L’irlandais de Maurice Gouiran

L’irlandais,  Maurice Gouiran

par Maud pour le bingo de l’été

Un livre basé sur un fait réel

Le livre : L’irlandais de Maurice Gouiran. Paru le 18 mai 2018 chez Jigal dans la collection Jigal Polar. 18€50. (238 p.) ; 21 x 14 cm

Résumé :

Lorsqu’on découvre le peintre Zach Nicholl, le crâne fracassé dans son atelier marseillais, son ami Clovis n’a qu’une pensée en tête : aider Emma, en charge de l’enquête, à retrouver l’assassin ! Zach s’était illustré dans le street art avant de devenir bankable et de fuir Belfast vingt ans plus tôt. C’est donc en Irlande du Nord que Clovis va chercher ce qui se cache derrière ce crime. Zach était l’un des artistes républicains auteurs des célèbres murales, ces peintures urbaines, outils de mémoire et de propagande. Mais pourquoi avait-il quitté son pays juste au lendemain des accords de paix de 1998 ? Ce sont des femmes, étonnantes et déterminées, toutes liées à Zach – Aileen, son épouse, Ghetusa, la veuve ad vitam æternam de son frère, et Breena, combattante féministe au sein de l’IRA – qui donneront peut-être à Clovis les premiers indices…

L’auteur : Maurice Gouiran est né en 1946 au Rove, près de Marseille, dans une famille de bergers et de félibres. Docteur en mathématique et spécialiste des systèmes d’information sur les incendies de forêt (il a effectué plusieurs missions comme consultant pour les Nations-Unies et la Communauté européenne dans ce domaine), Maurice Gouiran publie « La nuit des bras cassés », son premier polar, en 2000 et reçoit le prix Sang d’encre des lycéens.
Ce prix lui permet de multiples rencontres dans les lycées au fil de ses publications. « Le diable n’est pas mort à Dachau », paru en mai 2017, est son 27e roman.
Il a participé également à une dizaine d’ouvrages collectifs de littérature noire.
Ses polars sont basés sur une intrigue soutenue qui débute assez souvent en Provence (avec des péripéties dans des contrées plus lointaines, telles New-York, Moscou, l’Anatolie, les pays du pourtour de la méditerranée, la Bosnie, l’Argentine, la Polynésie, etc.)
Étayés par une importante documentation en amont, ils utilisent l’intrigue et le suspense ainsi qu’un style simple et accessible (qui s’apparente plus à l’humour caustique qu’au noir traditionnel) pour jeter un éclairage sur les dérives de la société ou l’Histoire taboue ou cachée du XXe siècle. Ils déconstruisent le manichéisme porté par l’Histoire officielle et conjuguent souvent la thématique de la banalité du mal chère à Hannah Arendt.
Dans son numéro spécial d’avril 2016, le magazine Marianne le classe parmi les 30 auteurs français qui comptent.
Extrait : 
Depuis le début des temps, les nationalismes et les guerres de religion étaient à l’origine des grandes catastrophes humaines et des plus beaux massacres… En Irlande du Nord, on avait fait fort en réussissant à conjuguer ces deux causes essentielles !

Les lectures de Maud

L’IRLANDAIS DE MAURICE GOUIRAN

Coup de 💓💓💓et aussi un Coup de Poing

Livre lu en deux jours, Coup de 💓💓💓: Une enquête menée par Clovis d’un côté, journaliste d’investigation, qui avait fait plusieurs reportages en Irlande du Nord dans les années 80. Plus traditionnel, deux flics essaient de retrouver le meurtrier de ce peintre irlandais assassiné à Marseille. En apparence sans histoire, même si son passé reste flou avant qu’il n’arrive en France.

J’ai beaucoup aimé la mise en avant du « Street Art » comme moyen d’expression de revendications et non pas simplement comme du vandalisme urbain. Une enquête qui met à mal le duo de policiers, en effet plusieurs pistes s’offrent à eux ; soufflées par un supérieur borné, raciste, misogyne et qui aimerait boucler rapidement ce dossier qu’il sent devenir épineux… Surtout lorsque l’Ira devient une piste…

Clovis, un personnage qui sort de l’ordinaire et des sentiers battus. Il suit son instinct et n’hésite pas à tout mettre en œuvre pour retrouver l’assassin et si par la même occasion il peut plus de 20 plus tard retourner en Irlande, c’est tout bonus pour lui. Il est autant très intuitif et perspicace dans ses recherches et fait preuve de maladresses dans sa reconquête amoureuse. Un personnage attachant doté d’un certain humour.

J’ai été totalement conquise par ma lecture, la plume de l’auteur avec un style direct et parfois fleuri nous entraîne au fil des pages. Mêlant habilement suspense et faits historiques, alternant le passé et le présent, à travers les expériences de Clovis, il met en lumière une partie de l’Histoire de l’Irlande que j’ignorais…

A la fin de ma lecture, j’ai passé près de 3h sur Internet pour aller fouiller ce que j’avais lu…Croyant de manière candide à une fiction… Et là Coup de Poing : En effet, jusqu’à maintenant les conflits de guerre qui ont lieu en Irlande se résumait à ce que j’avais entendu dire : Un conflit entre Catholiques et Protestants. En gros les membres de l’Ira n’étaient que des fanatiques et des terroristes.

Or, l’Ira s’est formé au début du XXème siècle afin de rendre se soulever face à leur colonisateur : l’Angleterre. Le choc que ça été pour moi d’apprendre cela.

Les différents récits de Clovis lors de ses reportages pendant les années 80, montre que ce rôle a perduré pendant près d’un siècle, en effet l’Irlande du Sud ayant obtenu son indépendance, les Anglais ont voulu conserver les provinces du Nord.

Bien sûr que dans les différentes branches de cette organisation dite « terroriste », la notion de religion dans ce conflit est présente. Mais pas que, lors du lancement de la grève de la faim par certains prisonniers dont un député, Margaret Thatcher prononcera ses mots « Nous ne négocions pas avec les terroristes ». En effet, en donnant ce statut à ces révolutionnaires qui souhaitaient leur indépendance, cela a permis de légitimer les actions des forces anglaises. En effet, « les assassinats d’opposants au régime et au dictat anglais » aux yeux du monde se traduisaient par « se sont des terroristes, nous combattons ce fléau pour la paix ». Cette grève de la fin évoquée fera 10 morts, alertera l’opinion publique et européenne mais sans résultat, sans résultat.

Alors je vous écris ces mots aujourd’hui, j’étais très jeune à l’époque et je suis peut-être encore naïve ; mais ce qui m’a révoltée dans ma lecture et ensuite dans mes recherches, c’est la non réaction de l’Europe. L’Angleterre était limite en guerre face à une de ses colonies à quelques heures d’avion de chez nous. Ils ont fait en sorte de créer des écrans de fumée afin de masquer la réalité. Ils ont m^me poussé le vice à faire en sorte que les révolutionnaires se retournent les uns contre les autres. Et personne n’a bougé…

Il y a des lectures qui marquent, celle-ci restera sans doute très présente dans ma mémoire.

Je lirai bien-sûr d’autres livres de l’auteur…

 

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