La tristesse du Samouraï de Victor del Arbol

Le livre : La tristesse du Samouraï de Victor del Arbol ; traduit de l’espagnol par Claude Bleton -Paru le 4 janvier 2012 chez Acte Sud, Actes Noirs. Réédité en poche le 04/01/2013 chez Babel – Collection Babel Noir. 9.20 €.  (473 pages) ; 18 x 11 cm

4e de couverture

En ce rude hiver 1941, une femme élégante arpente les quais de la gare de Mérida au petit matin. Elle presse la main de son plus jeune fils et écrit à l’aîné, qu’elle s’apprête à abandonner, les raisons de sa fuite. Le train pour Lisbonne partira sans elle, qui vient de disparaître pour toujours. L’enfant rentre seul chez son père, obnubilé par le sabre qu’un homme vient de lui promettre.

Des années plus tard, une avocate envoie sous les verrous un inspecteur jugé coupable d’une bavure. Elle ne sait pas qu’elle ouvre ainsi une terrible boîte de Pandore, libérant quatre décennies de vengeance et de haine dont elle ignore tout et qui pourtant coulent dans ses veines.

Se jouant d’un contexte historique opaque, de l’après-guerre espagnol à la tentative de coup d’Etat de février 1981, La Tristesse du Samouraï est un intense thriller psychologique qui suit trois générations marquées au fer rouge par une femme infidèle. L’incartade a transformé les enfants en psychopathes, les victimes en bourreaux, le code d’honneur des samouraïs en un effroyable massacre. Et quelqu’un doit laver le péché originel.

L’auteur : Né à Barcelone en 1968, Victor del Árbol est un romancier espagnol, auteur de roman policier.
Il fait ses études supérieures en histoire à l’Université de Barcelone. De 1992 à 2012, il travaille comme fonctionnaire du gouvernement de la Catalogne (corps de la police régionale catalane Mossos d’Esquadra). Il participe également à une émission radiophonique de Ràdio Estel.
Il amorce une carrière d’écrivain avec la publication en 2006 du roman policier Le poids des morts (El peso de los muertos). C’est toutefois la parution en 2011 de La tristesse du samouraï (La tristeza del samurai), traduit en une douzaine de langues et best-seller en France, qui lui apporte la notoriété. Pour ce roman, il remporte plusieurs distinctions, notamment le prix du polar européen 2012.
En 2015, son roman Toutes les vagues de l’océan (Un millón de gotas, 2014) remporte le grand prix de littérature policière du meilleur roman étranger et en 2018 le prix SNCF du polar 2018.
En 2016, il reçoit le prix Nadal pour La veille de presque tout (« La víspera de casi todo, 2016). En 2017, il publie Par-delà la pluie (Por encima de la lluvia).

Extraits :
« Ce que tu ressens, c’est la liberté, disait Marcelo. Ton corps s’ébroue dans le froid du matin, salue le premier rayon de soleil qui le réchauffe, s’émeut d’une soupe chaude parce que l’estomac crie famine. Tes yeux admirent l’immensité des paysages d’où l’homme fut un jour arraché pour être enfermé dans des usines immondes. Si chaque ouvrier, chaque paysan était capable de retrouver cette sensation d’humanité, crois-tu qu’il voudrait encore vivre en esclave ? »
« Le bourreau avait un aspect discret, l’air d’un brave père de famille assidu à la messe dominicale. Il arrivait tôt, avec sa petite mallette en cuir […]. Il ouvrait la mallette devant Marcelo, étalant sur la table une rangée de fers et d’ustensiles aux formes étranges et sinistres. Il les classait du plus grand au plus petit, expliquait de façon didactique à quoi ils servaient et comment les utiliser, et décrivait les conséquences et le degré de douleur qu’ils pouvaient infliger. Après cette introduction, il retroussait ses manches et, en toute innocence, se tournait vers la victime atterrée, convenablement attachée sur son siège et lui disait :
– Avez-vous des questions ? Non ? alors, si vous le voulez bien, nous allons aborder les travaux pratiques. »
« Il souriait avec cynisme, convaincu que rien n’avait changé depuis 1936. Toutes les énergies, tout le sang versé dans cet affrontement n’avaient servi à rien. Franco était mort depuis cinq ans, et les vices refleurissaient comme les mauvaises herbes. L’Espagne était de nouveau une friche à vocation de désert, habitée par de pauvres bêtes nihilistes. »

 

La chronique jubilatoire de Dany

La tristesse du Samouraï de Victor del Arbol

L’Espagne en 1980 sort à peine de la dictature. Ses nostalgiques sont encore au pouvoir et souhaite s’y maintenir.

Maria est avocate. Elle vient d’apprendre qu’elle est gravement malade. Elle est convaincue d’avoir contribué à une erreur judiciaire et va devoir renouer avec son passé pour tenter de rétablir la vérité et au risque de découvrir l’histoire peu glorieuse.de sa famille. Elle devra contacter Lorenzo son ex pour étayer ses hypothèses, elle découvrira le rôle ignoble joué par son propre père, elle mettra en péril sa relation avec Greta son amoureuse, elle devra approcher les conspirationnistes au risque de s’y brûler les ailes…

C’est aussi l’histoire d’une fratrie où Fernando a souffert de sa condition de soldat envoyé sur le front de Russie et Andres, différent et psychotique qui sera subjugué par le sabre du Samouraï.

C’est enfin un enlèvement, enjeu douteux d’une injustice.

Je n’en dirai pas davantage sur l’intrigue, la 4ème de couverture est suffisamment explicite. A vous de reconstituer le puzzle.

Ce thriller est un roman d’ambiance. Une ambiance pesante du souvenir des années de dictature avec de nombreux retours-arrière, une ambiance suspicieuse des années post-Franco, dans le magma des influents d’hier qui comptent bien survire même au prix d’un coup d’Etat.

L’auteur a brossé un portrait sans concession de la classe politique de l’époque dans ce thriller éminemment sociétal, égratignant les ambitieux à l’instar de Publio le Député, comme les mercenaires à leur solde. Il décrit un fait réel de la préparation d’un coup d’Etat en 1981.

Ce roman de 2011, le deuxième de Victor del Arbol est une révélation pour moi. C’est ma première lecture de cet auteur éminemment sympathique que j’ai eu la chance de rencontrer aux T(h)ermes noirs en juin dernier. N’hésitez pas à aller à sa rencontre ! Quant à moi je vais poursuivre la découverte de sa bibliographie avec beaucoup d’intérêt et de plaisir.

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