le livre : La fiancée gitane de Carmen Mola. Traduit de l’espagnol par Anne Proenza. Paru le 6 février 2019 chez Actes Sud dans la collection Actes Noirs. 23€. (359 p.) ; 24 x 15 cm
4e de couv :
Quand elle rentre à l’aube, fourbue, éméchée, la voix éraillée par sa nuit dans les bars de karaoké, dévastée par la tristesse de la chair assouvie furtivement avec des inconnus, Elena Blanco a un rituel : examiner pendant des heures les images d’une caméra de surveillance placée devant la porte cochère de son immeuble. Qui craint-elle de voir ? Ou, plutôt, qui plus que tout au monde voudrait-elle voir ?
Une affaire non résolue pour cette enquêtrice hors pair, la seule dans sa carrière. Mais c’est bien plus qu’une affaire, c’est un drame personnel qui a brisé sa vie et qui hante chaque seconde de son existence.
Pour l’heure, il lui faut éloigner ses démons et aller de l’avant car l’antenne de police qu’elle dirige à Madrid se trouve saisie d’un cas bien étrange : le meurtre d’une gitane disparue après l’enterrement de sa vie de jeune fille. La mort, d’un sadisme avéré, a manifestement été donnée par un esprit effroyablement retors. Le mode opératoire n’est pas sans rappeler un crime survenu sept ans plus tôt, et dont la victime n’est autre que Lara, la soeur de la gitane, qui s’apprêtait elle aussi à épouser un gadjo. Pourtant, l’assassin de Lara est déjà sous les verrous.
De fausses pistes en indices délusoires, dans des sites madrilènes illustres ou mystérieux mais tous chargés d’histoire, l’auteur déplie une intrigue horrifique avec une exemplaire économie d’effets ; et porte sur les fonts baptismaux un nouveau personnage promis à un bien bel avenir.
L’auteur : Carmen Mola serait née en 1173 est le pseudonyme d’une Madrilène qui publierait son premier roman à quarante-cinq ans, serait mariée et mère de trois enfants. L’auteur semble connaître Madrid comme sa poche, mais pour le reste rien n’est moins sûr…
Extrait :
Au début cela ressemble à un jeu. Quelqu’un enferme un enfant dans un lieu obscur et celui-ci doit tenter d’en sortir par ses propres moyens. D’abord, il lui faudrait trouver l’interrupteur ; mais l’enfant ne le cherche pas, parce qu’il pense encore que la porte peut s’ouvrir à tout moment.
La porte ne s’ouvre pas.
C’est peut-être aussi un concours de résistance, le gagnant est celui qui reste le plus longtemps silencieux, celui qui ne demande pas d’aide. L’enfant colle l’oreille contre la porte en bois, délabrée. Il entend un bruit assourdissant, une moto qui démarre et s’éloigne. Il comprend alors qu’il est seul. S’il se mettait à crier, il entendrait l’écho de sa voix dans cet espace lugubre, poussiéreux et humide. Mais il a si peur qu’il ne gémit même pas.
Maintenant, il doit trouver l’interrupteur. Ses mains tâtonnent sur le mur. Il évite les obstacles, doucement, pour ne pas tomber. Il y a une ampoule au plafond, il doit y en avoir une. La pièce ne compte qu’une unique fenêtre, étroite et longue, dans la partie supérieure du mur, mais le soleil s’est couché il y a déjà une heure et seules subsistent les premières ombres de la nuit.
Il ne sait pas pourquoi on l’a enfermé.
Le post-it de Ge
La fiancée gitane de Carmen Mola
Une jeune femme gitane disparaît après son enterrement de vie de jeune fille. Son corps mutilé et torturé est retrouvé deux jours plus tard. Sa soeur, Lara, est décédée dans les mêmes circonstances quelques années auparavant mais son assassin est emprisonné. . Si ce dernier n’a pas
fait d’émules, la police a arrêté un innocent. L’inspectrice Blanco est en charge de l’enquête.
Une très belle découverte que ce supposé premier roman. Une héroïne que l’on attend de retrouver et.. Madrid… Madrid qui est au centre de cette intrigue, on la découvre avec avidité sous la plume onirique de cette auteur que l’on présente déjà comme l’Elena Ferrante espagnole.
Attention tout de même voici un roman policier à ne pas mettre entre toutes les mains.
Autres extraits :
« — Susana ! Susana ! Susana !
