Le silence et la colère de Pierre Lemaître

Le livre : Les années glorieuses vol 2 : Le silence et la colère de Pierre Lemaître – Paru le 10 janvier 2023 chez Calmann-Lévy – collection Littérature –  23.90 € ( 592 pages) ; 15 x 22 cm

4ème de couverture :

Après l’immense succès du Grand Monde
Un ogre de béton, une vilaine chute dans l’escalier, le Salon des arts ménagers, une grossesse problématique, la miraculée du Charleville-Paris, la propreté des Françaises, « Savons du Levant, Savons des Gagnants », les lapins du laboratoire Delaveau, vingt mille francs de la main à la main, une affaire judiciaire relancée, la mort d’un village, le mystérieux professeur Keller, un boxeur amoureux, les nécessités du progrès, le chat Joseph, l’inexorable montée des eaux, une vendeuse aux yeux gris, la confession de l’ingénieur Destouches, un accident de voiture. Et trois histoires d’amour.
Un roman virtuose de Pierre Lemaitre
Les romans de Pierre Lemaitre ont été récompensés par de nombreux prix littéraires nationaux et internationaux. Après une remarquable fresque de l’entre-deux-guerres, il nous propose aujourd’hui une plongée mouvementée et jubilatoire dans les Trente Glorieuses.

L’auteur : Né à Paris en 1951, Pierre Lemaitre est un écrivain et scénariste français.
Fils d’employés de sensibilité politique de gauche, il passe son enfance entre Aubervilliers et Drancy.
Psychologue de formation, et autodidacte en matière de littérature, il effectue une grande partie de sa carrière dans la formation professionnelle des adultes, leur enseignant la communication, la culture générale ou animant des cycles d’enseignement de la littérature à destination de bibliothécaires.
Il se consacre ensuite à l’écriture en tant que romancier et scénariste, vivant de sa plume à partir de 2006.
Avec son premier roman Travail soigné, qui a obtenu le Prix Cognac en 2006, il rend hommage à quelques-uns de ses maîtres, Bret Easton Ellis, Émile Gaboriau, James Ellroy, William McIlvanney, en faisant d’œuvres de ces écrivains des protagonistes de son intrigue.
Son deuxième roman, Robe de marié (2009), un exercice explicite d’admiration de l’art hitchcockien a obtenu le prix du Meilleur polar francophone.
En 2010, Lemaitre aborde le thriller social avec Cadres noirs, inspiré d’un fait divers réel survenu en 2005 à France Télévisions Publicité, prix du Polar européen du Point.
Les grands moyens (2011) (revue par l’auteur sous le titre Rosy & John en 2013), feuilleton numérique, est une enquête de Camille Verhœven, en marge de la trilogie commencée avec Travail soigné, poursuivie avec Alex (2011, Prix des lecteurs du Livre de Poche 2012) et achevée avec Sacrifices (2012) qui voit la conclusion de la destinée du héros.
En 2013 sort Au revoir là-haut, récompensé du Prix Goncourt 2013. Il est adapté au cinéma par Albert Dupontel en 2017, sous le même titre, avec Laurent Lafitte. En 2018, le film reçoit de nombreux César dont celui de la meilleure adaptation et de la meilleure réalisation.
En 2016, Lemaitre renoue avec le roman noir avec Trois jours et une vie qui raconte la destinée d’un assassin de 12 ans. Le roman est adapté au cinéma en 2018 par Nicolas Boukhrief avec Charles Berling, Sandrine Bonnaire et Philippe Torreton.
Couleurs de l’incendie (2018) est le second volet de la trilogie ouverte avec Au revoir là-haut. Au même moment sort Rosie, le premier volet de Brigade Verhoeven, en bande dessinée, suivi de « Irène » (2019).
En 2022, il entame une nouvelle saga familiale avec la parution du roman Le Grand Monde.
Ses romans sont traduits en trente langues et plusieurs sont en cours d’adaptation au cinéma et au théâtre.
Extraits :
« Les lapines servaient au test de Friedman, basé sur la présence de l’hormone de grossesse hCG et consistant à injecter une dose d’urine de la patiente dans l’ovaire d’une lapine. Si l’animal ovulait dans les trois jours, c’est qu’il y avait grossesse. Il n’était pas difficile de comprendre la manœuvre de l’inspecteur. Il allait s’intéresser aux quatre femmes dont le test avait été positif et, parmi celles-ci, à celles qui n’avaient pas accouché. »
« Le législateur de 1939, qui avait accru la répression, fut bientôt semé par celui de 1942, un champion celui-là, qui éleva l’avortement au rang de crime contre la sûreté de l’État, la peine de mort n’était plus exclue pour les avorteurs comme en firent l’expérience Marie-Louise Giraud et Désiré Pioge en 1943, tous deux guillotinés. Au cours de ces années sombres, aiguillonné par l’Alliance nationale contre la dépopulation, une association de natalistes exaltés, notre législateur, très imaginatif, imagina même de sanctionner… sans preuve ! Le fait d’avoir tenté un avortement même si l’on n’en trouvait aucune trace vous faisait délinquante. En matière de droit, il était difficile de faire mieux. »
« De toutes les armes dont elle disposait, sa grossesse se révéla la plus efficace. À force de se tenir le ventre en grimaçant, d’accueillir les refus des huissiers et des secrétaires avec des halètements soudains et des regards figés vers le plafond, elle passa rapidement de service en service, chacun préférant qu’elle accouche dans le bureau voisin plutôt que dans le sien. Le juge Mallard lui-même, appelé en urgence par sa secrétaire affolée, dut interrompre un entretien, une dame menaçait d’accoucher dans l’antichambre. »

