L’homme qui aimait trop les livres, Allison Hoover Bartlett

le livre : L’homme qui aimait trop les livres de Allison Hoover Bartlett. Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Cyril Gay. Paru en poche le 2 janvier 2020 chez Pocket. 6€95. (260 p.) ; 18 x 11 cm

 

4e de couv :

L’homme qui aimait trop les livres

Un voleur de livres rares, un libraire obstiné, l’histoire d’une traque haletante entre deux amoureux du livre.

Jusqu’où iriez-vous pour mettre la main sur le livre de vos rêves ? Mieux encore, jusqu’où iriez-vous pour avoir une bibliothèque remplie de vos livres préférés ?

L’Américain John Gilkey a dérobé pour 200 000 dollars de livres anciens. Son but, réunir une collection à son image. C’était compter sans la ténacité de Ken Sanders, libraire irascible, qui s’improvise détective et mène l’enquête.

À travers le récit de cette traque, l’auteur nous plonge dans l’univers fascinant du livre ancien en se posant toujours cette question : de quoi serions-nous capables par amour des livres ?

 

L’auteur : Allison Hoover Bartlett est une journaliste américaine. Elle écrit dans le New York Times, le Washington Post, le San Francisco Chronicle Magazine. Elle découvre le monde secret du livre ancien le jour où un ami lui confie un exemplaire d’un herbier du XVIIème siècle. Intriguée, elle choisit de se frayer un chemin dans ce milieu mystérieux et très masculin.

 

 

 

Extrait :
Les livres ne sont pas des objets inertes mais portent en eux autant de vie que l’âme qui les a fait naître, en effet ils conservent, comme dans une fiole, la puissance et l’essence de l’intellect qui leur a donné le jour.

 

Le post-it de Ge

Paru le 4 octobre 2018 chez les Editions Marchialy. 21€50. (311 p.) ; 20 x 14 cm

L’homme qui aimait trop les livres

 

Que voilà une sacrée découverte. J’étais totalement passée à coté de ce livre lors de sa première sortie chez la petite maison d’édition Marchialy, pourtant ce livre avait fait les gros titre de la presse spécialisée. La quinzaine littéraire, le monde des livres, le nouveau magazine littéraire l’avaient repèré. Mais sorti dans une collection blanche, je n’avais fait qu’effleurer ce titre. Et puis voilà qu’en ce début d’année il ressort en poche et cette fois, Pocket décide de le publier sous les étiquette Thrillers/Suspense. Et voilà comment ce roman est arrivé entre mes mains.

Oh un court roman, que je connaissais déjà de nom et de réputation. Alors je n’avais plus d’excuses pour ne pas le lire. Aussi je ne suis plongée dans cette histoire étonnante. Une histoire vraie au demeurant car on est ici dans un récit, le récit d’une traque incroyable. Des années durant, John Gilkey vole des livres anciens afin de se constituer une collection de livres rares qui lui ressemblent. Mais c’était compter sans un autre amoureux des livres, Le libraire Ken Sanders le traque pendant plusieurs années, à l’affût du moindre de ses faux-pas.

Ce qui est étrange c’est que l’énigmatique voleur a dérobé des dizaines de volumes rare sans chercher à les revendre ni même à les lire. Difficile de l’identifier, surtout que Gilkey n’est pas du sérail, ce cercle très fermé des collectionneurs de livres précieux et anciens. Non Gilkey est bibliophile presque par hasard, par opportunisme même.

Quand en 1999, le libraire est mandaté par son syndicat ABAA pour s’occuper de la fraude durant un mandat de  quatre ans, il se lance sur la piste du mystérieux escroc. Personne ne sait qui il est ni d’où il vient.

Ainsi depuis 1999 et pendant des années, Ken Sanders, notre bouquiniste réputé, et notre voleur impénitent John Gilkey,, se fréquentent à distance. Le premier a poursuivi le second dans l’espoir de le mettre hors d’état de nuire…Mais la chose n’est pas facile. Et pourtant les butins de Gilkey sont de plus en plus important, de plus en plus impressionnant. Oh les marchants ainsi spolié porte plainte, mais la police à d’autres chats à fouetter.

