Chiennes de Marie Vindy : L’ABCdaire de deux nanas fondues de ….Vindy

  L'ABCdaire de deux nanas fondues de vindy

Bonjour à tous,

Nous sommes de retour !! Les motordus d’Anne-Ju et Collectif Polar sont heureuses de vous retrouver pour cette nouvelle lecture commune. Le choix s’est porté sur :

Chiennes de Marie Vindy

Pour cette  troisième lecture commune, on reprend la formule de l’Abécédaire.

Le principe :


Un ABCdaire : 26 lettres

L'ABCdaire de deux nanas fondues de13 lettres chacune choisies au hasard

13 lettres pour 13 mots qui pour nous définissent quelque chose du roman.

 Ensuite nous mettons les 26 mots ainsi rassemblés en commun et nous y apportons l’une et l’autre notre petite explication.

Pas simple de parler d’un roman à partir d’un mot choisi par une autre personne. Pas simple mais très amusant.

Et pour plus de partage encore chacune d’entre nous ne gardera que 7 lettres donc 7 mots qu’elle avait au départ pour sa chronique. Les 6 lettres et mots correspondants restant, elle les offrira à sa partenaire qui se chargera de les publier.

Chaque chronique disposera de 13 mots, 7 des siens et 6 emprunté dans la liste de son binôme. Mais au totale chacune aura 26 définitions.

Je vous vois faire la grimace ! Peut-être ne suis pas assez explicite ?

Bon…Prenant un exemple ça sera plus clair !

Ge de Collectif Polar a les lettres H, I,J,K,L,M,N,Q,R,S,T,W,Y = 13 lettres

Les 6 lettres H,I,J,T,W et Y ont été définies par Ge mais seront publiées dans la chronique d’Anne-Ju.

Et inversement, des 13 lettres définies par Anne Ju, Ge en publiera 6.

Bref pour lire l’abécédaire complet, vous allez devoir jongler avec nos deux blogs. 26 lettres, 13 lettres chacune. Là vous vous dîtes que l’on a grave cogité, euh oui on vous confirme 😉

Le plus simple, allez direct à l’Abécédaire, oups pardon L’ABCdaire. 

Marie Vindy&Le livre : Chiennes de Marie Vindy Paru le 31 août 2015 à la Manufacture de Livres dans la collection Roman Noir.  388 pages, 18,90€ …

La 4e de couv :

Chiennes

– Allô ? C’est quoi ?
– T’as intérêt de la boucler, j’te jure ! Tu fermes ta gueule, t’entends ?
– Hé ! Mais t’es qui, toi, pour m’parler comme ça ? Eh oh ?
– Ferme ta gueule si tu veux pas avoir d’ennuis. Toi et ta pute de mère vous fermez vos gueules, t’as compris ? Et ta mère, putain, elle a pas intérêt à ouvrir sa grande gueule, sinon, sa vie, elle va être pourrie et la tienne aussi. Et tu te retrouveras dans une cave comme ta copine la pute !

Séquestrations, violences, balances, c’est le lot du trafic de stups, même dans une ville réputée calme comme Dijon. Ici, la dope, ce sont surtout quelques lascars qui font des trajets aux Pays-Bas pour ramener du produit jusqu’à ce qu’ils finissent par se faire serrer par la douane volante. Mais comment ne pas voir dans ces gosses élevés de travers, pervertis par le fric facile, et entraînés aux luttes viriles et à la violence, l’ombre d’une réalité beaucoup plus terrifiante ?

Marie Vindy (13)L’auteur : Marie Vindy est née en 1972, à Dijon où elle vit toujours.

Après avoir suivi une formation artistique aux « Beaux Arts » de Besançon, puis de Nantes, elle devient artiste plasticienne et professeur d’Arts Plastiques en collège pendant quelques années, elle délaisse assez vite ces activités pour se consacrer à la littérature noire. Elle est aujourd’hui journaliste et chroniqueuse judiciaire.

