Le marchand de livres maudits de Marcello Simoni

Le livre : 9782266253086,0-27447909782749920702,0-1727677Le marchand de livres maudits  de Marcello Simoni. Traduit de l’italien par Nathalie Bouyssès. Paru le 24 octobre 2013 chez Michel Lafont. 19€95 ;  (410 p.) ;  24 x 16 cm.

Réédité en poche chez Pocket le 1er octobre 2015. 7€30 ; (443 p.) ; 18 x 11 cm

Quatrième de couverture
Italie, an de grâce 1205. Par une nuit glacée, de mystérieux cavaliers noirs se lancent à la poursuite du père Vivïen de Narbonne, dépositaire d’un manuscrit inestimable. Au cours de sa fuite éperdue, le religieux tombe dans un ravin…

Treize années plus tard, le marchand de reliques Ignace de Tolède est chargé par un riche commanditaire de retrouver l’Uter Ventorum. Ce précieux grimoire renfermerait un secret, transmis par les anges à l’époque du roi Salomon et capable de renverser l’ordre du monde. Aidé du jeune Uberto et du farouche Wilhalme, Ignace devra faire preuve de toute son habileté et de son expérience des messages cryptés pour reconstituer le manuscrit, dispersé entre le Languedoc, l’Italie et la Castille.

Mais la promesse de mystères révélés attire bien des convoitises, et la longue quête des trois amis ne sera pas sans périls. Ils devront notamment affronter le terrible Tribunal de la Sainte-Vehme, un ordre secret prêt à tout pour s’approprier le pouvoir millénaire de l’Uter Ventorum, y compris à torturer et à tuer.

4558548562Marcello Simoni, est née au début des année 70, passionné d’Histoire et diplômé de littérature il a travaillé comme archéologue et bibliothécaire. Le Marchand de livres maudits a été traduit dans onze pays et a été récompensé, en Italie, par le prestigieux prix Bancarella.

 

 

