Chacun sa vérité de Sara Lövestam

 

 Le livre : Chacun sa vérité : une enquête du détective Kouplan de Sara Lövestam. Traduit du suédois par Esther Sermage. Préface de Marc de Gouvenain. Paru le 3 novembre 2016  Robert Laffont ; La Bête Noire.  19€  ; (287 p.) ; 23 x 14 cm

Rééditer en poche chez Pocket le 11 janvier 2018. 6€95 ; (301 p.) ; 18 x 11 cm

4e de couv : 

« Si la police ne peut rien pour vous, n’hésitez pas à faire appel à moi. »

Kouplan, détective sans-papiers

Depuis trois ans, Kouplan est en « situation irrégulière ». Sa demande d’asile a été rejetée par la Suède mais il ne peut rentrer dans son pays, l’Iran, sans risquer sa vie. Dans l’attente d’un avenir meilleur, il lui faut échapper à la vigilance quotidienne des autorités, tout en gagnant assez d’argent pour subvenir à ses besoins : ex-journaliste, il songe à poursuivre dans l’investigation. Un jour, il propose ses services sur Internet et une femme lui répond : sa fille de six ans a été enlevée. Cette enquête va le précipiter dans le Stockholm underground, ces recoins de la ville où les clandestins sont des proies faciles pour les criminels…

 

L’auteur : Née en 1980, Sara Lövestam était professeur de suédois pour les immigrés avant de devenir journaliste et écrivaine à plein temps. Elle écrit notamment une rubrique pour l’important magazine gay QX. Pour son premier roman, Différente (Actes Sud, 2013), elle s’est vu décerner le prix du Swedish Book Championship. 

 

Extrait :
Prologue

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UNE PLUIE BIZARRE TOMBAIT le jour où on a enlevé Julia, un fin crachin qui vous mouillait peu à peu, insensiblement. Julia l’avait dit, d’ailleurs :
— Regarde la pluie, maman ! Elle ne fait pas plic ploc, les gouttes ressemblent à des moustiques ou à… Ça s’appelle comment, déjà ? les petites bêtes qui volent ? Maman ?
Lorsqu’elle a levé son nez mouillé, la capuche de son blouson imperméable est tombée en arrière pour la quinzième fois. Je la lui ai remise d’un geste qui, a posteriori, me paraît sans grande affection ni tendresse, et je lui ai pris la main.
— C’est à des moucherons que tu penses ? Allez, viens, Julia, on est un peu pressées, tu sais.
Elle s’est libérée de mon emprise et s’est obstinée, comme elle le faisait souvent dans ce genre de situation. Comme elle le FAIT. Comme elle le FAIT souvent.
— Ah ! oui, c’est ça, des moucherons.
J’ai tellement pensé à ces mots… Les dernières paroles de ma fille en ma présence : « Ah ! oui, c’est ça, des moucherons. » Comme si elles recelaient un indice quelconque.

 

Le post-it de Ge

Pour gagner sa vie tout en restant sous les radars, Kouplan propose ses services comme détective privé. Se faire invisible, évoluer dans la jungle du Stockholm underground, il connaît : ancien journaliste d’investigation dans son Iran natal, Kouplan est sans-papiers. La fillette de sa première cliente a disparu. Pour une raison mystérieuse, elle aussi souhaite éviter l’administration… Dès lors, de bête traquée, le clandestin se fait chasseur.

Premier volet de la tétralogie Kouplan, Chacun sa vérité a reçu le prix de l’Académie suédoise des auteurs de polars 2015.

Sara Lövestam n’en ai pas à son coup d’essai, elle a déjà écrit plusieurs romans, tous traduits dans de nombreuses langues.  Même si ce quatrième roman est bel est bien un premier roman policier. Pour notre jeune auteur, c’est la première fois qu’elle s’attaque à ce genre si particulier et elle le fait avec brio. Grâce à des personnages souvent en marge ou en quête d’identité, elle réussit à mettre subtilement en lumière les enjeux de société actuels et amène ses lecteurs à questionner l’ordre établi.

Son talent est salué par la critique, unanime, et par son public, toujours plus fervent. En 4 livres elle a déjà reçu deux prix, c’est dire !

 » Sara Lövestam fait sensation en Suède !  » Emily Barnett, Grazia
 » Une véritable bouffée d’air frais sur la scène policière scandinave.  » Ulrika Johnsen, QX

Personnellement j’ai adoré ce personnage atypique ‘enquêteur. Kouplan a quelque chose de vraiment singulier, de totalement humain. A travers lui, l’auteur porte un regard extérieur aux problèmes  de l’exclusion, la peur de l’autre, de ce qui nous est différent, la xénophobie mais aussi le racisme plus ordinaire.

Elle nous amène à réfléchir au modèle de société que nous voudrions voir pointer son nez. Sur notre avenir, sur le savoir vivre ensemble. Mais aussi sur notre modèle économique qui semble à bout de course.

A travers les yeux Kouplan, c’est nous qui nous interrogeons.  quel positionnement avons-nous face au chômage, à l’exclusion,  aux économies parallèles et sa délinquance. Face à la situation actuel de notre monde qui déverse chaque jour sa cohorte d’immigrés et de réfugiés.

Je vous l’avez dit, Kouplan est singulier, c’est notre part d’humanité qui parle à travers lui !

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