Du bout des doigts de Sarah Waters : L’ABCdaire de deux nanas fondues de Waters.

 L'ABCdaire de deux nanas fondues de Waters

Bonjour à tous,

Nous sommes de retour !! Les motordus d’Anne-Ju et Collectif Polar sont heureuses de vous retrouver pour cette nouvelle lecture commune. Le choix s’est porté sur :

Du bout des doigts  de Sarah Waters

Le principe est simple, avec Anne Ju, on se partage les 26 lettres de l’alphabet. Chacune met un mot sur chacune des  13 lettres qui lui ont été attribuées. Ces mots définissent, un sentiment, un ressenti, une impression que nous a laissé cette lecture. Ensuite, chaque mot sera expliqué par nous deux.

Ainsi vous retrouverez l’alphabet complet à travers nos deux blog.

Le challenge c’est aussi de parler du livre à travers des mots qui ne sont pas de notre propre ressenti.

9782207253595,0-160992Le livre : Du bout des doigts  de Sarah Waters.Traduit de l’anglais par Erika Abrams. Paru le 25 août 2003 chez Denoël dans la collection Et D’ailleurs. 26€90 ; (749 p.) ; 21 x 15 cm

9782264041074,0-237220Réédité en poche chez 10/18 le 20 janvier 2005. 11€ ; (749 p.) ; 18 x 11 cm

4e de couv :

1862. Lant Street, Londres. Le rendez-vous des voleurs et des receleurs. Sue Trinder, orpheline, est confiée dès le berceau aux bons soins d’une trafiquante de nourrissons. À la veille de ses dix-huit ans, un élégant, surnommé Gentleman, lui propose d’escroquer une héritière, Maud Lilly. Orpheline elle aussi, cette dernière est élevée dans un lugubre manoir par son oncle, collectionneur de livres d’un genre tout particulier. Sue, en entrant au service de la riche jeune fille, tombe avec ingénuité dans un piège. Enveloppée par une atmosphère saturée de mystère et de passions souterraines, elle devra déjouer les complots les plus délicieusement cruels, afin de devenir, avec le concours de la belle demoiselle de Briar, une légende parmi les cercles interlopes de la bibliophilie érotique.Héritière moderne de Dickens, mais aussi de Sapho et des Libertins, Sarah Waters nous offre une vision clandestine de l’Angleterre victorienne, un envers du décor où les héroïnes, de mariages secrets en amours interdites, ne se conduisent jamais comme on l’attendrait. Un roman décadent, virtuose, où les ressorts les plus noirs de l’univers romanesque du XIXe se mêlent au réalisme incisif et décomplexé du XXIe siècle.

 

46785fdgdtfjL’auteur : Née au pays de Galles en 1966, Sarah Waters a été libraire puis enseignante. Depuis la parution de son premier roman, Caresser le velours (Denoël, 2002), sa notoriété n’a cessé de croître. La publication de Du bout des doigts marque sa consécration. Élue «auteur de l’année» par le Sunday Times, elle reçoit en 2003 le prix des Libraires et le British Book Awards.

 Extrait :
« En ce temps-là je m’appelais Susan Trinder. Les gens me disaient Sue. Je connais l’année de ma naissance, mais pendant longtemps, j’ai fêté mon anniversaire à Noël, faute de savoir le jour. Je suis orpheline de père et de mère, autant que je sache. Ma mère en tout cas est bien morte. Je ne l’ai jamais connue, je ne me souciais pas d’elle. J’étais la fille de Mme Sucksby, ou c’était tout comme, et pour me tenir lieu de père, il y avait M. Ibbs, serrurier à Land Street dans le Borough – le quartier, comme on disait – , sur la rive droite de la Tamise, au bord de l’eau.» 

Pour cette nouvelle lecture commune nous nous sommes partagé simplement l’alphabet, une lettre sur deux. Anne Ju commençant par le B…

Voici donc mon Abécédaire de A à Y

A comme Amour :

 GVL : Du bout des doigts est avant tout à mes yeux un magnifique roman d’amour. Des amours clandestines, des amours contrariées. Mais c’est à mon sens ce sentiment puissant qui est le moteur de cette formidable histoire.