PROLOGUE
An du Seigneur 1205. Mercredi des Cendres.
Des rafales d’un vent glacial fouettaient l’abbaye de Saint-Michel-de-la-Cluse, faisant pénétrer entre ses murs une odeur de résine et de feuilles sèches. Elles annonçaient l’arrivée d’une tempête.
L’office du soir n’était pas encore terminé lorsque le Père Vivien de Narbonne décida de sortir du monastère. Incommodé par les émanations d’encens et le vacillement des chandelles, il passa le portail d’entrée et arpenta la cour enneigée. Le crépuscule étouffait les derniers quartiers de lumière diurne.
Une brusque rafale saisit Vivien, qui fut parcouru d’un frisson. Le moine se blottit dans sa robe et plissa le front, comme s’il avait subi un outrage. Le sentiment de malaise qui l’accompagnait depuis le réveil ne semblait pas vouloir le quitter, il s’était même accru tout au long de la journée.
Persuadé que son angoisse se dissiperait avec un peu de repos, il dévia en direction du cloître, traversa la colonnade et pénétra dans l’imposant dortoir. Il fut accueilli par la lueur vacillante des torches éclairant une succession de cellules exiguës, pour le moins oppressantes.
Vivien parcourut un dédale de couloirs et d’escaliers en frottant ses mains gelées. Il éprouvait le besoin de s’allonger, de ne penser à rien, mais devant sa cellule quelque chose d’insolite l’interpella. Un poignard au manche de bronze cruciforme était planté dans la porte. Un billet enroulé en dépassait. Le moine le fixa un moment, en proie à un terrible pressentiment, puis il s’arma de courage et se décida à le lire. Le message était bref et terrifiant.
« Vivien de Narbonne, coupable de nécromancie.
Jugement rendu par le tribunal secret de la Sainte-Vehme.
Ordre des Francs-Juges. »
Vivien tomba à genoux, terrassé par la terreur. La Sainte-Vehme ? Les Illuminés ? Comment avaient-ils fait pour le dénicher dans cet asile retranché des Alpes ? Après tant d’années de fuite, il se croyait désormais en sécurité, pensant qu’ils avaient perdu sa trace. Mais non. Ils l’avaient retrouvé ! Quelle erreur !
Ce n’était guère le moment de pleurer sur son sort. Il fallait fuir, encore une fois.
Il se remit sur ses jambes chancelantes et ouvrit la porte de la cellule, rassembla en hâte quelques affaires et se précipita aux écuries, drapé dans un lourd manteau. Les corridors semblaient se rétrécir, attisant encore davantage sa peur.
Dehors, l’air avait fraîchi. Le vent hurlait, balayant les nuages et les rares feuilles des arbres décharnés. Les frères s’attardaient au monastère, plongés dans la tiédeur sacrée de la nef principale.
Vivien sella un cheval, l’enfourcha et parcourut au trot le bourg de Saint-Michel. De gros flocons de neige fondue tombaient sur ses épaules, détrempant le lainage de son vêtement. Ses seules pensées suffisaient pourtant à le faire frissonner. Il s’attendait à tout moment à une embuscade.
À l’entrée des remparts, un moine recroquevillé dans son manteau vint à sa rencontre : le père Geraldo de Pignerol, le cellérier. Il rejeta son capuchon en arrière, dévoilant une longue barbe de jais et un regard étonné. « Où vas-tu, frère ? Rentre avant que la tempête ne fasse rage. »
Vivien ne répondit pas et continua vers la sortie, priant pour qu’il soit encore temps de fuir. Aux portes l’attendaient une charrette tirée par deux chevaux noirs comme la nuit, avec un homme assis, seul, sur le siège du cocher, un émissaire de la mort. Le fugitif le dépassa avec une feinte indifférence. Il garda le visage dissimulé sous son capuchon, veillant à ne pas croiser le regard du cocher.
Geraldo en revanche, s’approcha de l’inconnu pour l’observer. C’était un individu imposant, vêtu d’un manteau noir et portant un large chapeau. Rien d’extraordinaire, à première vue, mais dès que le cellérier le regarda en face, il ne put plus le quitter des yeux : le visage de l’homme était couvert de sang et déformé par un rictus satanique.
« Le Diable ! » s’écria le moine, en reculant.
Sans demander son reste, Vivien avant talonné son cheval et s’était élancé au galop sur le coteau, en direction du Val de Suse. Il aurait voulu fuir le plus rapidement possible, cependant la neige, mêlée à la boue, rendait le sentier impraticable et l’obligeait à se montrer prudent.
Le sombre cocher, qui avait reconnu le fugitif, excita les chevaux afin de les lancer à ses trousses. « Vivien de Narbonne, arrêtez ! hurla-t-il rageusement. Vous n’échapperez pas indéfiniment à la Sainte-Vehme ! »
L’esprit submergé par un flot de pensées confuses, Vivien ne se retourna pas. Il entendait derrière lui les roues de la carriole, de plus en plus proche. Elle le rattrapait ! Comment pouvait-elle se déplacer aussi vite sur un chemin si accidenté ? Ce n’étaient pas des chevaux, mes les démons de l’enfer !
Les paroles de son poursuivant ne laissaient aucun doute, il était l’émissaire des Francs-Juges. Les Illuminés cherchaient à s’emparer du livre ! Ils étaient prêts à tout pour l’obtenir. Ils ne reculeraient devant aucune torture, aucun sévice pour découvrir comment recourir et accéder à ce pouvoir : la Sagesse des Anges. Plutôt mourir !
Les larmes aux yeux, le fugitif agrippa la bride et incita le destrier à prendre plus de vitesse. Mais le cheval s’approcha trop du bord du ravin. Le terrain, ramolli par la neige fondue et la boue, s’effondra sous le poids de la monture.
L’animal glissa, précipitant Vivien dans le vide. Les cris du moine, mêlés aux hennissements, retentirent tout au long de leur chute avant de se perdre dans les mugissements de la tempête.
La charrette s’immobilisa. Le cocher infernal mit pied à terre et scruta l’abîme. « Le seul désormais à savoir est Ignace de Tolède, pensa-t-il, il faut le retrouver. »
Il porta la main droite à son visage, tâtant une surface trop froide et trop dure pour être humaine. D’un geste presque réticent, il fit pression sur ses joues et retira le Masque rouge qui dissimulait ses traits.

 Le post-it de Ge

Le marchand de livres maudits

Italie, 1205. Par une nuit glacée, un mystérieux cavalier se lance à la poursuite du père Vivien de Narbonne, dépositaire d’un manuscrit inestimable. Lors de sa fuite, le religieux chute dans un ravin…

Treize ans plus tard. Le marchand de reliques Ignace de Tolède, et deux de ses acolytes, sont chargés par un riche commanditaire de retrouver ce précieux texte, l’Uter Ventorum. Un livre capable de renverser l’ordre du monde qu’ils ne sont pas les seuls à convoiter. Ils deviennent alors la pièce majeure d’un jeu de piste à travers l’Europe avec, à leurs trousses, un ordre secret capable de tout.

Le marchand de livre maudits est le premier tome d’une trilogie éponyme. Cette trilogie moyenâgeuse est de très bonne facture. On peut penser que son auteur a adoré le livre le nom de la rose de son illustre compatriote Umberco Eco.

Le marchand de livres maudits emprunte à la fois au roman d’Eco « Le nom de la rose » même si Ignace de Tolède n’a pas la carrure et le charisme de Guillaume de Baskerville et au  » Da Vinci Code » de Dan Brown pour la brièveté de ses chapitres.

Et ces chapitre courts ne laisse aucun répit au lecteur. Surtout que l’écriture de Marcello Simoni est fluide et limpide comme de l’eau de roche. Et que son intrigue est parfaitement maîtrisée et le récit parfaitement construit.

J’ai aimé l’ambiance noire de cette histoire, j’en ai aimé ses énigmes.  J’ai aimé la lecture de ce très bon polar historique et je lirai la suite avec grand plaisir à n’en pas douté.

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