Agent Seventeen, John Brownlow

Le livre : Agent Seventeen de John Brownlow ; traduit de l’anglais par Laurent Boscq. Paru le 9 mars 2023 chez Gallimard à la Série Noire. 23€. (503 pages) ; 21 x 14 cm

4e de couv :

L’agent Seventeen

« Vous ne connaîtrez jamais mon nom. Mais vous n’oublierez jamais mon numéro. Derrière les événements dont on vous informe, il y a les tueurs clandestins qui remettent de l’ordre. Officiellement, nous n’existons pas, et pourtant les gouvernements de tous les pays ont recours à nos services.

Ma prochaine cible est Sixteen et, un jour prochain, j’aurai Eighteen sur le dos. »

Ainsi parle l’agent Seventeen, le meilleur de tous, chargé d’éliminer son prédécesseur qui se terre dans un coin reculé d’Amérique. Leur lutte sera sans merci.

Quant à savoir à qui profite le crime…

L’auteur : Né en 1964 en Angleterre, John Brownlow a fait des études de lettres à Oxford avant de débuter comme photographe puis réalisateur de documentaires. Scénariste talentueux – le film Sylvia, les séries Fleming et Miniaturiste -, il est également journaliste d’investigation. Il s’est établi en 2000 au Canada, au bord du lac Huron, où il écrit la suite de L’agent Seventeen.

 

extraits :
« Être un agent secret, ce n’est pas ce que tu penses.
C’est chiant.
Je ne veux pas dire chiant dans le sens sans intérêt.
Je veux dire chiant parce que tu te prends la tête, tu serres
les fesses et tu grinces des dents (…)
C’est parce que tu es un agent – ou plutôt, comme te le
rappelle ton intitulé de poste à chaque entretien d’évaluation de plus en plus négatif, un analyste (…)
Et ta vie passe au goutte-à-goutte pendant que tu écoutes
les interminables enregistrements au son pourri . (…)
Il y a du bon aussi. Parfois, on te laisse scanner des images satellite du désert mongol ou érythréen jusqu’à ce que tu pleures des larmes de sang. Jusqu’à aujourd’hui, le moment le plus excitant de ta carrière, c’est le jour où tu avais cru repérer un silo à missile en construction dans la péninsule nord-coréenne. Mais quand tu avais apporté la photo à ta superviseuse, elle t’avait expliqué qu’il s’agissait d’une station d’épuration.
Enfin, c’était déjà bien d’essayer. »
« Être un agent secret, ce n’est pas ce que tu penses. C’est chiant. Je ne veux pas dire chiant dans le sens sans intérêt. (…)
Ce que je dis c’est que tous ces trucs que tu vois à la télé et au cinéma, les voyages à fond la caisse dans des contrées exotiques dans des voitures de sport voyantes, les fuites par les toits en faisant du parkour pour éviter les rafales d’automatiques, les idylles avec des célébrités glamour aux origines ethniques variées et aux allégeances suspectes, et la suppression à distance avec des armes silencieuses de cibles choisies pour des raisons qui restent opaques jusqu’au troisième acte, quand les méchants réapparaissent en masse pour te botter le cul, rien de tout ça n’existe. Absolument rien. Pas même un tout petit peu. À moins d’être moi.
À moins d’être moi. »
« En ce qui concerne la visibilité, il y a deux écoles.
Tu peux être visible ou invisible.
Il n’y a pas d’entre-deux. (…)
Tu n’as pas d’empreintes digitales. Tu n’utilises pas de
carte de crédit. Tu te sers des téléphones à cartes prépayées,
que tu changes chaque semaine, voire plus. Ou encore
mieux, tu n’en as pas du tout. Partout où c’est possible, tu
privilégies les communications physiques, les boîtes aux
lettres dormantes et les services postaux. Tu restes analogique
dans un monde fait de un et de zéros.
La sécurité par l’obscurité.
Le seul problème, c’est que ça ne marche pas. Plus maintenant.
Tu vas te faire baiser par les mesures biométriques. (…)
L’autre école de pensée?
La sécurité obtenue en en faisant carrément des tonnes.

Le post-it de Ge

Agent Seventeen, John Brownlow

Je dois dire que quand j’ai reçu ce bouquin j’ai tout de suite été intriguée. Intriguée par le titre tout d’abord mais aussi par l’auteur que je découvre alors qu’il a déjà 60 ans. Et puis aussi par le ton de ce polar…Chaque fois que je reçois un bouquin, je lis les cinquante premières pages avant de décider si je le continue de suite ou si ce titre va venir grossir ma PAL. Et là j’ai été tout de suite happée par l’originalité du style, cette façon dans l’auteur a décidé de faire raconter cette histoire par son héros. Tout à la première personne du singuliers comme si nous étions dans la tête de l’agent Seventeen.

