Grand comme le monde, Lou Valérie Vernet

Le livre : Grand comme le monde de Lou Valérie Vernet. Paru le 22 juin 2023 chez M+ Editions. 18.90 €.  (160 pages) ; 22 x 15 cm

4ème de couverture :

Pour la première fois, il tourne le dos à la caravane, au bois, à tout ce qu’il connait. Il tourne le dos au père et il répète : Je pars. Qu’est-ce qu’il pourrait dire d’autre ? Je pars pour dire le poids du corps, la brûlure du silence, la solitude, l’inévitable et le devoir. Je pars pour dire en un mot ce que mille ne sauraient révéler. Pour ne pas user le peu de force qu’il lui reste et d’un geste de la main montrer au loin ce qu’il laisse en haussant les épaules…. Un silence à hauteur d’homme, tapi dans le cœur d’un enfant. Ainsi débute l’histoire de Pepo. Une nuit de décembre, le père meurt. Commence alors pour l’enfant un long chemin d’apprentissage pour revenir au centre des hommes et de la Ville, celle qui, parait-il, avale la tête des gens. Tiraillé entre le besoin de vivre sa propre destinée et celui de ne pas trahir ses origines, il n’aura de cesse de faire des allers-retours entre sa vie d’enfant sauvage et son envie de retrouver une place dans le monde. Une histoire forte, universelle, incarnée. Véritable ode à la liberté et à la littérature.

L’auteur : Passionnée, libre, têtue et un peu barrée, Lou Vernet est une autodidacte. Ses premiers écrits (poésie, recueil de nouvelles) remontent à son adolescence. Elle se lance dans le roman à 35 ans. Par ailleurs, nomade des grands espaces et sommets, Lou s’inspire de ses voyages autour du globe et de ses rencontres pour tirer des leçons de vie et une vision positive du monde quel qu’en soit le prix. Elle s’est également fait un nom dans l’univers du polar avec ses romans La toile aux alouettes et Un trop grand silence, tous deux primés en 2018 du Prix Polar CMB.

Sa devise : « Ne prenez pas la vie au sérieux, de toute façon vous n’en sortirez pas vivant » B.Fontenelle

Extraits :
« Chaque guerre a ses victimes. Et ce ne sont jamais les morts – tu penses les pauvres, là où ils sont, ils ont déjà tout oublié – mais ceux qui restent et portent la croix et toutes les réminiscences engrangées sans même s’en apercevoir. Il suffit d’un parfum, d’une couleur, d’un geste et le cœur te recrache tout ce par quoi il est passé. Et ça n’en finit pas de devoir crever toutes ses bulles de bonheur, une à une, il faut encore que passe le temps, qui lui n’est pas pressé. Qui se repaît de souvenances en les déformant. L’idéal n’est jamais loin. »
« Est-ce qu’une route mène à une autre, toujours, sans s’arrêter, jusqu’au bout du monde ? Ou bien, à un moment donné, tout s’arrête et l’on tombe. Comme dans son cauchemar. »
« Une part de lui sait que tout s’est joué là, qu’il aura beau chercher ailleurs, il ne trouvera pas mieux. Tous les livres, toutes les histoires le disent. À la fin d’une vie, seuls quelques souvenirs subsistent vraiment. Reste en mémoire ce qui a le plus compté, de pire comme de meilleur. »

 

La chronique jubilatoire de Dany

Grand comme le monde de Lou Valérie Vernet

Ce roman est intemporel, initiatique : Pepo y déroule sa jeune vie à la manière du Petit Prince, seul, en se nourrissant de chacune de ses rencontres. Peut-être est-il à la recherche de ses origines ? Peut-être en quête de sens à son cruel destin ?

Il est bien jeune Pepo lorsqu’il est confronté à la mort. La mort du père avec qui il vit seul, dans une relation fusionnelle. Sa mère ? Il n’en connaît pas la vie, ne l’a jamais rencontrée. Quant au maître d’école, il lui fera découvrir les livres et leur formidable pouvoirs.

Alors qu’il est recueilli par un clan de gens du voyage, qui l’entourent de bienveillance et contribuent à son éveil à la vie, Pepo sait déjà qu’il partira, seul, loin des femmes de sa vie qui l’ont fait grandir. Non pas à la recherche de la mère, mais de la voie.

Lou Vernet nous offre un roman atypique, au suspense bien présent comme l’est celui de la vie, de l’avenir qui s’offre ou s’impose, trajectoire suspendue aux cahiers manuscrits qu’il attribue au père disparu, véritables recueils de sagesse. Avec un style bien personnel, l’auteure nous entraîne avec enthousiasme dans le monde de Pepo, cet enfant grandi trop vite, confronté au malheur avant même sa naissance et qui aura comme but de grandir avec humanité et une place centrale laissée à la littérature.

Lecteurs sachez que ce court roman mérite votre attention et vous poussera à la méditation. Consacrez-y du temps et évitez de trop morceler votre lecture, vous n’en sortirez que plus apaisé. Très bon moment de lecture, capable de faire écho au passé de chacun.

Je remercie l’auteure pour sa confiance.

Lu en version numérique

 

Autre extrait :
« Il a lu autant qu’il y a eu de jours transformés en semaines, en mois et en années. Dévorant tout ce qui pouvait assouvir sa soif de connaissances et d’émotions, cherchant à satisfaire son besoin d’évasion, de repli intérieur, de barrière mentale. Chaque livre étant comme une nouvelle porte vers la guérison, une marche de plus vers une forme de sérénité et d’acceptation. Tout ce qu’il ne savait pas il l’apprenait, le découvrait, le rêvait dans les yeux de quelqu’un d’autre. Même si certains romans contenaient des litres d’eau salé qui pouvaient à tout moment vous tomber dessus, c’était toujours moins douloureux que vivre un seul jour sans le père. Sauf quand il tombait sur des livres d’histoires. Des vrais. De ceux qui témoignaient à cœur ouvert, blessé, meurtri et à corps déchiré, lapidé, éventré, incinéré, violé, battu, dépossédé. Ceux-là étaient les pires. Le plus souvent, il les évitait. C’était trop d’horreur à imaginer. »

 Ce roman participe au Challenge Juillet Sororité chez Stelphique

 

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