Ceci n’est pas un fait divers, Philippe Besson

Le livre : Ceci n’est pas un fait divers de Philippe Besson. Paru le 5 janvier 2023 chez Julliard. 20€. (203 p.) ; 21 x 14 cm

4e de couv :

Ils sont frère et sœur. Quand l’histoire commence, ils ont dix-neuf et treize ans.

Cette histoire tient en quelques mots, ceux que la cadette, témoin malgré elle, prononce en tremblant : « Papa vient de tuer maman. »

Passé la sidération, ces enfants brisés vont devoir se débrouiller avec le chagrin, la colère, la culpabilité. Et remonter le cours du temps pour tenter de comprendre la redoutable mécanique qui a conduit à cet acte.

Avec pudeur et sobriété, ce roman, inspiré de faits réels, raconte, au-delà d’un sujet de société, le long combat de deux victimes invisibles pour réapprendre à vivre.

L’auteur : Philippe Besson est né en 1967. est auteur, dramaturge et scénariste français, anciennement homme d’affaires. Il a été également critique littéraire et animateur de télévision.
Il est diplômé de l’École supérieure de commerce de Rouen et titulaire d’un DESS de droit. En 1989, il s’installe à Paris où il exerce une profession de juriste et enseigne le droit social. Pendant près de 6 ans, il sera le bras droit de Laurence Parisot, en tant que DRH puis secrétaire-général de l’Institut français d’opinion publique. Par la suite, il sera DRH de T-Online France – Club Internet.
En 1999, il publie « En l’absence des hommes », récompensé par le prix Emmanuel-Roblès. En 2001, il publie « Son frère » qui sera retenu pour la sélection du Prix Femina. L’adaptation cinématographique avec Bruno Todeschini et Eric Caravaca dans les rôles principaux qu’en fera Patrice Chéreau en 2003, recevra l’Ours d’argent au festival de Berlin. Il relate sa première histoire d’amour alors qu’il était adolescent dans son roman, « Arrête avec tes mensonges » (2017), qui devient une trilogie. Le roman est adapté au cinéma, réalisé en 2023 par Olivier Peyon et interprété par Guillaume de Tonquédec et Victor Belmondo. Il est notamment l’auteur de   L’Arrière-saison et de De là, on voit la mer  mais aussi de Arrête avec tes mensonges , Le Dernier Enfant et Paris-Briançon et bien d’autres…
Extraits : 
«  On croit toujours que la mort de ses parents surviendra tardivement, calmement, et quand on aura eu le temps de s’y préparer. On redoute la maladie. On écarte l’hypothèse de l’accident ; par manque d’imagination, ou par superstition. On n’envisage jamais le meurtre. Jamais l’exécution. Ça n’arrive que dans les films, ou dans les journaux à scandale»
« Nous ne devions pas juger seulement un fait divers, mais un fait social. Nous ne devions pas parler d’une dispute conjugale qui aurait mal tourné, mais bien de l’aboutissement d’un continuum de violence et de terreur. Nous ne devions pas parler d’un meurtre, mais de la volonté d’un homme d’affirmer son pouvoir, d’asseoir sa domination. Et de l’aveuglement de la société. Et de la peur de la nommer. »
«  » (Un détail, en passant: le mot « féminicide » est souligné en rouge dans le traitement de texte que j’utilise, comme le sont les mots qui n’appartiennent pas au dictionnaire. En fait, ce n’est pas un détail.) » »

Le petit avis de Kris

Ceci n’est pas un fait divers – Philippe Besson

Philippe Besson a une approche du féminicide bien à lui. Il a choisi d’aborder ce triste sujet en se penchant sur les dommages collatéraux, c’est à dire les enfants qui subissent de fait le plus grand choc de leurs jeunes existences.

Léa, 13 ans, vit chez ses parents à Blanquefort, en Gironde, tandis que son frère, 19 ans, est parti à Paris étudier la danse. Un jour, ce dernier reçoit un appel de sa soeur affolée qui lui apprend que leur mère a succombé sous les coups de leur père. Il saute aussitôt dans un train et découvre, sur place, l’effroyable réalité : le cadavre de sa mère, sa soeur mutique et son père en fuite.

Avec une écriture toute en finesse et délicatesse il décrit le ressenti de ces deux enfants qui, tout au long de leur vie se diront « Mon père à tué ma mère ».

autre extrait :
«  Et puis sont apparus d’autres signes inquiétants. Quelquefois, alors que nous étions en train de discuter, à table, ou au cours de nos balades au parc, elle se taisait, elle pouvait même s’arrêter au milieu d’une phrase, comme si on avait abaissé un interrupteur, coupé le courant. Et on avait l’impression qu’elle n’était plus du tout avec nous, elle ressemblait à une poupée posée sur une chaise, ou a un automate dont le mécanisme se serait enrayé. Dans ces cas-là, m’a expliqué le psy, elle faisait probablement le noir en elle, pour annuler temporairement la réalité.
Parce que la réalité, c’était une mère au fond d’un trou dans un cimetière et un père dans une cellule. La réalité, c’était que la personne à laquelle elle était le plus attachée avait été tuée, massacrée par la personne qui était supposé incarner la protection. Et on avait beau s’efforcer de fabriquer de la normalité, tous les jours, on n’arriverait jamais à faire disparaitre cette réalité-là »

15 réflexions sur “Ceci n’est pas un fait divers, Philippe Besson

  1. Bon dimanche gente dame 🤩
    Je te renvoie à ma chronique sur ce livre qui m’a quelque peu hérissé. A la fin de celle-ci j’y ai mis un ajout, ne sachant pas que ce livre avait été écrit suite à la confession du jeune homme du livre à l’auteur, au hasard d’une rencontre qui devait probablement être faite. Je reviens te mettre le lien 😉

    J’aime

  2. Bon et bien voilà je suis jaloux de ta rencontre Kris avec le formidable auteur Philippe Besson 😉 C’est sans doute un de ses romans les plus importants. Il m’a profondément marqué. A mon sens, c’est un des grands romans de cette rentrée littéraire de janvier 2023. Merci pour ce retour Kris ! ✨🙏😊

    Aimé par 1 personne

Vous avez la parole, laissez un commentaire, ça fait toujours plaisir.