 AJC : Quand tu m’as proposé ce livre, j’ai été surprise ! Toi la reine du polar, tu me plonges dans un roman d’amour. Mais quel roman d’amour !! Waouh, j’avoue c’est puissant comme tu dis ! J’ai adoré.

 C comme Confinement :

GVL : Oui c’est un mot qui définit bien ce roman.

Notre héroïne Maud vit confinée dans le manoir de son oncle. Elle a été recluse dix années dans un asile psychiatrique où est morte sa mère.

Nos héroïnes sont confinées à leur condition féminine, enfermées dans le carcan de la société victorienne.

 AJC : Je te rejoins tout à fait sur ce mot. Un moment donné, avec Maud, on étouffe tellement que c’est étriqué. Sue semble avoir plus de liberté mais c’est qu’une illusion. Car elle croit faire ses propres choix, mais non, elle aussi a son destin tout écrit !

E comme Erotisme :

 GVL : Après avoir vécu dix années dans un asile psychiatrique où est morte sa mère, Maud Lilly est recueillie par son oncle dans son sombre manoir où il collectionne avec soin des livres d’un genre tout à fait particulier.

Notre héroïne va devenir la secrétaire et lectrice de ce bibliophile, amoureux de littératures érotiques.

Une littérature qu’elle va se mettre à exécrer.

Mais l’érotisme n’est pas le sujet de ce roman même si à certain moment de celui-ci il apparait souvent sous forme de sous-entendus, de regards, de gestes esquissés.

 AJC : Tu as raison, Geneviève. Il y a un part d’érotisme dans ce roman qui se pose délicatement comme un voile (waouh que c’est joli ce que j’écris ;-)). Mais ce n’est pas la base du roman, mais il s’adapte tout à fait à l’histoire et au contexte.

 G comme Gothique :

GVL : Si du bout des doigts est vu comme un roman policier il a tout aussi du roman gothique. En ce sens Sarah Waters est aussi l’héritière de  Charlotte Smith cette auteure anglaise de 18e siècle qui publie des romans très populaire où  le thème de la persécution féminine est déjà présent. De plus Sarah Waters emprunte aussi au procédé narratif du roman gothique en insérant un récit dans le récit. De plus ici les décors en aussi leur importance, asile psychiatrique, manoir lugubre… Oui, pas de doute Sarah Waters rend ici hommage à ces illustres prédécesseurs que sont  Ann Radcliffe et Mary Shelley mais aussi aux nombreuses autres femmes auteures dont le nom a été oublié.

AJC : Alors, là je vois que tu es méga calé sur le sujet…Je ne vois pas trop quoi rajouter. Si ce n’est que j’ai envie de m’habiller en gothique ;-).

 I comme Inventif :

 GVL : Sarah Waters prend le parti de construire son histoire en trois parties.

La narration est d’abord prise en charge par Susan Trinder. C’est par elle que tout va arriver.

Ensuite Maud Lilly va rejouer sous nos yeux la partition. C’est de son point de vue que l’on va revivre toute cette aventure. Et c’est là que tout s’accélère.

La première partie pourrait se suffire à elle-même. Sarah Waters nous raconte une histoire, elle se déroule tranquillement sous nos yeux, elle a un début puis une fin.

Mais non, C’est là que c’est inventif car tout repart avec la 2e partie.

Et on plus l’auteure, pour ne pas faire les choses à moitié, nous propose à nouveau une troisième partie, forme de conclusion qui nous cueille pour de bon, si ce n’était déjà pas fait.

3 livres pour le prix d’un si ça ce n’est pas inventif.

 AJC : Cette construction a été une autre surprise pour moi. Je me disais « Mais où veut elle en venir ? ». C’était tordu comme défi mais réussi pour ma part. Ma curiosité était perplexe au début mais elle a vite était conquise.

K comme KO :

GVL : Chaque fois que je lis Sarah Waters je suis impressionnée par sa prose. Son talent de conteuse. Sa maitrise parfaire des intrigues. Chaque fois je me fais avoir même lorsque je connais déjà le nom du ou des coupables. Elle a cet art du retournement qui vous cueille à tous les coups. Perso, j’en reste KO.