« Appelez-moi dix-sept. Je n’ai pas d’autre nom, plus maintenant. Seize tueurs ont fait ce travail avant moi. Officiellement, je n’existe pas, mais tous les gouvernements m’utilisent. Je suis le tueur à gages le plus redouté au monde .Mais personne ne fait ce travail longtemps. Parce que pour être le meilleur, il faut battre le meilleur, et il y a des rivaux à mes trousses. Mes jours sont comptés. « 

Tueur à gages de haut niveau, l’agent Seventeen est missionné pour exécuter des missions un peu partout dans le monde. Mais cette fois c’est un peu différent, on lui demande d’éliminer son prédécesseur,  Sixteen, qui vit retranché dans un coin reculé d’Amérique. Alors qu’il est sur le point d’accomplir son contrat, notre tueur comprend qu’il a été manipulé.

On va donc suivre notre agent secret dans tous ses péripéties. Et il va y en avoir. C’est ce qui fait le piment de ce polar, ça va à cent à l’heure, on passe d’un chapitre à un autre sans s’en rendre compte. Il faut dire qu’ils sont plutôt très courts et qu’ainsi les pages s’enchainent à un rythme effréné comme l’action ou devrais-je dire les actions, de ce roman policier fleurtant avec le roman d’espionnage et le thriller politique.

J’avoue j’ai beaucoup aimé cette histoire, c’est frais et divertissant même si tout au long du roman la tension monde crescendo. La traque de Sixteen n’ai pas de tout repos.  Je ne sais pas si notre auteur avec cet agent seventeen réinvente le roman tueur à gages mais ce qui est certain c’est que ce thriller est captivant de bout en bout, que l’intrigue est menée avec brio et que le tout est astucieux;  Bref voilà un polar qui fait intelligemment le job. Un très bon moment de lecture.

Autres extraits
« Je ne t’ai pas dit mon nom. C’est parce que ce n’est plus
le mien. C’est celui d’un autre, quelqu’un qui était moi mais que j’ai cessé d’être il y a longtemps. Il ne reste probablement pas dix individus vivants qui gardent un souvenir de cette personne, pas à cause de moi, mais parce que cette personne était nulle, un zéro, un chiffre, une phrase vide de sens.
Je l’ai laissée derrière. Elle ne me manque pas, et je ne lui
manque pas non plus.
Pour les gens que je croise tous les jours, je suis celui qu’il
leur convient de penser que je suis. Ce n’est pas plus une
question de faire semblant que de jouer la comédie. Il s’agit d’être. Le truc génial quand tu n’as pas d’identité réelle et de personnalité fixe, c’est que tu peux te glisser d’un personnage à un autre comme ces bernard-l’hermite qui changent de coquille chaque fois qu’il y a trop de vaisselle sale dans l’évier.
Pour les gens du métier, je ne suis qu’un mot.
Madonna, Cher, Pelé, Michel-Ange, Platon, Seinfeld,
tous réunis en une seule personne.
Je suis Seventeen.
Plus jeune que tu ne l’aurais cru.
Bien entretenu, exubérant, parfois un peu trop bruyant.
Avec un de ces accents américains difficiles à situer.
Un peu antipathique.
En fait, non. Parfaitement exécrable.
Et si tu ne m’aimes pas, aucun problème. Dans ce boulot,
on s’en fout d’être aimé.
On m’appelle Seventeen parce qu’il y en a eu seize avant
moi. »
« Dans le coffre de ma chambre, il y a une petite enveloppe à bulles cachetée. À l’intérieur de l’enveloppe, un sachet en plastique. Et dans ce sachet, une carte mémoire de 64 gigas, pas plus grosse qu’un ongle. Elle est encore couverte de sang. Et quelque part dans le métro, vers le terminus de la ligne U9, il y a des policiers allemands perplexes devant le cadavre qu’ils viennent de découvrir, celui d’un barbu d’une cinquantaine d’années arborant une coupe au bol à la Jeanne d’Arc. Une rame l’a décapité, et ils auraient pu conclure à un suicide de plus, si le type n’avait pas d’abord été étranglé, éventré, puis éviscéré. »

 

Lu dans le cadre de 3 défis littéraires

– Challenge Thriller et polar 2022- 2023 chez Sharon 

– Challenge British Mysteries 2023  chez Hilde et  Lou 

–– le tour du monde en 80 jours chez Bidib (Grande Bretagne)

10 réflexions sur “Agent Seventeen, John Brownlow

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