Rue du Dragon-couché de CHI Wei-jan

Le livre : Rue du Dragon-couché de CHI Wei-jan. Paru en 22 janvier 2005 chez Calman Levy dans la collection Calmann Levy Noir. 25,60 € ; (457 p.) ; 22 x 14 cm. Traduit du chinois (Taïwan) par Emmanuelle Péchenart.

4ème de couverture :

Professeur de théâtre en crise devenu

détective privé cherche à s’innocenter après

s’être mis dans de beaux draps.

Que faire à Taipei quand on adore le roman policier, la philosophie et le Kung-fu sinon s’installer Rue du Dragon couché, au coeur du quartier des pompes funèbres, et y devenir détective privé ?

C’est ainsi que Wu-cheng, dramaturge raté qui en veut à tout le monde après que son couple s’est désagrégé, décide de tout envoyer valser :  il quitte son poste à l’université, déménage et devient détective privé par amour des intrigues.

Très vite, il reçoit la visite d’une certaine Mme Lin, inquiète que sa fille ne parle plus à son père. Une histoire a priori anodine mais qui, une fois réglée, lui redonne des ailes : le voilà convaincu de pouvoir traquer le premier serial killer de Taïwan, un bouddhiste fou. Passionné, il se donne corps et âme dans l’enquête, se déplaçant sur les scènes de crime… jusqu’à éveiller les soupçons de la police. RDV étranges, caméras de surveillance et ragots divers, tout l’incrimine. Une seule solution : débusquer ce meurtrier qui semble très bien le connaître…

L’auteur :  Détenteur d’un doctorat en littérature anglaise de l’université d’Iowa, essayiste et dramaturge, CHI Wei-jan a remporté les Taipei Book Fair et China Times Open Book Awards avec cet ouvrage, dont l’adaptation cinématographique est en cours.

 

 

 

Extrait :

« Les profondeurs du cœur humain sont une insondable mer souterraine, les monstres marins qui y barbotent ne sont pas d’inoffensifs dauphins se contentant de venir respirer de temps en temps à autre à la surface. J’avais depuis longtemps abandonné l’idée d’explorer les fourbes replis de l’âme, la mienne ou celle des autres, cette « chose » inexistante, quoique obscurément perceptible et qui excède tout langage humain. Combien de fois, alors que je touchais aux confins du désespoir, n’ai-je pas extirpé avec rage la dernière étincelle de courage de ce siège secret du corps qu’est le champ de cinabre ? Mais quand je m’y penchais, il n’était là qu’incompréhensible mystère, fermé et noir, ou simple reflet sur l’eau ne donnant finalement à voir que ma propre image, un moi inversé en train de scruter des abîmes.

Percer l’âme humaine n’est pas le travail du détective privé mais si cela aidait à résoudre une énigme, je m’y plierais volontiers. Le détective, ayant en fait profession de filtrer les représentations mentales, limite le moteur de ses déductions aux couches du conscient. Les niveaux plus abyssaux, il les abandonne aux religieux, aux taoïstes et aux psys qui ont en commun de s’exprimer de manière sibylline et tout bonnement imbitable. »

Les émotions de lecture de Cécile

Rue du Dragon-couché  de CHI Wei-jan:

Quelques séries, tout autant de films, un conte noir, et maintenant un roman foisonnant, je tombe sous le charme de Taïwan.

Rue du dragon couché de Chi Wei-jan confirme mon engouement. C’est un polar pas comme les autres. Le héros, un prof de théâtre dépressif, bourré de phobies, amorce un changement de vie radical en devenant détective privé à la consternation de sa mère et de sa sœur. Ses anciens collègues sont incrédules, la police tout autant mais animé de ses certitudes, il fonce dans cette nouvelle activité aidé d’un chauffeur de taxi et sous le charme de sa première cliente.

Il jure comme un charretier, n’est pas toujours aimable mais il est tenace, bavard sur ses maux, nos maux et terriblement perspicace. Il lui faudra toutes ses qualités et ses défauts pour résister au déferlement médiatique et de suspicions dont il fera l’objet quand il se retrouvera le principal suspect de meurtres en séries.

C’est addictif comme un excellent polar avec ses codes mais aussi avec la folie narrative d’un dramaturge et enthousiasmant comme pourrait l’être le meilleur guide touristique de Tapei, la Capitale de Taïwan, et des ruelles étroites de Wolong street.

Chi Wei-Jan a scellé une bonne fois pour toute notre destin de voyageurs … enfin si on voit un jour la fin du truc de 2020. Taïwan est définitivement sur ma liste d’envies.

7 réflexions sur “Rue du Dragon-couché de CHI Wei-jan

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