleurs la nouvelle n’est telle pas la meilleure manière de rencontrer la plume d’un ou d’une auteure. La nouvelle est un art difficile et elle révèle ainsi tout le potentiel de sa créatrice. Alors oui toutes ses nouvelles ne sont pas de la même qualité. Et si j’ai trouvé que la qualité de toutes ces nouvelles n’était pas égale. J’en ai aimé vraiment certaines, comme « L’ombre d’Alphonse », de Danielle Thiéry qui nous entraine au Musée de la préfecture de Paris avec Agatha Kristy, et oui !  Où encore «Le chef-d’œuvre », de Dominique Sylvain avec laquelle on file à Tokyo. Quelques autres nouvelle m’ont moins conquissent. Mais je ne vous dirais pas lesquelles, le mieux c’est que vous, vous fassiez votre propre opinion. Un avis par vous-même en allant visiter tous ces musées.
Le petit plus de « Crimes au musée » : à la fin de chaque nouvelle vous trouverez une petite biographie de chacune des auteures

Et si ce livre n’est plus que disponible en numérique en France, une version québécoise, un peu chère, est toujours en vente au Canada chez les éditions Druide.

 Autres extraits :
« Jim Latimer me traquait depuis le début de la nuit et j’étais à bout de souffle, à bout de ressources, à bout d’imagination. Toute la journée, j’avais couru de ruelles en impasses, empruntant un parcours labyrinthique où je m’étais plus d’une fois perdu, reprenant le même embranchement alors que je me croyais à des kilomètres de mon point de départ, marchant dans mes propres pas et repassant sous des marquises qui jetaient sur moi l’ombre glaciale des jours mortels.
Si je ne trouvais pas rapidement une solution, je n’aurais bientôt plus d’autre choix que de me réfugier dans l’un de ces bars minables où je risquais de tomber sur les hommes de Latimer, un petit chef de gang sans foi ni loi qui avait décidé d’avoir ma peau. Tout cela avait commencé la veille, quand j’avais entraîné Julia Levinsky, une femme qu’il considérait comme sienne, sur la piste de danse d’un bar rétro alors que résonnait sous les lustres étincelants la musique langoureuse de Samba Pa Ti.
J’avais encore le parfum de Julia sur la peau, là où elle avait frotté sa joue contre la mienne mais, d’heure en heure, ce parfum se couvrait d’une sueur âcre me rappelant que j’étais un homme en fuite, un rat perdu dans les dédales d’une ville impitoyable. »
 » Le Christ, à l’étroit dans un cadre doré, une couronne d’épines sur la tête, toisait les victimes comme s’il venait de les punir de sa colère divine. Le Christ aux teintes ocre, presque sanguinolentes, les bras écartés comme en supplique, contemplait d’un œil navré la cohorte ininterrompue des touristes […] « 

Lu dans le cadre de 4 défis littéraires

– Challenge Thriller et polar 2023- 2024 chez Sharon 

– Challenges Les Dames en Noir 2024 chez Zofia

  le tour du monde en 80 jours chez Bidib (France, Canada, Québec)

– Challenge Juillet Sororité chez Stelphique et année Sororité chez Collectif Polar

 

 

70 réflexions sur “Crimes au musée, sous la direction de Richard Migneault

  1. Ah trop cool des nouvelles, j’apprécie beaucoup ce format ! comme tu le dis c’est un art difficile à manier. Que des auteures, encore mieux 😉. Et avec Ingrid Desjours que j’adore et qui je trouve se fait trop rare.

    Merci Ge pour cette découverte 😍. Je ne connaissais pas cette série « Crimes à »

    Aimé par 2 personnes

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