La GAV : @Ingrid Desjours sous le feu des flingueuses
Episode 4
samedi
Fin de la Garde à vue de Madame
Ingrid Desjours
4e interrogatoire par Mamie Danièle
La GAV, Garde à vue d’un auteur par Collectif polar c’est : 4 interviews d’un même auteur par 4 flingueuses différentes.
La GAV c’est des interviews en direct, du vrai live, en conditions réelles.
Durant 2 jours nous kidnappons en quelques sorte un auteur de polar.
Nous lui demandons de nous consacrer au minimum 4h de son temps sur les deux jours que dure la Garde à Vue.
Et durant ce temps nous lui posons une série de questions en batterie auxquelles il ou elle doit répondre instantanément. Nous ne lui laissons pas le temps de réfléchir à ses réponses. C’est un échange en live. Comme sur un plateau, sur un salon. C’est pas préparé, ce que l’on recherche c’est la spontanéité. Et croyez moi au réveil ou en fin de journée, nos auteurs sont comme nous, soit pas bien réveillés soit crevés de leur journée. Et là nous les cueillons !
Nous recueillons leurs confidences.
Et c’est celles-ci que nous vous proposons en direct live. ( enfin presque juste en léger différé).
Sauf cette fois, la GAV d’Ingrid ayant eu lieu le vendredi 30 novembre et le samedi 01 décembre
Nous allons vous proposer la retranscription de ces 4 interrogatoires sur 2 jours, 1 en matinée et un le soir entre ce matin et demain après-midi
Allez place à la GAV d’Ingrid Desjours
Dany : Tic, tac … 4 minutes pour vaquer à ses petites occupations et ensuite …
Ingrid : je suis prête, Danièle 
Dany : Alors on y va …
Sylvie : Je vous suis aussi, bonjour Ingrid
Ingrid : Bonjour Sylvie
Dany : Alors Ingrid, tu as raconté ce que tu voulais sur ta vie d’autrice mais maintenant passons aux choses sérieuses …
Si tu nous parlais de ta fausse identité … c’est qui cette Myra Eljundir
Ingrid : Ce n’est pas une fausse identité, Myra Eljundir existe vraiment ! 
Dany : Mais encore …
Ingrid : (et merci de dire autrice
)
Dany : justement pourquoi pas auteure …?
Ingrid : Disons qu’elle est une de mes facettes, celle qui préfère le fantastique au thriller.
Dany : Elle correspond à une période particulière dans ta vie de créatrice ?
Ingrid : Eh bien autrice parce que c’est le mot originel ! Il a été effacé des dictionnaires par l’Académie française sous la pression de Richelieu qui voulait sortir les femmes du champ intellectuel. Pour preuve, le mot actrice (à une lettre près, c’est la même chose) qui ne le choquait pas car il s’agissait de faire « commerce de son corps » (en gros le Cardinal prenait les actrices – qui apprécieront – pour des putes !)
Je milite donc pour la réintroduction de ce mot injustement supprimé.
Myra correspond à un besoin d’écrire autre chose, et aussi à celui de rester dans l’ombre puisqu’à l’époque je n’envisageais pas de dévoiler mon identité.
Dany : Mais quand on voit les dates de publication les deux … en même temps
Ingrid : Ecrire autre chose ne veut pas dire renoncer à ce qu’on écrit par ailleurs ! 
Dany : Je ne parle pas de renoncement… tu nous as dit que tu étais habitée par tes personnages … c’est un gros volume qu’ils occupent dans ta tête
Ingrid : A croire que j’ai une grosse tête 
Dany : Ça c’est de plus en plus certain Tu avais donc plusieurs « genres » en écriture en même temps ?
Ingrid : Oui ! j’ai écrit Kaleb 1 et 2 (ou 2 et 3, je ne sais plus … mais c’était deux tomes) et Sa vie dans les yeux d’une poupée la même année
Dany : Et il y avait une porosité entre les deux ?
Ingrid : Oui, des passerelles, c’est sûr ! mais le pire, c’est que je devais veiller à ne pas m’autoplagier ! Une fois j’ai écrit spontanément la même phrase dans les deux ! heureusement ça me « disait quelque chose » et en vérifiant j’ai constaté le méfait 
Dany : une forme de schizophrénie
Ingrid : Plutôt de dédoublement de personnalité !
Dany : Ça c’est pour l’écriture mais tu as aussi des activités que tu mènes de front ! Tu as une organisation particulière pour ne pas perdre le fil ?
Ingrid : Bonne question, j’ai parfois tendance à trop charger la mule et c’est compliqué de tout faire… Je suis parfois obligée de mettre des choses de côté. Mais en général, quand je n’ai plus de jus pour une activité, j’en ai pour une autre… j’avance comme ça !
Dany : Tu as un espace dédié (un bureau ou ton canapé vert) pour écrire ?
