L’horreur a encore frappé.
La barbarie cherche à nous mettre à terre.
Prendre en otage notre liberté le jour ou nous célébrons celle-ci.
De tout coeur avec NIce, ses victimes et leurs proches.
La tristesse est de mise.
Mais nous ne devons rien lâcher.
Nous devons à célébrer cette liberté en continuant à vivre libre.
Et surtout ne pas nous replier sur nous même et nous isoler des autres.
Nous sommes Nice ce matin, nous sommes aussi Liberté !
Clamons haut et fort notre résistance avec ce magnifique poème de Paul Eluard écrit alors que la France affrontait une autre barbarie, le nazisme.
Liberté
Sur mes cahiers d’écolier
Sur mon pupitre et les arbres
Sur le sable sur la neige
J’écris ton nom
Sur toutes les pages lues
Sur toutes les pages blanches
Pierre sang papier ou cendre
J’écris ton nom
Sur les images dorées
Sur les armes des guerriers
Sur la couronne des rois
J’écris ton nom
Sur la jungle et le désert
Sur les nids sur les genêts
Sur l’écho de mon enfance
J’écris ton nom
Sur les merveilles des nuits
Sur le pain blanc des journées
Sur les saisons fiancées
J’écris ton nom
Sur tous mes chiffons d’azur
Sur l’étang soleil moisi
Sur le lac lune vivante
J’écris ton nom
Sur les champs sur l’horizon
Sur les ailes des oiseaux
Et sur le moulin des ombres
J’écris ton nom
Sur chaque bouffée d’aurore
Sur la mer sur les bateaux
Sur la montagne démente
J’écris ton nom
Sur la mousse des nuages
Sur les sueurs de l’orage
Sur la pluie épaisse et fade
J’écris ton nom
Sur les formes scintillantes
Sur les cloches des couleurs
Sur la vérité physique
J’écris ton nom
Sur les sentiers éveillés
Sur les routes déployées
Sur les places qui débordent
J’écris ton nom
Sur la lampe qui s’allume
Sur la lampe qui s’éteint
Sur mes maisons réunies
J’écris ton nom
Sur le fruit coupé en deux
Du miroir et de ma chambre
Sur mon lit coquille vide
J’écris ton nom
Sur mon chien gourmand et tendre
Sur ses oreilles dressées
Sur sa patte maladroite
J’écris ton nom
Sur le tremplin de ma porte
Sur les objets familiers
Sur le flot du feu béni
J’écris ton nom
Sur toute chair accordée
Sur le front de mes amis
Sur chaque main qui se tend
J’écris ton nom
Sur la vitre des surprises
Sur les lèvres attentives
Bien au-dessus du silence
J’écris ton nom
Sur mes refuges détruits
Sur mes phares écroulés
Sur les murs de mon ennui
J’écris ton nom
Sur l’absence sans désir
Sur la solitude nue
Sur les marches de la mort
J’écris ton nom
Sur la santé revenue
Sur le risque disparu
Sur l’espoir sans souvenir
J’écris ton nom
Et par le pouvoir d’un mot
Je recommence ma vie
Je suis né pour te connaître
Pour te nommer
Liberté.
Paul Eluard
Poésie et vérité 1942 (recueil clandestin)
Au rendez-vous allemand (1945, Les Editions de Minuit)
merci pour ce bel hommage ❤
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C’est juste en me réveillant en pleine nuit et prendre cette tragédie en pleine face, c’était insupportable. Je trouve Nath que nous devons pas sombré dans le paranoïa m^me si nous savons que ça peut fraper n’importe où, n’importe où et n’importe qui ! Toi, d’autre, moi. C’est une pensée terrible que de se dire que nous ne sommes pas en sécurité chaque fois que nous sortons de chez nous ! Mais perso je ne veux pas changer de mode de vie !
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moi non plus. Je disais encore hier à mon mari qu’auparavant j’étais contente de ne plus vivre sur Paris mais la province est touchée aussi maintenant… la peur n’écarte pas le danger…
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Elle ne l’écarte pas et surtout ne l’empêche pas. C’est un double effet pervers !
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Et la colère est toujours mauvaise conseillère… 😥
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Souvent oui, mais pas toujours. Parfois elle libère !
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Oui, mais gaffe de pas faire de conneries quand on est sous son emprise… 😉
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Je suis tout le temps sous emprise !
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Très joli poème…Qu’on lit avec le cœur serré….
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Oui le coeur serré et la colère qui éclate !
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