La chronique jubilatoire de Dany

Le silence et la colère de Pierre Lemaître

Nous retrouvons les protagonistes de l’épisode précédent Le grand monde et la majeure partie de l’action se passe en France. Certes une incursion à Beyrouth dans le milieu de la boxe nous rappelle ainsi la vie et l’ambiance du roman précédent mais la lecture de cette saga peut débuter avec cet épisode des années 50. A Paris le journalisme s’exerce avec des fortunes diverses. Cantonné aux faits divers François voudrait bien percer dans le reportage. Sa sœur Hélène doit sa promotion à sa liaison avec le rédacteur en chef qui l’envoie sur le site de la mise en eaux d’un barrage très controversé. Elle découvre sa grossesse non désirée et va devoir suivre le parcours chaotique de ces femmes en quête « d’une adresse » avec la complicité de Nine sa belle-sœur sourde, cleptomane et alcoolique. Un malheur n’arrivant jamais seul, leur nièce est en souffrance, avec le soupçon de maltraitance familiale, tandis que … non je n’en dirai pas plus sous peine de sévères réprimandes. Sachez que vous infiltrerez la campagne profonde, chargée d’alimenter en électricité le confort des villes avec toute la détresse qui l’accompagne. Des drames intemporels cependant exposés avec une toile de fond bien rétro voire nostalgique parfois.
Des personnages hauts en couleurs, le silence des brimés, des laissés pour compte et la colère des conflits sociaux, des débuts des luttes féministes. Une magistrale mise en lumière, où la parole des petites gens n’est pas prise en compte.
Pour ceux qui ont fait connaissance avec la famille Pelletier dans le tome précédent, c’est encore avec plus de haine que vous pourrez retrouver Geneviève et ses outrances, Jean et ses dissimulations perfides. Un régal pour le lecteur qui appréciera toujours autant le ton décalé de l’auteur et sa plume trempée au vitriol. La société y prend cher, mais avec élégance et sourire pour ce deuxième tome de ce qui est annoncé comme une quadrilogie. Joli tableau édifiant en diable que cette histoire de la famille Pelletier. Excellent moment de lecture avec un petit goût de nostalgie mais … était-ce vraiment mieux avant ?

Je remercie les éditions Calmann-Lévy et NetGalley #

LeSilenceetlaColère #NetGalleyFrance

Lu en version numérique

Autre extrait :
«Et il était bien contraint de tomber d’accord en cela avec Guénot, si l’établissement devenait un repaire de communistes, demain ils feraient main basse sur toute l’affaire, transformeraient l’entrepôt en soviet et finiraient par venir l’étrangler dans son lit, il en avait une frousse bleue.
Tous deux postés à la fenêtre, ils regardaient sur le trottoir se rassembler le personnel qui, au lieu d’entrer et se mettre au travail, discutait ferme, certains avaient apporté du café. »

 

 

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