Sanders vit comme un échec personnel chaque coup réussi de notre escroc bibliophile. Aussi met-il au point un système informatique qui permet de signaler les larcins en temps réel. Ainsi deux mille marchands sont reliés et ce dans trente pays du monde.

Un jour ils se sont croisés, c’était lors d’un salon à San Francisco. « Ça a duré trois secondes au maximum, les yeux dans les yeux. »  avoue Sanders à notre journaliste. Puis Gilkey s’est volatilisé. Ce jour là notre voleur avait en main une édition très recherchée de L’Homme invisible, de H.G. Wells. Un pied de nez qui aurait pu être risible si…

La suite…. Et bien lisait l’enquête minutieuse et passionnante que nous offre notre journaliste écrivaine qui elle a eu la chance d’interroger les deux protagoniste de cette incroyable histoire.

Pour ma part, j’ai adoré suivre cette enquête hors norme qui nous fait découvrir le monde feutré des bibliophiles de haut vol et ces transactions parfois un peu folles pour des livres devenus des objets de convoitises.

ET…

John Gilkey m’a fait penser au héros de Bibliomanie de Flaubert, un texte de jeunesse de notre fameux auteur. Une nouvelle qu’ il publie, début 1837 alors qu’il est âgé d’à peine quinze ans qui raconte la vie de Don Vicente, cet ancien moine espagnol qui lui aussi aimé un peu trop les livres. .Et pour 6€ vous devriez pouvoir vous l’offrir avec 2 ou 3 autres textes de notre écrivain national.

Extraits : 
« Dans une rue de Barcelone, étroite et sans soleil, vivait, il y a peu de temps, un de ces hommes au front pâle, à l’œil terne, creux, un de ces êtres sataniques et bizarres, tels qu’Hoffmann en déterrait dans ses songes.
C’était Giacomo le libraire ; il avait trente ans, et il passait déjà pour vieux et usé. Sa taille était haute, mais courbée comme celle d’un vieillard ; ses cheveux étaient longs, mais blancs ; ses mains étaient fortes et nerveuses, mais desséchées et couvertes de rides ; son costume était misérable et déguenillé ; il avait l’air gauche et embarrassé ; sa physionomie était pâle, triste, laide et même insignifiante. On le voyait rarement dans les rues si ce n’est les jours où l’on vendait à l’enchère des livres rares et curieux. Alors, ce n’était plus ce même homme indolent et ridicule. Ses yeux s’animaient, il courait, il marchait, il trépignait ; il avait peine à modérer sa joie, ses inquiétudes, ses angoisses et ses douleurs ; il revenait chez lui haletant, essoufflé, hors d’haleine. Il prenait le livre chéri, le couvait des yeux, le regardait et l’aimait, comme un avare son trésor, un père sa fille, un roi sa couronne. »

 

« Oh ! jamais il n’en avait vu de si beau, et qui lui complut davantage ; c’était une bible latine, avec des commentaires grecs. Il la regarda et l’admira plus que tous les autres ; il le serrait entre ses doigts en riant amèrement, comme un homme qui se meurt de faim et qui voit de l’or.
Jamais non plus il n’avait rien tant désiré : oh ! qu’il eût voulu alors, même au prix de tout ce qu’il avait, de ses livres, de ses manuscrits, de ses six cents pistoles, au prix de son sang, oh ! qu’il eût voulu avoir ce livre, vendre tout, tout pour avoir ce livre ; n’avoir que lui, mais l’avoir à lui ; pouvoir le montrer à toute l’Espagne, avec un rire d’insulte et de pitié pour le roi, pour les princes, pour les savants, pour Baptisto, et dire : « À moi ! à moi ce livre ! » – et le tenir dans ses deux mains toute sa vie ; le palper comme il le touche, le sentir comme il le sent, et le posséder comme il le regarde ! »

 

 

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