Depuis déjà un bon moment, Susana redoute l’heure où ce sera son tour d’être au centre de l’attention, et ça y est, c’est à elle. Elle a droit à deux danseurs : le premier, blond, a l’air d’être suédois, un Viking ; l’autre, métis, est sans doute brésilien. Ils ont commencé leur show déguisés en policiers, mais ils sont déjà presque nus, très attirants tous les deux, poitrines larges et jambes fortes, musclés, les cheveux rasés sur les côtés de la tête mais longs au-dessus, épilés entièrement, la peau brillante de l’huile dont ils se sont enduits avant de passer sur scène… Ils ne portent plus qu’un petit slip, rouge pour le Viking, blanc pour le métis. Susana a peur qu’ils ne lui demandent de l’enlever avec ses dents, comme l’ont fait plusieurs des fiancées qui l’ont précédée sur scène. Si son père la voyait… C’est ce genre de choses qui le met en colère contre elle.
— Ne t’inquiète pas, on ne va rien te faire, lui murmure le métis, rassurant, en bon espagnol.
Susana avait tort, il n’est pas brésilien mais cubain. »
« Manuel Rentero, commissaire, directeur adjoint opérationnel et numéro deux de la police espagnole, l’attend, assis à une table de la cafétéria de la faculté de médecine.
— Tu as vu ta mère ?
Ce n’est pas seulement son chef, mais aussi un très bon ami de son père qui, depuis la mort de ce dernier, est resté en relation avec sa mère. Il la voit plus souvent qu’Elena.
— Je suis sûre que c’est toi qui vas me dire où elle est.
— Tu ne le sais pas ? Sur le lac de Côme, là où elle passe toujours la fin du printemps. Ça fait longtemps que tu ne lui as pas parlé.
— Je profite aussi des vacances.
Elena doit se contenir pour ne pas se montrer trop ironique, ça fait longtemps qu’elle ne suit plus les habitudes familiales. De toute façon, elle ne veut pas blesser Rentero, il a beau être de la même classe sociale aisée que ses parents, il travaille et c’est un bon chef.
— Je reviens de l’autopsie de la fille de ce matin. C’est une horreur ce qu’on lui a fait.
— Des vers ?
— Comment le sais-tu ?
— Je le supposais. Susana Macaya, vingt-trois ans, à moitié gitane, à moitié gadji.
Rentero pose devant elle le dossier de la morte.
— Elle a déjà un nom : Susana. On a eu un cas similaire il y a sept ans.
— Similaire ou identique ?
— La morte d’il y a sept ans s’appelait Lara, Lara Macaya, c’était la sœur de Susana et elle était aussi sur le point de se marier.
Elena Blanco ne dit rien, mais elle est désormais convaincue que ce cas est le sien et qu’elle va mettre le coupable en prison. Deux sœurs assassinées sur le point de se marier, la tête remplie de vers. Elle comprend maintenant pourquoi ils ont appelé la BAC. »
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A ne pas mettre entre toutes les mains ? Pourquoi ?
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Parce cette auteur est pour moi une révélation et sa plume est nickelle et abordable par le plus grand nombre. Directe sans circonvolutions ! 🙂
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Je ne connais pas du tout… alors je note !
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Ah ravie de te faire découvrir cette nouvelle plume Miss 🙂
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Tu me fais tant découvrir 😁
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Oh ben c’est top ça, si je reste ta découvreuse ! héhé ;-P
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Oh que oui oui oui !!!!
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merci c’est un beau compliment que tu me fais là !
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Pas de merci c est sincère 🤩
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oui je sais ça 🤩
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🤩🥰
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Cette auteure bien mystérieuse n’est peut-être pas née en 1173 ? 1973 certainement… Le roman semble intéressant !
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oui 1900 c’est mieux en effet ! 😉
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Il me fait très envie ! Bon, c’est un peu compliqué, la bibliothèque, en ce moment, mais il y est et c’est déjà ça de gagner =)
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Click and collecte, tu le réserve et puis tu vas le chercher une fois que tu as reçu un mail, et hop ! 😉 😛
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Ma bibliothèque fait un truc très chouette : un bibliobus avec quelques livres et qui tourne en fonction des jours. Ce livre est justement dans le bibliobus qui, pour cause de covid, reste au même endroit et ouvert un seul soir par semaine. Le problème c’est que c’est du coup très loin de chez moi, donc je suis obligée d’attendre…
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Oui pas facile, c’est déjà bien d’être ouvert nous ne sommes pas essentiel
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En effet, ce que je trouve aberrant : la culture est très importante ! Et même pour les enfants, pour faire des exposés, ça me semble important d’avoir accès à une bibliothèque… Bon courage ♡
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Merci beaucoup 🙂
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A reblogué ceci sur Le Bien-Etre au bout des Doigts.
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oh merci Françoise 🙂
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