Ingrid : J’ai un bureau. J’ai longtemps travaillé dans mon salon, assise sur le canapé (mon ostéo était ravi) mais j’avais du mal à établir la frontière entre travail et vie privée, je travaillais tout le temps, et je culpabilisais quand je ne travaillais pas. Maintenant, du fait d’avoir séparé le lieu de travail et le lieu de vie/repos… je suis plus zen dans mon salon et plus concentrée dans mon bureau 
Dany : Tu nous as dit que l’écriture d’un thriller demandait qu’on suive un « plan » … tu n’as pas dit plan d’ailleurs il me semble … tu as un mur comme Norek ou des post-it partout comme Chattam ?
Ingrid : J’ai les deux, et aussi un plan sur feuilles A4 (11 pages de plan pour le nouveau)
Dany : Tu n’as pas recours aux outils bureautiques comme Thilliez qui organise ses plans comme des batailles ?
Ingrid : Je ne sais pas comment Franck opère, pour être honnête, ni quels outils il utilise !
moi je travaille comme Desjours et ça me va

Geneviève
Dany 
Ingrid : Un truc sophistiqué où tout y est … passons
Dany : Pour les personnages, ils se construisent au fil des pages, cependant pour qu’ils soient cohérents tu as un truc ?
Ingrid : Se les représenter mentalement, connaître leur physique, mimiques, histoire, caractère… se faire des fiches ça peut aider, bien que j’en fasse rarement, ils sont tellement prégnants que je ne risque pas de les oublier !
Dany : Est-ce que tu les visualise en fonction de ressemblances avec ton entourage ou des personnes connues ?
Ingrid : ça peut, oui… il m’arrive aussi de m’inspirer d’acteurs, de personnes connues
Dany : et ton chat qui ressemble à ton avocat …
Geneviève 
Ingrid : c’est l’avocat qui lui ressemble ! mon chat ne ressemble à personne, tu vas le vexer ! 
Dany et Geneviève 
Ingrid : Il faut ménager la susceptibilité de ces petits félins, ils sont comme nous, ils n’aiment pas qu’on les compare 
Dany : Quand on te voit raconter, on a le sentiment que tu vis les histoires que tu veux transmettre … ta gestuelle, tes yeux … tu sembles vibrer avec l’histoire
Ingrid : Merci !!! ça me touche beaucoup que tu voies ça !
c’est vrai que pour moi, raconter une histoire, c’est parler au cœur et à l’âme… avec le cœur et l’âme !
Dany : Tu as participé à l’adaptation d’un de tes romans pour la TV … comment as-tu vécu cette expérience ?
Ingrid : C’est une grande chance de voir ses personnages portés à l’écran, encore plus de pouvoir y participer ! Maintenant le bilan est mitigé car évidemment, on n’a pas autant de liberté que quand on écrit un roman, mais c’est le jeu ! Alors, on verra pour le résultat
mais quoi qu’il en soit je suis contente de l’avoir fait, j’ai appris beaucoup de choses
Dany : C’est en cours de tournage ou c’est déjà passé ?
Ingrid : C’est en cours de tournage (jusqu’au 21 décembre !) avec Jérémie Rénier et Clotilde Hesme
c’est TROP la classe 
Dany : Et tu as participé au scénario et à la rédaction des dialogues ?
Ingrid : oui ! mais les choses ont un peu (ou beaucoup) bougé depuis le passage du réalisateur ! à voir, donc !
Dany : Tu pourras nous donner des précisions quand tu auras les dates etc … mais déjà Jérémie Rénier c’est bien … le réalisateur ?
Ingrid : Le réalisateur s’appelle Mathias Gokalp et bien sûr je vous donnerai tous les détails sur ma page Facebook ICI
Dany : Belle aventure … est-ce que ça te donne des idées pour de nouvelles aventures ? Des fois que tu aurais du temps libre bien sûr
Ingrid : J’ai un projet de série policière en lecture par une chaîne en ce moment, mais ça ne veut pas dire que ça aboutira… C’est un métier qui demande beaucoup de patience et de résistance à la frustration
Sylvie, Geneviève
Dany : et c’est une toute autre approche que l’image … une autre frustration aussi
Est-ce qu’il y a un roman que tu aurais aimé écrire ?
Ingrid : les Rougon-Macquart de Zola … tous les Rougon-Maquart. Je trouve Zola d’une finesse, d’une intelligence dingues. Ce qu’il dépeint de la société et des rapports humains est tellement juste, et cette écriture juste sublime ! Oui, je lui envie cette œuvre !
Geneviève : 
Ingrid : tous Les Rougon-Macquart hein ! soit une vingtaine de romans. (oui, je vise la lune, mais comme dirait Amel Bent, ça ne me fait pas peur)
Syvie et Danièle : 
Geneviève
Voilà, c’est malin, encore une piqûre de rappel pour me signaler que je n’ai pas encore découvert cette autrice !
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On est là aussi pour ça ici chez Collectif Polar !
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Amusante, cette présentation et un bon point pour la réintroduction du mot autrice, c’est plus joli que auteure!
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Sans doute plus français aussi !
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