Notre Lecture commune :

Les 6 mots choisis par Anne Ju parmi les 13 lettres qu’elle a tirée au sort

A : Affaires

AJC : Ce livre est un réel roman policier. Il parle de 2 affaires. La première est le suicide d’une jeune fille qui a lieu dans une cité à Dijon et qui est donc suivi par la police. La seconde est le meurtre d’une jeune fille retrouvée dans un bois dans les alentours de Dijon et qui est suivie par la gendarmerie. Pour m’y retrouver au début, j’ai pris des notes pour être sûre de bien mettre les personnages et les faits dans les bonnes colonnes ;-). Car c’est un peu comme un entonnoir ! Au début, on a une tonne d’infos et petit à petit, ça se resserre …mais chut je n’en dis pas plus.

GVLDans une cité de la banlieue de Dijon, le policier Simon Carrière doit enquêter sur le suicide d’une jeune fille. Parallèlement, le capitaine Humbert est confronté à la disparition d’Aude, qui a manifestement été exécutée pour une affaire de drogue. Une intrigue qui reprend les personnages croisés dans Une femme seule et Cavale(s) et qui se déroule au sein de la gendarmerie nationale.

B : Brutal

AJC : Attention, âmes sensibles s’abstenir car il y a pas mal de violence dans ce livre. Tout d’abord, les deux enquêtes aussi brutales que violentes. Ensuite, les sentiments : Vlan. On se prend une sacrée claque quand on imagine les horreurs que ces hommes volent tous les jours. Mais ce qui est plus brutal : c’est cette considération de la femme en passant un langage tellement injurieux que j’ai eu envie de devenir brutale à ma manière…Avec mes mots. Merci Marie Vindy pour ce combat brutal que tu mènes ! ça existe tout le monde le sait, mais tout le monde se tait ! La loi du silence L

GVL : Oui la violence faite aux femmes n’est pas un vain mot, et ici c’est même le statut de la femme qui est remis en question. La femme objet pour le seul plaisir de l’homme ou bonne à tout faire.  Oui ici moi aussi j’ai envie de devenir brutal face à toutes ces violences quotidiennes qui chaque jour me renvoient à ma condition de femme et aux luttes qu’il va nous falloir encore mener pour défendre et étendre nos droits, mesdames.

C : Chiennes

AJC : Ce mot a (hélas) plusieurs définitions ! Vous avez la femelle du chien mais aussi le côté négatif attribué aux femmes comme étant une injure. Ici  vous l’avez bien compris Marie Vindy ne l’utilise pas à son sens premier. D’ailleurs, ce mot est devenu courant dans le langage aussi bien chez les hommes que chez les femmes. Chiennes est le titre de ce livre ! C’est un cri de douleur et ras le bol ! Marre de se faire insulter de la sorte et d’être cataloguée comme ça. Le manque de respect de la femme est flagrant dans ces personnages présents dans le livre. J’aurai pu choisir le mot Colère mais aussi Claques car franchement j’ai très envie de mettre des claques à tous ces jeunes qui n’ont plus de notion de l’être humain.

GVL : Les personnes qui me connaissent savent mon amour pour les canidés. Aussi je ne comprends pas que ce mot « Chienne » soit devenu dans la bouche de certain une insulte. Moi qui vis en meute, je vois bien comme nos chiennes sont le ciment du groupe, comme elles sont fidèles, aimantes et solidaires entre elle. Plus que les mâles, elles font preuve de courage et surtout de tempérance et d’équité. Non vraiment, ces abrutis qui nous traites de chiennes n’en vraiment rien compris au monde canin. Le chien est un animal social par excellence et la meute se compose de plusieurs individus, C’est donc une véritable cellule  presque familiale, fortement hiérarchisée et centrée autour du couple dominant. Les autres membres sont très soumis au couple Alpha qui choisit toujours le territoire où s’établira le clan. Veillant à la sécurité et au bien-être de tous les individus, il assume le maintien de l’ordre et veille à la cohésion du groupe. La stabilité d’une meute dépend des dominants. Et malheureusement chez les humains, l’effet de meute est vraiment perverti.

V : Valeur

AJC : Dans ce roman, Marie Vindy fait un état de la notion de Valeur. La valeur matérielle est ce qui régit tout dans ces cités. Elle est la grande preuve de réussite. Plus tu as d’argent et plus tu as du pouvoir et tu es respecté. Mais il y a aussi la partie Humaine. La valeur de l’être humain. Là, la femme n’a aucune valeur si ce n’est celui de Chienne. Les hommes n’ont pas forcément non plus une grande valeur dans ces cités. Mais la partie force de l’ordre essaye de rétablir cet équilibre mais c’est une lutte longue et parfois périlleuse. Un sacré bras de fer !

