Rural Noir de Benoit Minville

9782070148769,0-2999195Le livre : Rural noir de Benoît Minville. Paru le 18 février 2016 chez Gallimard dans la collection Série noire. 18€, 256 pages ; 23 x 16 cm
 Mot de l’éditeur :
Ados, Romain, Vlad, Julie et Christophe étaient inséparables, ils foulaient leur cambrousse dans l’insouciance.
Tout a changé cet été-là. Un drame, la fin de l’innocence.
Après dix ans d’absence, Romain revient dans sa Nièvre désertée, chamboulée par la crise, et découvre les différents chemins empruntés par ses amis.
Oscillant entre souvenirs de jeunesse tendres ou douloureux et plongée nerveuse dans une réalité sombre, Rural noir est la peinture d’une certaine campagne française. Un roman noir à la fois cruel et violent, mais aussi tendre et lumineux ; évoquant la culpabilité, l’amitié et la famille.
Dans la tradition du country noir américain, territoires ruraux et laissés-pour-compte côtoient ceux dont on parle peu au milieu d’une nature «préservée» – ou en friche.
 
 Capture&&&&&&&&&L’auteur :
Benoit Minville est né en 1978 à Paris et vit à Sartrouville (Yvelines). Il doit à sa mère libraire de lui avoir inoculé le doux virus : il est entré en librairie pour un été et y est toujours, quelques années ( une quinzaine) plus tard. Libraire fana d’échanges et de conseils, lecteur passionné de tout bouquin qui transporte une énergie (de Dumas à Pennac, de Ellroy à Lansdale, de Twain à Axl Cendres), son amour de la culture est sans limite et « encré » jusqu’au bout des bras.

Extrait  :
 » Ce soir on est les rois. Cette nuit d’été est à nous. On se rabâche cet hymne depuis des semaines et à chaque fois c’est la plus grande découverte de l’histoire de la musique. Notre vieille grange nous protège de l’orage de fin du monde qui rôde. On transpire la joie, le rock’n’roll et l’amitié. On est plus grands que King Kong, plus heureux qu’une colonie de milliardaires, plus sauvages qu’une horde de hors-la-loi.
Les vacances sont là, attendues avec plus de ferveur que le premier baiser que je traque depuis peu.
Les vacances dans notre chez-nous ; un été à parcourir notre paradis tout vert. Un quotidien à réinventer. La vraie joie d’exister et de grandir ensemble.
Nous quatre.
Je les regarde, mes potes, si fier de les connaître. »

Le post-it de Ge

Rural Noir de Benoit Minville poche

Rural Noir de Benoit Minville

 Dans la campagne nivernaise, le clan formé par Romain, son frère Christophe, Vlad et Julie, est bouleversé par l’arrivée de Cédric, un adolescent rebelle, puis par l’agression de la seule fille de la bande. Dix ans plus tard, à la mort de ses parents, Romain revient dans le village et découvre les différents chemins pris par ses amis. Le gang se reforme quand Vlad est retrouvé presque mort.

 J’ai total kiffé ce bouquin. A tel point que je n’arrive pas vraiment à mettre des mots dessus.

C’est en lisant la chronique qu’en a fait une amie que j’ai réussi à démarrer ce billet.
Tout ce qu’elle en disait était vrai. C’était exactement ça. Et pourtant ce livre ne l’avais pas autant touché que moi.

La chronique de Nath ICI

Et je comprends les critiques qui disent que cette écriture et trop simple que c’est facile de jouer avec les souvenirs ou la nostalgie des lecteurs pour créer l’empathie. Mais ce roman c’est bien plus que ça, c’est du vécu, des sentiments purs, entiers comme on ne peut qu’on avoir à l’adolescence. De ces colère et de ces révoltes qui nous font faire des trucs insensés. Des amitiés à la vie à la mort que l’on veut éternelles.

J’ai eu la chance de pouvoir en parler avec l’auteur. Je lui disais ça :

« Mec, il va falloir que l’on parle sérieusement. J’ai adoré Rural Noir. Il m’a profondément touchée. Mais j’arrive pas à écrire un mot dessus. C’est chiant car j’adore faire partager mes lectures avec mes potos, surtout quand c’est un pur coup de coeur. Tu sais que tu fais chier, mec, j’ai même versé ma larme et dieu sait que c’est pas le genre de la maison. C’est vraiment rare, même avec certains titres qui ont bouleversé ma vie de lectrice »

Benoit était visiblement touché par mes mots. Ému même. Et en grand pudique, il me remerciait pour cela. Mais il était hors de question d’en rester là. je voulais comprendre, je ne voulais pas rester sur cet échec. Il fallait que je mette un peu d’intellect sur mon ressenti, sur mes émotions pour en sortir quelque chose.