 AJC : Pour ma part, c’était une découverte. Je n’avais encore jamais lu mais ça c’était avant ! Grâce à ton cadeau à mon anniversaire, j’ai pu me plonger dans son univers. Au début, j’avoue que je me suis demandée où elle allait m’emmener…mais après j’ai vite trouvé mon chemin. On ne me sème pas si facilement …non mais !

 M comme Manipulation

 GVL : Ici tout est manipulation !

La manipulation est au cœur de cette histoire. C’en est même le ressors.

Les protagonistes de cette histoire sont tous manipulés, manipulables et manipulateurs.

Mais attention cher lecteur,toi aussi tu risques de ne plus avoir ton libre arbitre durant la lecture de ce roman.

L’auteur aussi nous manipule à son gré.

 AJC : Mais dites-moi, Maître Jedi, m’auriez-vous manipulé aussi ? 😉

O comme Orpheline :

GVL : Si tout oppose Susan Triller à Maud Lilly c’est bien leur condition d’orpheline qui lie nos deux héroïne.

AJC : Je crois que c’était hélas de monnaie courante à cette époque. Il fallait naitre du bon côté de la Tamise…et encore !

 Q comme Quartier :

GVL : Dans ce roman nous allons visiter Lant Street, le quartier des voleurs et des receleurs. Nous allons parcourir Londres mais aussi rentrer dans des lieux insolites. Car les décors sont importants pour Sarah Waters. Elle les dépeint avec minutie. Elle les plante avec exactitude. Ces décors contribuent à l’ambiance du roman.

Quartier aussi comme division, car le roman de Sarah Waters est divisé en trois parts. La première partie est contée par Sue. Et cette première partie pourrait se suffire à elle-même. Elle pourrait être un et un seul roman. Sarah Waters nous raconte une histoire. Elle se déroule tranquillement sous nos yeux. Elle a un début puis une fin.

Mais non, Sarah Waters n’en reste pas là et elle nous offre la 2e partie.

Et en plus, pour ne pas faire les choses à moitié, l’auteure nous propose à nouveau une troisième partie, forme de conclusion qui nous cueille pour de bon, si ce n’était déjà pas fait.

3 livres pour le prix. Pas de quartier pour le lecteur !

AJC : Tout est dit !! Je te rejoins carrément sur ce mot ! Bravoooo

S comme Saphisme :

 GVL : Les amours lesbiennes tiennent une grande place dans les romans de Sarah Waters. D’ailleurs du Bout des doigts a reçu  le Prix Lambda Literary de la meilleure fiction lesbienne.

 Sarah Waters qualifie elle-même ses romans de lesbiens. Voilà ce qu’elle répondait en avril 2015 à Thomas Stélandre journaliste de Libé qui lui posait cette question :

« Vous dites «romans lesbiens» ?

Je crois que ça leur convient bien. On me demande souvent ce que je pense du label d’«auteure lesbienne». La vérité, c’est que ça ne me dérange pas. J’emploie moi-même ce terme, parce que j’ai un intérêt tellement fort pour les histoires de lesbiennes, les imaginer, les raconter. C’est là, c’est dans mes livres. Mais il semble que mes histoires de lesbiennes touchent un public qui n’est pas seulement lesbien car, fondamentalement, elles parlent d’amour, de désir, de trahison, tout le monde doit pouvoir s’y retrouver

 La littérature gay existe encore ?

Oui, je crois. Et c’est une part de mon histoire. J’ai commencé à écrire dans les années 90, à une époque où cette littérature était très politisée. Je faisais partie d’une communauté, avec ses livres, j’avais le sentiment de participer à un mouvement. Depuis, bien sûr, les choses ont évolué, le mariage, l’adoption… Pour les jeunes, ça semble peut-être dépassé. Mais pour quelqu’un de ma génération, c’est autre chose. Je ne peux pas abandonner ce combat-là. Après, je m’envisage en tant qu’écrivain avant de m’envisager en tant qu’auteure lesbienne. »

GVL : En effet ce titre est bien plus que ça, c’est un roman magistrale. 

