Assignation à résidence : L’interview bracelet électronique 13 :
Marin Ledun
chapitre 2
L’interview « bracelet électronique », vous connaissez maintenant, non ?
C’est une mesure d’aménagement de peine permettant de réaliser une interview de longue haleine sans obliger l’auteur à être incarcéré. Juste » Assigné à résidence »
Contrairement à la GAV qui est bien délimitée dans le temps, l’interview bracelet électronique est plus « libre ». Elle peut se dérouler sur plusieurs jours.
Le treizième auteur ayant dû vivre son quotidien avec le bracelet électronique est…
Marin Ledun
—————reprise de l’audition de Marin Ledun – samedi 17h————-
Marin : Bonjour !
Miss Aline : Bonjour à tous
Dany : Bonjour ! Marin, tu es à jour avec ton potager ?
Marin : On n’est heureusement JAMAIS à jour avec un potager !
Ge : Bonjour Messieurs Dames. Cet après-midi je vous laisse à la manœuvre les flingueuses. Je ne suis pas loin derrière la vitre teintée et j’écoute avec attention vos échanges.
J’en profite aussi pour rappeler que nos lecteurs et nos lectrices peuvent retrouvez si ils le souhaite la première partie de l’’interview bracelet électronique 1 de Marin Ledun ICI
Allez je vous laisse à vos échanges. Marin , Dany et Miss Aline c’est à vous
Miss Aline : Marin, peux-tu décrire ta façon de travailler lorsque tu écris ? Est-ce toujours au même moment de la journée, en musique ou pas, etc ?
Marin : En dehors de la vie de famille, des activités potagères ou de bûcheronnage et, bien sûr des moments de festivals et de rencontres publiques qui sont très chronophages, le temps consacré à l’écriture est simple : du lever au coucher, pour parfois une ou deux pages satisfaisantes. Je suis incapable d’écouter de la musique pendant l’écriture, mais il peut y en avoir, comme il peut y avoir un vacarme de tous les diables. Je n’écoute simplement pas, ce qui est souvent très frustrant pour mon entourage.
Miss Aline : comment procèdes-tu pour élaborer ton roman : fais-tu un plan, détermines-tu à l’avance protagoniste, antagoniste, les moments pivots, etc ?
Marin : Règle n°1 : pas de règles.
Avec le recul, je constate que le point de départ peut être une chanson, une rencontre, une idée un peu vague, un personnage qui traîne dans un coin de ma tête, une situation, un fait divers, etc. Je commence en général par rédiger un ou deux chapitres sur ma lancée, puis arrive le moment où je dois réfléchir à une trame générale, un fil rouge, associé parfois à un plan détaillé, pouvant aller jusqu’à une centaine de pages, en même temps que je construis les personnages qui donneront chair à cette histoire. Une fois tout cela établi et, à peu près, sûr, je me consacre (enfin) à l’écriture, à la petite musique du style, des sonorités, des dialogues, ce qui est la partie, souvent, la plus excitante.
Le rythme vient tout seul, dans l’écriture, pour répondre à votre question. Il n’est jamais établi à l’avance.
Miss Aline : laisses-tu tes personnages vivre indépendamment de ta création ?
Marin : Ils sont au service de mon histoire. Je les construis pour servir l’histoire que j’ai imaginée. Par conséquent, au départ, ils n’existent que dans un canevas très contraignant pour eux. Peu à peu, au fil de l’écriture, certains traits de leur caractère ou certaines de leurs actions prennent le dessus, sans que je m’en méfie vraiment ou sans que je l’ai prévu au départ, et je dois adapter mon récit. L’une des conséquences possibles est qu’ils prennent une direction non prévue. D’une certaine façon, ils s’autonomisent, ils vivent leur vie. Mais toujours autour de l’intrigue qui, de façon générale, est plus forte que le reste et m’oblige à reprendre la main pour ne pas me perdre dans l’histoire, et donc les perdre. Ce sont des personnages de fiction, et tôt ou tard, alors qu’il semblerait qu’ils prennent vie (au sens fort du terme, puisqu’ils n’existaient pas avant que je raconte leur histoire), ils doivent revenir à la fiction et s’y plier. Ne serait-ce que parce que la fin est toujours pensée à l’avance.
Miss Aline : quand tu t’installes pour un new roman tu en connais déjà la fin, à chaque fois ?
Marin : Oui.
Même s’il peut arriver que le lecteur trouve cette fin trop ouverte ou indécise, c’est quelque chose que je prévois toujours dès le début.
Miss Aline : tu t’imposes un nombre de pages pour tes séances d’écriture et pour le livre final ?
Marin : Absolument pas.
Partant du principe suivant : mieux vaut une histoire courte qui en dit long qu’une histoire longue qui tourne court. J’ai adapté ce principe (emprunté à une vidéo de promotion de court-métrages) à l’écriture et j’avise, en fonction de l’histoire que j’imagine et du temps nécessaire à mes personnages et à ma trame pour s’installer. Parfois cela donne des choses très courtes, comme LUZ, par exemple, ou extrêmement denses et touffues, comme pour le roman que je suis en train d’écrire et qui avoisine le million de signes (avant travail de correction).
Puisque nous sommes tous et toutes assignés à résidence pour le moment… j’en viens à rêver des ciseaux de la cover pour me recouper les cheveux qui sont déjà trop longs, en mode hippie 😆
Merci pour l’interview !
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Pareil en mode chien je suis !
Et pour l’itw, c’est Marin qu’il faut remercier
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Salut Marin. Un plaisir de te lire. J’espère te revoir bientôt à la maison à Tahiti. Ici nous vivrons certainement avant le continent l’autarcie mesurée. Voir comment un groupe d’êtres humains coupés du monde par la force des choses , bascule de la modernité consumériste à la reconnexion avec un mode de vie pas encore, heureusement, tout à fait oublié, où le temps ne sera plus à gagner mais à passer, sera une expérience forte. Ni tout à fait avant, ni tout à fait demain. Amitiés PG
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Bonjour Patrice, merci pour ce gentil message pour Marin.
Mais aussi pour ton regard sur ce monde qui t’entoure.
Et c’est vrai que sur vos cailloux au milieu de l’océan vous devez être bien plus en contacte avec la vie d’avant que nous confinés déjà dans nos grandes villes bien avant le confinement.
Je t’embrasse Ge
PS : Ah oui Patrice, Marin viendra te répondre par un autre réseau. 😉 🙂
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Toujours intéressant la façon dont l’auteur parle de son travail, on lui sent beaucoup d’imagination et de coeur à l’ouvrage!
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Merci Marie-Christine, Oui Marin est quelqu’un de passionné et de passionnant. 🙂
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