Alors, avec Benoit, nous avons parler, longuement, nous nous sommes raconter une partie de nos vies, celle de l’adolescence et de l’enfance. Nous nous sommes confiés, des choses intimes parfois. Nous nous sommes aperçu que nous avions vécu des choses communes, des drames similaires. Nous avions les même souvenirs. Ils n’étaient point communs, puisque Benoit est plus jeune que moi, que les siens était dans la Nièvre et les miens dans ma Haute Marne profonde, mais ils étaient pourtant identiques. C’est là que j’ai compris que tout cela si c’était totalement personnel, ça avait quelque chose d’universel !

Alors …Oui ce roman m’a touchée, il a réveillé en moi des souvenirs enfouis, certains qui me font sourire aujourd’hui, des bons souvenirs, la liberté que nous offrait le fait de vivre à la cambrousse, les échappées belles, tous ensemble, laissant libre court à notre envie de rébellion. Notre insouciance et surtout ce sentiment de toute puissance qui nous rendait presque immortel.

Mais il m’a aussi secoué, faisant remonter à la surface des souvenirs plus douloureux qui résonnent encore en moi aujourd’hui et  toute cette innocence perdue avec eux.

 « Le village était resté immobile face au temps mais le constat s’imposa, les vieux étaient devenus très vieux et certaines maisons resteraient fermées même s’il allait sonner aux portes. »

Aujourd’hui quand je retourne, trente ans après, dans ce coin de campagne qui a bien changé, je ne retrouve quasi plus mes amis et mes camarades de jeux, de beuveries et de virées. La plupart ne vivent plus là. Certains de ceux qui sont restés traînent leur vie de misères en galère. De petits boulot en soûlerie le week-end au bar du coin. D’autres sont restés eux même, ceux sont de vrais amis que j’aime profondément. Si on se voit peu, on a toujours plaisir à se retrouver, à refaire le monde, à réécouter les musique que l’on aime. J’ai vous grandir leur gamins. Ils font aussi un peu partie de la famille. Je les ai vu ados avec leur potes, faire les même connerie que nous avions faites. Je portais un regard indulgent sur leur bêtise. Mon père pestant contre ses petits morveux qui n’ont aucun respect et qui fume de la drogue en plus. Mais, papa, tes propres enfants en faisaient autant et bien pire encore. Rappelles toi de ta jeunesse au village, il était une fois… Parfois quand tu nous la racontes, tes bêtises de l’époque te font bien rire.

A leur tour les enfants de mes amis ont des enfants, et dans quelques années, ils seront adolescents. Et à leur tour il vivront leur vie de jeunes ado. Ainsi tourne la vie.

Et oui, le livre de Benoit Minville a ce quelque chose de profondément humain et universel qui ne peut que vous parler. Et je pense réellement que, même si vous êtes un vrai urbain, vous serez vous aussi touché par ces mots simples.

47 réflexions sur “Rural Noir de Benoit Minville

  1. Ah oui, tout ce temps pour écrire, en effet, ça venait pas, quand on a une constipation de la chronique, ça fait tout de suite plus difficile pour la pondre.

    Mais vindjû, quelle chronique tu nous fais !! De la belle, de la pure, de la non-coupée, de la putain de bonne chronique ! Je m’inclines ! 😉

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  2. De mémoire, c’est la chronique la plus personnelle que tu aies écrite et cela donne une intensité que tu n’imagines pas. Tu rends un très bel hommage à l’auteur en faisant cela car je sais, pour te connaitre un petit peu maintenant, que l’exercice est plus difficile pour toi que pour moi 🙂
    Merci de m’avoir utilisée comme muse, j’en suis extrêmement fière quand je vois le résultat 🙂 ❤

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  3. Pour quelqu’un qui n’arrivait pas à écrire, t’en a écris bien plus que moi 😉 et c’est tellement ça en plus 😉 te dit la fille de la campagne immigré en ville 😉

    Aimé par 2 personnes

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