Félicia, Nick Gardel

Le livre : Félicia de Nick Gardel – Paru le 16 mai 2024 chez Friends Only – 19 € (248 pages) ;  20 x 13cm.

4ème de couverture :

Il y a tout d’abord ce banal fait divers où un marginal meurt dans l’incendie accidentel de son squat en pleine forêt de Rambouillet. Mais on retrouve dans la ruine les empreintes d’une jeune institutrice disparue depuis cinq ans. Qu’est-elle devenue ? Et qui est Félicia, une SDF embauchée par charité dans une brasserie parisienne ? Que fuit-elle ? Qui la recherche ?
Un voyage complexe et tourmenté qui mènera les protagonistes dans une quête d’identité où il devient indispensable de savoir qui on est pour rester en vie.

L’auteur :  Né dans les Hauts-de-Seine en 1971, Nick Gardel est le pseudonyme de Nicolas Juan, un écrivain et un enseignant.
Après avoir exercé différents petits boulots, dont vendeur de disques d’occasion, d’informatique grand public, il intègre l’Éducation nationale.
Il s’y occupe d’adolescents les plus en marge du système scolaire voire de la société. Professeur des écoles, il travaille auprès d’enfants déficients.
Nicolas Juan s’est offert le pseudonyme de Nick Gardel pour laisser libre cours à sa passion de la phrase bien tournée et du mot bien placé.
Plus habitué au polar humoristique à la verve cynique et aux rebondissements foutraques, pour la première fois avec « Ceux qui boivent pour oublier sont priés de payer d’avance » (2021), il durcit le ton et soulève un peu le voile pudique sur son quotidien.
Depuis 2009, il a publié la plupart de ses recueils de nouvelles et polars en auto-édition.
Marié et père d’un enfant, il vit à Colmar.
Extraits :
« Elle trouva le jeune homme penché sur son plan de travail, le couteau à la main, en train d’émincer les bulbes. L’air de la petite cuisine était saturé d’oxyde de propanethial. Le mois précédent, Douglas lui avait expliqué, très doctement, que c’était ce gaz qui était libéré pendant qu’on tranchait les oignons et qui était responsable de l’afflux des larmes. Le garçon était un autodidacte, il n’avait jamais appris qu’il suffisait de les couper en deux et de les laisser tremper dans l’eau pour que l’agression soit supportable. La méthode du cuistot était plus anecdotique, mais ô combien démonstrative ! »
« Satisfait, Josif regarda l’étagère de fortune s’élever doucement. Elle s’intégrait à plusieurs dizaines d’autres qu’il avait alignées contre le mur et disposées en sorte de travées plus ou moins régulières. Elles étaient toutes identiques dans leur conception, à quelques variations près. Parfois le support était d’un bois plus épais, parfois c’étaient les montants qui étaient constitués de parpaings ou de briques. La seule différence était que celles déjà en place étaient chargées de livres.
Des centaines d’ouvrages garnissaient ces rayonnages de récupération. Leurs dos formaient des ondulations irrégulières, sinusoïdes hachées qui évoluaient d’un niveau à l’autre. Dans un coin, des monticules branlants d’exemplaires hétéroclites attendaient d’intégrer un classement. »

 

La chronique jubilatoire de Dany

Félicia de Nick Gardel

Qu’est-il donc arrivé à Hélène ? Cette héritière de l’affaire familiale florissante, avait pris la tangente pour devenir professeure des écoles. Elle disparait subitement alors qu’un père de famille l’a harcelée. Bien sûr la police soupçonne Thibault son mari. A-t-elle été enlevée ? S’est-elle enfuie avec le fruit d’une hypothétique rançon en compagnie Lugh, un petit loubard ? Après plusieurs années, au hasard de l’enquête sur un incendie qui a fait une victime, la police, bien peu inspirée, retrouve les empreintes d’Hélène, à moins qu’il ne faille l’appeler maintenant Félicia.
Félicia est perturbée, probablement victime d’une dissociation de la personnalité, son amie imaginaire Sluagh n’a rien d’une âme bienveillante !
Nick Gardel prend plaisir à nous fournir quantité de fausses pistes. Alors amis lecteurs : qu’est devenue Hélène-Félicia-Sluagh ? Est-elle la victime d’un enjeu économique autour des filatures familiales ? Est-elle « simplement » victime d’un petit banditisme d’opportunité ? Est-elle …
Vous le saurez en lisant ce dernier ouvrage de Nick Gardel qui a changé de ton, sans pour autant s’interdire d’égratigner ses contemporains, avec cependant moins de dérision que dans ses précédents ouvrages.
Mention spéciale à Josif et Issa, véritables rayons de soleil dans ce monde de brutes qui nous permettent de voir un peu de lumière dans ce roman très noir. Signalons par ailleurs, un moment de jubilation sadique avec la technique de l’arrachage de dent en mode survivalisme !
Un très bon moment de lecture !

NDLR : Dans le folklore irlandais et le folklore écossais, les Sluagh (prononcé « slou-ah » en irlandais) étaient les esprits des morts sans repos.

Je remercie Nick Gardel pour son indéfectible confiance.

Autre extrait
« L’aïeul s’était fait jeter de son poste d’aiguilleur à la gare de Bercy pour une sordide histoire de fesses, avouait-on à voix basse. C’était le temps du plus grand marché de vin du monde, qui déversait des flots de piquette qu’on stockait dans des fûts avant de les revendre aux grossistes. Chacun y allait de son assemblage plus ou moins heureux pour gratter quelques centimes sur chaque litron écoulé dans les auberges et les guinguettes où l’ouvrier venait entretenir la descente irrémédiable des jours de paie. Albert cultivait alors des amours en dehors de toute juridiction maritale, et le cocu, un contremaître dûment syndiqué, lui avait fait comprendre à grands coups de lattes qu’il devait aller se faire pendre ailleurs s’il ne voulait pas qu’on s’en charge pour lui.
Il n’en fallut pas plus pour que grand-grand-papa ne décide de tenter sa chance derrière le comptoir branlant d’une cahute à poivrots. »

 

 

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