AJC : Bah là….euh tu veux que je rajoute quoi à ça !!! Rien si ce n’est merci pour toutes ces infos 😉

 U comme Urgence :

 GVL : Oui il est urgent que vous découvriez ce livre chers lecteurs et chères lectrices.

 AJC : Très urgent ! Allez allez on s’active !!!

W comme Waters :

GVL : Vous l’aurez compris j’adore Sarah Waters, j’ai lu tous ses romans. J’ai même relu celui-ci pour cette lecture commune. J’ai englouti ces 750 pages.

 « Héritière moderne de Dickens, mais aussi de Sapho et des Libertins, Sarah Waters nous offre une vision clandestine de l’Angleterre victorienne, un envers du décor ou les héroïnes, de mariages secrets en amours interdites, ne se conduisent jamais comme on l’attendrait. Elle nous propose là un roman décadent et virtuose. »

 Je ne peux que vous conseiller de la découvrir. Ne commencer peut-être pas par son premier roman, Caresser le velours, il est sans doute trop personnel. Mais laissez-vous tentez par Affinité, par Du bout des doigts ou encore par son tout dernier Derrière la porte.

Sarah Waters c’est du romanesque à l’état pur. Sarah Waters c’est la promesse d’une lecture prenante et troublante, que du bonheur.

 AJC : J’ai Derrière la porte que je n’ai pas encore lu mais je pense qu’il va bientôt finir « entre mes mains » ;-). Car j’ai aimé le style et l’histoire. En plus, quand je te lis Geneviève, je ne peux me dire que le choix fut très judicieux ! Ma curiosité te remercie !

 Y comme Yes The End.

GVL :  Si j’ai adoré ce titre, j’ai vraiment eu beaucoup de mal à trouver les mots pour vous le présenter. Et je tiens à remercier Anne Ju qui m’a beaucoup aidé sur ce coup-là. J’espère qu’elle ne m’en voudra pas d’avoir pris quelques libertés et de n’avoir pas toujours suivi ses recommandations 😉

Anne Ju sans toi je n’aurai jamais vu la fin de cet Abécédaire

 AJC : Moi t’en vouloir pfff J’essaye mais je n’y arrive pas ;-). Pour mes recommandations, ce n’était que des pistes, donc libre à toi de choisir. C’est comme cela que fonctionne notre duo ! Ils déchirent !

Bon, là vous vous sentez un peu de trop mais non… on vous aime aussi !!!

Je ne sais pas si nous avons réussi à vous convaincre, mais si vous souhaitez en savoir plus…La suite de cette ABécédaire est chez Anne Ju et ses Modordus

L’Abécédaire d’Anne JU c’est ICI

Et retrouvez nos premiers ABCdaires ICI :

Nicolas Lebel ; Marie Vindy ; Laura Sadowski.

Ainsi que notre Lecture commune de Gipsy Paladini

 Extrait 2 :

« Je connais le monde et ses plaisirs aussi bien  que les pires débauchés de l’univers romanesque; pourtant je n’ai pas une seule fois franchi les murs du parc de mon oncle depuis qu’il m’a recueillie. Je sais tout sans rien savoir. Ceci sera essentiel pour la suite.  Il ne faudra pas oublier tout ce que je ne sais pas faire, tout ce que je n’ai pas vu.  Je ne sais ni monter à cheval ni danser. Je n’ai jamais eu  entre les mains de l’argent à dépenser. Je n’ai jamais mis les pieds dans un train ou un théâtre, jamais vu ni la mer  ni la montagne. Je n’ai jamais vu Londres mais j’ai l’impression de connaître la ville.  Elle m’est familière grâce aux livres de mon oncle. « 

 

59 réflexions sur “Du bout des doigts de Sarah Waters : L’ABCdaire de deux nanas fondues de Waters.

  1. Les filles, vous me faites chi** à me tenter de la sorte sous toutes les formes possibles et imaginables ! 😛

    Du bout des doigts, c’est vrai que c’est torride un titre pareil… j’avais oublié de le dire dans mon comm chez Anne-Ju 😉

    TENTATRICES VOUS ÊTES !!!

    Aimé par 2 personnes

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