GVL : Ici certains de nos protagonistes n’ont aucune valeur morale. Difficile de rentrer en empathie avec eux. Cela en fait des boucs émissaires faciles pour déverser notre rancœur contre leur bêtise crasse. Et de là à  basculer dans une certaine généralité, il n’y a qu’un pas. Entre angélisme et pharisaïsme difficile de ne pas tomber dans les extrêmes.

X : X

AJC : Âmes sensibles s’abstenir ? oui un peu car y a des  mots hard, des scènes qu’on n’aimerait savoir que cela n’existe plus.

GVL : X comme Hard, non pas qu’il soit question ici de pornographie mais parfois nous n’en sommes pas loin. Entre la prostitution de jeunes filles mineures, les viols en réunion, les tournantes dans les cités. La possession du corps des femmes comme arme de guerre. Et puis se titre Chiennes, à lui seul il est porteur de soumission totale donc sexuelle aussi.

Z : Zen

AJC :  C’est l’état dans lequel je me trouve en écrivant cette chronique et non celui que vous allez être en lisant ce roman noir 😉

GVL : Zen, j’aimerai l’être, mais trop de questions se sont bousculées et se bousculent encore en moi après la lecture de ce roman âpre, poisseux mais réaliste que ça en fait mal. Donc non, pas ZEN du tout.

Les 7 mots qu’il me reste sur les 13 lettres que j’ai tirées au sort.

K comme Keuf :

GVL : On est là dans une histoire de Keuf. Marie Vindy nous propose un roman policier pur jus, un roman policier de procédure comme on dit. C’est-à-dire que l’on va suivre pas à pas, l’enquête des flics, des condés comme si on y était. On remonte peu à peu avec eux les pistes, on récolte les témoignages, les indices, les preuves…On fait à leur côté un travail de fourmi afin de confondre les coupables.

AJC : Je ne vois pas ce que je peux rajouter de plus à ce que tu as écris…si ce n’est qu’être keufs semblent de plus en plus difficile et surtout il faut être doté d’un sacré courage pour assumer et exercer ce job de nos jours

 

 

L  comme  Lecture :

GVL : Voici bien une lecture que je vous recommande, lecture addictive qui a suscité en moi de forts sentiments de contradiction. Je crois même que par moment je ne me suis pas totalement reconnue. J’ai été poussée dans mes extrêmes, mes discordances, mes dissonances. J’ai été bousculée, malmenée.  Mais cette lecture est nécessaire voire salvatrice.

 AJC : Je suis contente d’avoir choisie cette lecture commune car c’est une lecture militante comme je les aime. On a envie de s’engager après ça. Donc lisez le et n’ayez pas peur de ce que vous allez lire. Il ne faut pas se voiler la face ! Ça existe et c’est peut-être en bas de chez vous.

 

M comme Misère :

GVL : Il est ici question de misère, misère sociale certes, mais aussi misère affective, misère culturelle, misère éducative…. Comment se construire quand aucun modèle ni familial, ni structurant n’est là pour vous soutenir. Quand le seul modèle c’est le fric, et surtout le fric facile. Celui qui donne une position social. Celui qui confère le pouvoir. Comment se construire sans structure familiale, avec des parents défaillants, des parents eux même délinquants ou comment exister face à une autorité trop rigide voire injuste. Une éducation à la chlag où l’écoute et l’amour n’ont point leur place. Comment devenir un homme citoyen quand les règles sont viciées dès le départ.

Oui mais la misère explique-t-elle à elle seule toutes ses dérives, toutes cette violences.

Sans doute pas…

 AJC : Dans quelle misère vient-on en 2015 ? Lisez Chiennes et vous aurez un sacré bilan que certains devraient prendre conscience. Mais je suis comme toit Geneviève, je me demande comment on peut faire pour s’en sortir ? Certes, la misère existe depuis toujours : les riches, les pauvres, ce n’est pas nouveau.. Mais les fossés sont de plus en plus grands et l’argent peut être tellement facile pour sortir de cette misère (drogues, prostitution…). Le fossé va-t-il continuer à se creuser ? Vous avez encore 4h pour nous rendre votre copie 😉

 

N comme Noir :

GVL : En plus d’être un roman policier procédural, Chiennes est aussi un roman noir. Noir et social vous l’aurez compris.

