Avis d’Expert : Dossier n°4 : Expertisons les Experts

Dossier n°4: Expertisons les Experts:

La chronique de Cathie

Aucun indice ne résiste aux enquêteurs de la série « Les experts à Manhattan », aucun criminel ne leur échappe, les flics scientifiques de la série sont trop forts…Mais leurs enquêtes sont-elles réalistes ou complètement fantaisistes?? Menons l’enquête…en cinq questions !!

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1.On ne se rend pas sur une scène de crime en jean et en baskets.

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Certes, c’est plus glamour, pour un acteur, d’apparaître à visage découvert et habillé de vêtements qui mettent la silhouette en valeur. La seule concession de la plupart des séries policières au réalisme est une paire de gants en caoutchouc…Comme si seules les mains pouvaient contaminer une scène de crime. Et nos 150 000 cheveux, nos 50 poils au cm2 sur le visage et 10 poils au cm2 sur le reste du corps, alors !! Sans parler de nos millions de cellules de peau morte, de nos gouttes de salive et de sueur, des bouloches de nos pulls, des pollens et des poils de chat sur nos fringues, des particules de toutes sortes que nous transportons sous nos semelles !!

Je conviens aisément que la combinaison jetable à capuche, le masque chirurgical, les protège-chaussures et les gants en latex  portés en double ne sont pas vraiment sexy mais ils évitent très efficacement de contaminer n’importe quelle scène de crime ou d’infraction. Déjà que trouver les traces laissées par le criminel n’est pas chose aisée, alors inutile d’en rajouter !!

2.En général, ce ne sont pas les mêmes personnes qui relèvent les indices et qui les analysent.

Stella Bonasera sait tout faire: lire une scène de crime, détecter l’indice qui trahira le criminel puis l’analyser elle-même dès son retour au labo. Malheureusement, il n’en est pas de même dans la « vraie vie » ! Que se passe-t-il, en France, en cas de cambriolage, de violence sur un tiers, voire de meurtre ?

On appelle les gendarmes ( à la campagne ou dans les petites villes) ou la police ( dans les agglomérations plus importantes). Le premier arrivé sur les lieux procède à des opérations techniques de base, comme le relevé d’empreintes. C’est à lui de décider si la gravité des faits exige l’intervention de spécialistes. Appelé TIC, technicien en investigation criminelle, dans la gendarmerie, ou GSI, gestionnaire de scène d’infraction, dans la police, il aussi bien capable de relever des empreintes que des douilles, des insectes nécrophages ou des téléphones mobiles.

Toutefois, ces indices ne seront pas analysés par la même personne, soit par manque de temps ( une fois de retour au bureau, le technicien doit rédiger son rapport et confie donc ses prélèvements à un collègue); soit par nécessité de recourir à des spécialistes très pointus, par exemple pour établir un profil ADN ou pour déterminer la composition d’un explosif. Dans ce cas, on peut faire appel à l’un des cinq laboratoires de l’Institut National de police scientifique dont le personnel ne se déplace que pour les affaires les plus graves.

3.La police scientifique ne traite pas que des meurtres.

Sur l’ensemble des analyses d’ADN menées à l’Institut national de police scientifique, seules 20 % concerne les crimes les plus graves : homicides, viols et braquages. En réalité, les interventions de la police scientifique concernent surtout des vols et des cambriolages, bien que celle-ci soit présente dans le quotidien: une bagarre dans un bar avec chaise brisée sur la tête d’un client ivre…Un spécialiste des traces technologiques épluchera la caméra de vidéosurveillance tandis qu’un autre procédera à l’analyse des empreintes relevées sur la chaise.

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La PTS ( police technique et scientifique) intervient également dans les affaires de trafic de drogue, en premier lieu afin d’identifier les produits saisis. C’est elle aussi qui identifiera un explosif, déterminera si un incendie est d’origine criminelle, précisera les circonstances d’un accident de la route lorsqu’il y a eu délit de fuite. L’analyse des traces de doigt retrouvées sur des documents frauduleux indiqueront qui avait l’habitude de les manipuler. Lors du procès, ces informations permettront au jury de doser les peines en reconnaissant d’éventuelles circonstances aggravantes.

4. Les membres de la police scientifique n’assistent pas aux interrogatoires.

Pour la simple raison qu’ils ne sont pas enquêteurs. Autrement dit, leur travail ne consiste pas à identifier des coupables mais à répondre aux questions  que se posent, justement, les enquêteurs à propos de tel objet ou telle empreinte relevée au cours d’une enquête. De plus, ne jamais rencontrer les suspects garantit aux techniciens et spécialistes scientifiques que leur capacité d’analyse ne soit pas faussée par leur ressenti face aux personnes impliquées dans une enquête. Ce désir de neutralité explique également pourquoi les membres de la PTS ne côtoient pas ceux qui mènent les enquêtes; en général, ils travaillent dans des lieux séparés.

D’autant que les enquêteurs, qu’ils soient policiers ou gendarmes, ont tout intérêt à rester discrets sur les informations qu’ils possèdent . A la différence des séries télé, où l’expert est au courant des moindres détails de l’enquête, le policier scientifique, dans la réalité, ne découvre souvent une affaire sur laquelle il a travaillé que des années plus tard, en lisant la presse ou en regardant la télé.

5.Un scientifique de la police ne porte ( presque) jamais d’arme.

En effet, ce n’est pas parce qu’on travaille à la police qu’on porte forcément une arme. En fait, seules les personnes amenées à assurer la sécurité de la vie d’autrui le sont, c’est-à-dire les gardiens de la paix, les brigadiers et brigadiers-chefs, les officiers ( lieutenants, capitaines, etc…) et les commissaires. Encore faut-il suivre une formation spécifique, obtenir une habilitation et s’entraîner régulièrement au stand de tir. Tous les techniciens scientifiques n’ont pas obligatoirement suivi cette formation, et encore moins les personnels travaillant dans les labos.

En résumé, on peut distinguer les  » policiers scientifiques » qui sont des policiers formés aux techniques de gestion de scènes de crime, qui peuvent être armés s’ils ont suivi une formation, et les « scientifiques de la police », pour la plupart non armés car recrutés sur leurs compétences en science et qui ne sortent guère de leur laboratoire.

61 réflexions sur “Avis d’Expert : Dossier n°4 : Expertisons les Experts

  1. Tiens, j’avais déjà lu cet article là, moi ! Sur ton blog ou ailleurs où sur le site de la gentille experte ?? Et tout cas, je plussoie, en plus de se réveiller toujours bien coiffée et maquillées, nos dames expertes savent tout faire ! La classe, non ??? PTDR

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