Et puis mourir – Jean-Luc Bizien

Aujourd’hui c’est double chronique sur Collectif Polar

Et ce matin c’est notre grande lectrice Kris qui nous donne son petit avis sur le dernier roman de Jean Luc Bizien


 
Et puis mourir de  Jean-Luc Bizien. Paru le 30 sept. 2020 chez Fayard, dans la collection Fayard noir . 18€.  (340 p.) ; 22 x 14 cm 

4e de couv :

Et puis mourir

Plusieurs samedis d’affilée, alors que tous les services de police de France sont mobilisés par les manifestations des gilets jaunes, de meurtres sont commis dans les beaux quartiers de Paris. Cela pourrait être l’œuvre d’un déséquilibré qui aurait poussé jusqu’à la vengeance les revendications de justice sociale, mais le commandant Jean-Yves Le Guen n’y croit pas.Avec son adjoint, le capitaine Patriziu Agostini, ils jouent contre la montre. Car l’idée d’un « meurtrier gilet jaune » menace de faire l’objet de récupérations politiques qui ne feraient qu’empirer la situation – et le prochain samedi de protestations se rapproche …Un polar d’actualité mêlant revendications sociales et vengeance personnelle – sur fond de Paris en état d’urgence.

L’auteur : Jean-Luc Bizien a étudié l’anglais et enseigné pendant quinze ans auprès de l’enfance en difficulté, dans les ZEP et les instituts spécialisés. En 2001, il quitte l’Éducation nationale pour se consacrer à l’écriture. Membre de la Ligue de l’Imaginaire, il a reçu de nombreux prix : le prix Gérardmer Fantastic’Arts, le prix du roman d’aventures, le prix Lion noir et le prix Sang d’encre 2016.

 

 

L’extrait : 
Prologue
La découverte était si stupéfiante que Rodolphe en oublia la vive douleur qui avait transpercé ses mains et ses genoux quand il avait roulé, cul par-dessus tête, entre les tombes. Son vélo gisait un peu plus loin dans l’allée. Voilée, la roue avant tournait encore dans un grincement déchirant.
Rodolphe avait neuf ans, de grands yeux noisette, des cheveux bruns et bouclés et des joues rondes, en dépit de tous ses efforts pour se vieillir et ressembler à ses grands frères. Le front creusé d’une ride profonde, encore hébété par sa chute, il fixait la silhouette allongée devant lui. Sans parvenir à détacher les yeux du regard vide, plus sombre qu’une coulée de nuit, de ce rictus ignoble qui déformait sa bouche et de la… chose fichée entre ses lèvres.
Rodolphe tressaillit.
La voix de mamie lui parvenait aux oreilles, comme dans un rêve cotonneux.
— Rodolphe ! s’époumonait-elle. Mon Dieu ! Tu aurais pu te tuer !
Alerté par ses cris, le gardien du Père-Lachaise arrivait sur les talons de la grand-mère, bien décidé à rétablir le calme des lieux. Rodolphe releva la tête dans leur direction. Sans un mot, il désigna du doigt 10la dalle écartée dont il avait percuté l’angle, le puits opaque de la fosse, le cercueil dont le couvercle avait été arraché… et la dépouille abandonnée à terre.

Le petit avis de Kris

Et puis mourir – Jean-Luc Bizien

A Paris, tous les services de police sont mobilisés par les manifestations des gilets jaunes. A chaque défilé, des meurtres sont commis dans les quartiers bourgeois de la capitale. Le commandant Jean-Yves Le Guen et son adjoint, le capitaine Patriziu Agostini, sont en charge de l’enquête.

Décidément Jean Luc Bizien me réconcilie avec le polar ! J’en ai tant et tant lus que j’arrivais à saturation. Les thèmes se chevauchant avec plus ou moins de bonheur, plus ou moins d’étalages de procédures … Bref, ici je retrouve une histoire bien ficelée, qui, une fois mis le nez dedans, on ne pense plus qu’à suivre son déroulement et comprendre … Sur fond de manifs de GJ on ne s’attend pas à ça !! Bon , on a bien une petite idée mais c’est finement amené et le tout nous offre un de ces moments de lecture qu’on quitte à regret. Honnêtement, c’est du très bon !

 

Autres extrait :
Le Guen, comme nombre de ses collègues, avait la nostalgie du quai des Orfèvres. Non pas qu’il regrettât les murs verts antédiluviens, ou certains panneaux d’un jaune immonde fleurant bon les années 1980. Il ne se languissait pas non plus de l’exiguïté des locaux, des bureaux biscornus, tellement réduits qu’ils en devenaient étouffants, 16ni de leur aspect délabré, mais ce bâtiment, aux parois et plafonds d’une blancheur immaculée d’hôpital, était beaucoup trop clinique à son goût. Si les scientifiques s’y sentaient parfaitement à l’aise – on ne se refaisait pas ! –, les flics de la génération de Le Guen émettaient encore des réserves. Ils auraient du mal à s’y sentir chez eux.
Les règles y étaient différentes, les comportements avaient dû changer eux aussi. Si on s’était adapté sans problème aux consignes concernant le tabac, on ne parvenait pas à s’expliquer pourquoi quelqu’un avait décrété, depuis un bureau anonyme du ministère, que le chauffage des lieux serait plafonné à dix-neuf degrés en hiver. Certes, il n’y avait pas de petites économies, mais à ce point ! La température était supportable quand on bougeait. A contrario, pour peu qu’on passe quelques heures derrière son bureau, à consulter des dossiers… La plupart des collègues remettaient leur veste en maudissant le technocrate inconnu.

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