AJC : Je n’ai rien de plus à rajouter : La couverture exprime bien ce côté sombre.

 

Q comme Quartier :

GVL : J’étais loin de me douter qu’à Dijon, ville bourgeoise s’il en est, il existait des quartiers sensibles. Des cités comme dans nos banlieues, des Tarterets, des 4000…

Et bien , Marie Vindy, nous fait voir l’envers du décor et la cité des ducs de Bourgogne prend un autre visage.

 AJC : Dijon je connais un peu car depuis 4 ans, je vis à 45mn de là. Comme quoi derrière le côté de nos chers ducs de Bourgogne, il y a aussi des endroits où je ne voudrais pas m’aventurer. Aujourd’hui, des quartiers sensibles il y en a même dans des villes de 5000 habitants !!

R comme Révoltée :

GVL : Oui c’est ce que je suis à la lecture de ce livre. Révoltée.

Révoltée car Marie Vindy a vu juste, et sa vision m’est insupportable.

Je ne peux pas croire que la condition de la femme, dans notre démocratie et en ce 21e siècle soit celle que ces morveux veulent bien lui attribuer.

Révoltée…Alors, mesdames et messieurs, aux armes et qu’une nouvelle fois le droit des femmes deviennent une priorité nationale.

 AJC : Oh dingue, tu as utilisé les mots que je voulais ! Révoltée de me sentir impuissante devant ces nouveaux délinquants qui se proclament au-dessus de tout. Révoltée de voir que ces personnes rendent à la femme cet état de « bonne à se taire  et à subir ». Je suis féministe et je suis fière. Nos ancêtres se sont battues pour faire changer les choses. Ok je n’irai pas défiler dans la rue les seins nus (quoique…) mais bon je n’hésite pas à sortir ma pancarte quand j’entends des choses qui font mal à la féministe que je suis. Mais cette révolte en moi, me rend plus forte et je me fais la mission de véhiculer le plus possible que la femme ce n’est pas une chienne !

 

S  comme  SIMENON :

GVL : Il y a chez Marie Vindy, un petit côté Simenon. Dans sa façon de poser le décor, de rendre une atmosphère, de jouer avec l’empathie du lecteur. Comme chez Simenon, tout n’ai pas ni tout blanc, ni tout noir. Elle se pose en catalyseur des mots de la société. Elle en démonte aussi les rouages mais par petites touches subtiles. Elle appuie là où ça fait mal pour réveiller nos consciences mais en nous laissant le choix de la solution. Elle n’est ni juge, ni bourreau.

AJC : J’avoue que j’ai une lacune : je n’ai lu qu’un livre de Simenon. Donc de ce côté, je fais confiance  à l’experte que tu es Geneviève.

 

Pour poursuivre cet Abécédaire il vous faut aller chez Anne Ju et ses Motordus ICI

Nous espérons, j’espère, vous avoir donné envie d’adopter le style Vindy. Perso je suis conquise depuis la première heure. Et je suis ravie d’avoir poursuivie ces « ABCdaires » avec un titre de Marie Vindy

Alors, à bientôt pour une autre lecture commune. Pourvu que cet « ABCdaire de deux nanas fondues de… » vous ait plu. Nous, on s’est éclatée à le faire….Voilà !

29 réflexions sur “Chiennes de Marie Vindy : L’ABCdaire de deux nanas fondues de ….Vindy

    • Oh merci, ça me touche ce que tu dis là.
      Surtout que cet excercice est assez contraignant et très chronophage.
      Mais c’est une belle aventure de partage et d’échange…
      Alors je crois qu’avec mon binôme on va poursuivre l’aventure.
      Et trop super que cela te plaise 🙂

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  1. Je comprends jamais rien à vos explications mais je me marre en vous lisant et je découvre des romans que je ne connaissais pas.

    En effet, je n’ai rien contre les chiennes, moi… 😉 si on nous insulte de la sorte, les filles, on montre les dents et on mord !

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