Green Lady, Aeph

Une journée Fantastique sur Collectif Polar

 Chères Polardeuse, cher polardeux, et vous ami.es lecteur.trices, si vous avez bien suivi mes pérégrinations les semaines passées, vous savez déjà sans doute qu’en cette fin d’été et au début de l’automne, je lirai autant ou plus de SFFF que de polar.

La preuve aujourd’hui


Le livre : Green Lady, Aeph. Paru en juillet 2018 chez YBY éditions. 6€50. (96 pages) ; 11×18 cm

4e de couv :

Alice, un hologramme domotique, attend Monica chaque soir en l’accueillant d’une voix bienveillante. Elle prend soin de sa propriétaire qui, solitaire, se satisfait de cette unique relation dans sa vie. Pourtant, lorsque Monica entend parler de #prometheus, elle pense avoir trouvé le cadeau parfait pour offrir à l’intelligence artificielle une expérience plus authentique du monde.

L’auteur : Dès qu’il a pu, Aeph a commencé à raconter des histoires. Créateur frénétique d’univers de fiction, il passe constamment des uns aux autres. Le jeu de rôle, écrire, créer des univers et des personnages sont sa soupape de sécurité dans une existence manquant bien trop de fantaisie à son goût. Plus S-F que fantasy à la base, il se soigne depuis quelques années après avoir redécouvert Conan en anglais dans son texte original.

 

Extraits :
« — Le repas est bientôt prêt, l’appela Alice depuis le salon.
Monica revint dans la pièce à l’aveugle, un pull à moitié passé sur la tête, et heurta une étagère avec un cri de surprise. Le meuble bascula sur Alice et la traversa. »
« — Ça va, tu n’as rien ?
Alice cligna des yeux. Elle se retint de rappeler à la jeune femme qu’elle n’avait aucune substance et que même si ça avait été le cas, elle n’aurait pas été programmée pour ressentir la douleur. À ses débuts, elle aurait fait l’erreur. Plus maintenant.
Elle préféra donc jouer le jeu, une attitude illogique et foncièrement humaine qu’elle
avait apprise au contact de Monica.
— Tout va bien, merci, dit-elle en époussetant ses vêtements inexistants. Le repas est prêt, tu me rejoins à table ? »
« Les hologrammes comme Alice tenaient compagnie aux gens contraints à la solitude par leur physique, leur travail, leur inaptitude en société… En ce qui concernait Monica, ses yeux bruns brillaient d’intelligence au milieu d’un visage aux traits bien dessinés, mais elle manquait d’assurance et ne faisait aucun effort pour entretenir une vie sociale. »

Le post-it de Ge

Green Lady, Aeph

Il y a quelques semaines, je me suis rendu à la librairie « Les mots à la bouche » car je cherchais de la littérature de l’imaginaire inclusive.  Et bien là avec  ce petit bouquin je n’ai pas été déçu.

Mais laissez-moi vous raconter cette histoire asexuelle, noire, racisée et saphique, oui rien que ça. Et peut-être même plus.

C’est l’histoire de Monica et Alice.

Monica est une jeune femme noire et handicapée. Elle passe ses journées chez elle et ne sort que pour aller au bureau, faire les courses, se rendre à la clinique… Elle ne reçoit jamais personne.

Alice, elle n’est pas une personne, mais une intelligence artificielle à processus heuristique : elle peut s’adapter à son environnement en apprenant et en modifiant son code de façon dynamique et évolutive.

Alice veille sur Monica depuis que celle-ci a été victime d’une attaque bioterroriste.

Monica a une vie monotone, surtout qu’elle travail dans un abattoir où des animaux clonés sont tués de manière ignoble et transformé en nourriture en autre. ( Et oui ces clones ne sont pas soumis à la loi de la protection animale). Il y a une scène en particulier qui est difficilement soutenable. Mais elle n’est pas là pour le sensationnel, non, elle illustre parfaitement ce que ne doit pas être notre relation à l’animal et au vivant tout entier.

Il est aussi ici question de notre rapport à l’autre. Monica et Alice sont différente, vous l’avez compris et pourtant c’est deux là vont réussir à s’apprivoiser mieux à s’aimer.

Bref Monica et Alice vont veiller l’une sur l’autre…jusqu’au jour où Monica décide de faire une surprise à Alice pour son anniversaire… Mais là je ne vous en dirais pas plus afin de vous laisser le plaisir de découvrir cette merveilleuse Novella.

Oui merveilleuse, parce qu’il faut dire que l’écriture de notre auteur est tellement fluide, sensible et aussi visuel qu’on a aucun mal à plonger dans ce récit post apocalyptique. Aept a besoin de peu de mots pour nous décrire ce monde futuriste. J’ai eu l’impression d’être dans une projection augmentée de notre société. Une société toujours plus, mais pas forcément en bien, plus consumériste, plus productive, plus connectée, plus liberticide, plus sexuée et sexuelle aussi et du coup moins sociale, moins solidaire moins tournée vers l’humain. L’humain ici est une machine comme les autres. J’ai d’ailleurs apprécié cette réflexion sur notre humanité, sur le  transhumanisme aussi. L’humain augmenté ne devient-il pas une intelligence artificielle lui aussi ?

C’est fou comme en moins de 90 pages notre auteur nous embarque avec lui dans une aventure totalement immersive. En moins de 90 pages, on passe en revue tout un tas de sujet d’actualité et de questionnement actuel sur le monde que l’on souhaite pour demain.

Je vous le répète mais j’ai adoré cette novella et le regard positif qu’elle nous fait poser sur les choses.

Un peu comme dans un rêve où les différences seraient une forces, où humain, IA et nature ne seraient qu’un tout et où notre avenir pourrait être un monde meilleur et non pas le meilleur des mondes

D’ailleurs, il serait bon aussi que je relise Aldous Huxley tant que j’y suis…

Ah oui, et j’allais oublier de citer les illustrations de Diego Tripodi qui parsèment avec justesse ce court roman. Et lui dire aussi combien je trouve belle la couverture de cette Green Lady 

Autres extraits :
« Les lois contre la cyberdépendance avaient été allégées des années plus tôt.
Ces asociaux coûtaient moins cher à la société quand on ne leur imposait pas de thérapies remboursées… Tant qu’ils restaient productifs, c’était inutile de les forcer à rentrer dans le rang. »
« Jusqu’à présent, les faits avaient donné tort aux sociologues qui prédisaient le cloisonnement et même l’extinction de l’espèce humaine. Les cas d’extrême isolation de ce genre étaient une minorité à l’échelle mondiale. L’être humain restait un animal social, et la technologie reflétait cette nature. »
« Le robot policier ne lèverait pas le petit doigt. C’était le principe de la privatisation de la police et des pompiers »

Lu dans le cadre de 4 défis littéraires

– Challenge Thriller et polar 2023- 2024 chez Sharon 

  le tour du monde en 80 jours chez Bidib ( Monde)

–  Shiny Summer Challenge 2023 chez Camille

Pile à lire en déraoût ☀️ L’été je suis flemmartiste

#PALENDEARAOUT2023

 

23 réflexions sur “Green Lady, Aeph

  1. Seulement 90 pages ? Avec tous ces sujets évoqués, je m’attendais à un roman bien plus épais en lisant ta chronique. 🤭 Il a l’air très intéressant vu toutes les questions qu’il englobe, mais je ne suis pas une grande adepte de SF, alors je ne suis pas certaine d’être bon public. Et la scène de l’abattoir (clone ou pas) me fait déjà mal au cœur sans même l’avoir lue. Merci Ge pour ce retour !

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