Chasseurs d’esprit d’Isabelle Bourdial

9782370470669,0-3032266Le livre : Chasseurs d’esprit d’Isabelle Bourdial. Paru le 22 février 2016 aux éditions Lajouanie. 21€; (408 p.) ; 19 x 13 cm.

4e de couv. :

Chasseurs d’esprit

Un chercheur d’or, de retour du Venezuela, est kidnappé en plein coeur de l’Espagne. La Guardia civil interpelle un étranger qui semble ne pas comprendre le moindre mot de castillan. Le commissaire Fontanillas, chef de la brigade de police scientifique, est chargé de l’enquête. Avec sa jeune co-équipière, une criminologue experte en neuropsychologie, ils projettent de sonder le cerveau du suspect… Les résultats de 1 examen particulièrement novateur auquel ils soumettent leur cobaye vont les entraîner jusqu’au plus profond de la forêt amazonienne…

Progrès scientifiques incroyables mais vrais, rencontre houleuse avec les indiens Yanomami (peuple qui fut décrit comme le plus agressif du monde !), découverte de l’univers interlope des orpailleurs… rien ne manque à ce polar scientifique mais pas que…

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L’auteur : Isabelle Bourdial est journaliste scientifique, rédactrice en chef des Cahiers de Science et Vie. Elle a publié de nombreux ouvrages scientifiques chez Nathan, Gallimard, Flammarion, Atlas et a dirigé la collection « Portail des sciences » publiée chez Larousse. Elle a aussi collaboré aux émissions de télévision E = M6 et Animalia, et aux docu-fictions Homo sapiens et Le Sacre de l’homme.

 

 

 

 

Extraits
« … Notre unité est expérimentale. En fait, nous recourons aux neurosciences… nous collaborons avec le centre du cerveau et de la pensée de l’institut Cajal de Madrid afin de développer une toute nouvelle discipline : la neuropsychocriminologie. »
« Auraient-ils cédé au seul plaisir de radiographier lame humaine ? Non, ils ont agi dans l’intérêt de la justice. »
« J’aimerais que tu me dises où on a trouvé le corps de la victime. Au fin tond de la jungle amazonienne ?
– Si on veut. 11 gisait dans le port de Vigo, avec une de ces fléchettes en travers de la gorge. »
« Cette lois, ce n’est pas un groupe que le clan accueille mais un homme seul, vêtu d’un simple short, qui n’a même pas pris la peine de revêtir ses parures ou d’orner son corps des peintures rituelles. Esteban grimace. Tout de même ! Son procès vaut bien qu’on fasse quelque effort de toilette ! »

 

Le post-it de Ge

Chasseurs d’esprit – Isabelle Bourdial

A Madrid, le commissaire Marcos Fontanillas a créé une brigade expérimentant des méthodes fondées sur les progrès des neurosciences. A cette fin, il recrute Mila Ferrer, une criminologue spécialisée en neuropsychologie. Lorsque Tomas Estaban, chercheur d’or de retour du Venezuela, est enlevé durant le mariage de sa soeur, Fontanillas et ses coéquipiers mènent l’enquête.

Voici un excellent polar scientifique. Très documenté, très fouillé voire décalé.

Il joue parfaitement sur les codes du genre. L’auteure exploite un rythme soutenu quand l’action se déroule, elle emploie un rythme plus lent pour étayer ses propos scientifique. Et l’un ne peut aller sans l’autre.

On y apprend énormément de choses pas seulement en neuroscience . Et c’est passionnant. On découvre les coutumes des indiens Yanomami, la vie des orpailleurs…
Nous sommes embarqués dans une aventure fantastique.

C’est vraiment plaisant, enrichissant et dépaysant. Et en plus de tout ça ce polar nous amène à nous interroger sur notre condition d’humain, sur notre planète et sur la science et les problème éthiques que celle-ci peuvent nous poser.

Une belle découverte

Les petit +de collectif Polar

Le mot de l’auteur :

J’ai eu l’occasion d’écrire de nombreux articles sur les neurosciences et, à chaque fois, j’ai été stupéfaite par l’étendue de leurs performances. Depuis le 7 juillet 2011, la loi de bioéthique autorise l’usage de certaines techniques, et notamment l’imagerie cérébrale, à des fins d’expertise judiciaire. J’ai donc eu envie d’imaginer une histoire montrant concrètement comment cette loi pourrait s’appliquer, quel serait l’intérêt de ces techniques high-tech mais aussi leurs limites, les éventuelles dérives et les problèmes d’éthique qui ne manqueront pas de se poser. Ce récit m’a permis d’aborder d’autres thématiques, environnementales (au travers de la pollution engendrée par l’extraction de l’or en Amérique du Sud) et anthropologiques (regard de l’Occident sur les Indiens d’Amazonie) notamment.

Autres extraits :
PROLOGUE
Non, ce n’est pas Liza Minnelli. Il trouve qu’elle lui ressemble pourtant, avec ses cils gainés d’une épaisse couche de mascara, ses globes oculaires saillants, ses lèvres charnues. La même laideur fascinante, la même manière de chanter, appuyée, entêtante…
Start spreading the news
I’m leaving today
Cette voix mordante qui ne lui laisse d’autre choix que d’écouter, de s’emplir des célèbres notes jusqu’à saturation. Il voudrait crier grâce mais aucun mot ne franchit ses lèvres.
Dans l’atmosphère opaque et dense, les sons se frayent un chemin jusqu’à ses tympans. Il en perçoit les vibrations, suit leur progression, les sent vriller son cortex, exploser en gerbes au fond de sa boîte crânienne.
I want to be a part of it
New York, New York
La chanson se déroule comme un dévidoir qui s’emballe.
These vagabond shoes
Are longing to stray
Right through the very heart of it
New York, New York
Pourquoi reste-t-il là à l’écouter ? Il tente de se lever mais ne cerne plus les limites de son corps. Crier, l’interrompre, la faire taire enfin ! Impossible de se dérober à cette chanson obsédante. Il se sent flotter, s’absorbe dans une rêverie sans objet ; reprend conscience, pour remarquer que la chanteuse a même copié sur l’actrice américaine cette façon de happer l’air, juste avant d’aborder le refrain. En refusant d’inspirer en catimini, d’user pour respirer d’une discrétion professionnelle requérant tout son art, elle reprend son souffle goulûment, sans pudeur.
I want to wake up in a city
That doesn’t sleep
And find I’m king of the hill
Top of the heap
Il sombre à nouveau. S’abîme entre deux eaux, se laisse dériver dans le néant… Mais la mélodie se lance dans son sillage, harponne son esprit, le ramène au rivage. Vaincu il se laisse tanguer au rythme de la musique. La chanteuse sollicite la note sur laquelle sa voix libère toute son énergie.
It’s up to you
New York, New York
Et la litanie reprend. Le même visage trop fardé s’impose. Prisonnier d’un cauchemar qui tourne en boucle, il a la nausée. Quand soudain, un bruit incongru écorche la partition rabâchée, voile les vocalises de la pseudo Liza. Un timbre perçant qui sonne vrai, et qui pourtant ne cadre pas avec cette scène : le cri d’une mouette. L’appel de l’oiseau sème un peu plus la confusion dans son esprit. Pour la première fois, il se demande où il est…

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