L’étoile jaune de l’inspecteur Sadorski de Romain Slocombe

Le livre : L’étoile jaune de l’inspecteur Sadorski  de Romain Slocombe. Paru le 24 août 2017 chez Robert Laffont dans la collection La bête noire.  21€50 ; (583 p.) ; 23 x 14 cm.

Réédité en poche le 23 août 2018 aux Points dans la collection Point Policier.  8€70 ; (587 p.) ; 18 x 11 cm

4e de couv :

Après le succès de l’affaire Léon Sadorski, une nouvelle enquête du sinistre et fascinant inspecteur des renseignements généraux.

Paris, 29 mai 1942 : une bombe explose devant le Palais de justice, dans un café fréquenté par les Brigades spéciales, faisant deux morts et plusieurs blessés. Quelques jours plus tard, le cadavre d’une inconnue est découvert en banlieue. Crime passionnel ou politique ?

Chargé d’enquêter sur ces deux affaires, l’inspecteur Léon Sadorski voit ses projets de vacances contrariés – d’autant plus qu’il doit bientôt participer à la grande rafle du Vél d’Hiv, exigée par les nazis et confiée à la police française. Un destin tragique menace désormais sa jeune voisine Julie Odwak, la lycéenne juive qu’il convoite en secret et dont il a fait interner la mère.

L’auteur : Slocombe, Romain est né en 1953 dans une famille franco-britannique. Romain Slocombe est l’auteur de plus de vingt romans, dont Monsieur le Commandant et L’Affaire Léon Sadorski (prix Libr’à Nous 2017 catégorie polar), tous deux sélectionnés pour le Goncourt et le Goncourt des lycéens.
Extrait :
« Tu sais comment ça se passe les exécutions à Suresnes? Moi, j’en ai déjà vu. Des otages juifs que j’ai fait fusiller parce que c’était des rouges! Des pourritures, des têtes de cons comme toi! On les fait partir à 6h30 du matin de Drancy ou du fort de Romainville. Chaque détenu est enchaîné et accompagné par deux SS. Les cercueils font le voyage avec eux. Pas de couvercle, ça fait gagner du temps. On les fabrique tous de la même taille, donc certains trop justes pour les macchabées qu’on y mettra. Ceux-là, on les fait rentrer entre les planches à coups de pied. Les otages ont le droit de formuler leurs dernières volontés, de fumer une cigarette, et pour ceux qui veulent, de demander l’assistance d’un aumônier. »

Le post-it du bibliothécaire,

Le post-it de Ge

 

Dans ce second tome de la trilogie Sadorski, Romain Slocombe nous invite à poursuivre les aventures de Léon Sardorski, « Le Caïd du Rayon juif « .

Chef de brigade de voie publique à la 3e section de la direction générale des Renseignements généraux et des Jeux, Sardorski est un policier français qui ne se pose pas de questions, il fait son boulot c’est tout. Certains diront avec un peu trop de zèle mais bon c’est l’époque qui veut ça. C’est vrai qu’il use et abuse souvent de ses prérogatives. Comme quand il fait interner sa voisine Raïssa Odwak en l’accusant de communisme comme si ça ne suffisait pas d’être juive. En l’envoyant à la prison des des Tourelles, il laisse seule à sa merci, la jeune Julie. Surtout  que Jacques son père lui est déjà interné à Pithiviers. Mais là encore Sadorski ne fait que son taf même s’il a des vues sur la demoiselle Odwad.

Vous l’aurez compris, Romain Slocombe nous offre là un salaud magnifique. Un salaud donc il fait le héros de sa trilogie. Il fallait oser. Mais notre auteur n’en ai pas à son coup d’essai il nous avait déjà fait le coup dans Monsieur le commandant (dont je vous recommande fort la lecture tellement ce petit livre est bouleversant et dérangeant). Oui il nous brosse le portrait d’un français ordinaire sous l’occupation. Léon Sadorski, est-il un antisémite convaincu ou alors un opportuniste de première ? Ce qui est certain c’est qu’il a bien compris le pouvoir que sa carte de police peut lui procurer en ses temps troubles où la France a basculé dans l’horreur et où la chasse aux juifs, aux cocos et aux parias de tous bords est devenue un sport national.

Pour autant Romain Slocombe ne fait pas ici l’apologie du régime de Vichy. Non il se pose là et nous donne à voir ce que l’humain porte en lui de pire dés que les conditions historiques, politiques, économiques voire sociales sont réunies. Si il a choisi un sale type pour héros, il ne le juge pas, il le laisse vivre dans son époque.

Une époque que notre auteur reconstitue à merveille. Le Paris de l’occupation comme si nous y étions. Il appuie son propos à grande aide de documentations historiques qui vient étayer et étoffer son intrigue. Slocombe fait ici oeuvre d’historien, mais il fait aussi un travail de mémoire salutaire. Car si aujourd’hui avec mon œil aiguisé de femme française du 21e siècle je lis ce livre en éprouvant fort dégoût pour les protagonistes de cette histoire qu’on aurait-il était si j’avais moi même vécu l’occupation. Aurais-je  baissé ou fermé les yeux devant les exactions de tous poils. Je ne suis pas certaine d’avoir pu avoir une once d’héroïsme ou d’abnégation tels ses résistants prêts à sacrifier leur vie pour combattre la barbarie. Alors oui j’ai détesté Léon Sardowski et les gens de son espèce. J’ai condamné les exactions commissent par la police française, j’ai été indigné face aux humiliations que l’on faisait vivre aux juifs quotidiennement sans parler de la peur qu’on leur a fait subir. Oui je ne comprends pas la population parisienne qui ne s’est pas révoltée lors des rafles. Mais qui suis-je pour tous les juger.

Juste peut-être puis-je essayer de faire en sorte que de telles atrocités ne soient plus possible et que l’ignominie ne passe pas en France et partout en Europe. Mais là je doute quand je vois la montée des populismes et autres extrémistes autour de nous.

Alors lisez ce livre, lisez cette trilogie, c’est vraiment pour moi une énorme coup de cœur et une lecture salutaire.

Et si vous êtes passé à coté, hier Maud vous a fait part de son ressenti sur le premier opus de cette saga : L’affaire Léon Sadorski

Et demain c’est Danièle qui vous dira ce qu’elle pense du troisième et dernier opus, Sadorski et l’ange du péché.

Et oui nous nous sommes mis à trois flingueuses pour vous parler de ce super triptyque.
Mais attention chaque livre peut se lire indépendamment des autres.

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